La maltraitance scandaleuse des aînés par le gouvernement de l'Ontario

Les impacts ressentis des mesures antisociales

– Barbara Biley –


Rassemblement pour la santé publique à l'ouverture de l'Assemblée législative en Ontario, le 25 septembre 2023

Chaque jour, les Ontariens font l'expérience des impacts des mesures antisociales qu'un gouvernement après l'autre adopte au nom de grand idéaux. Le gouvernement Ford, dans son élan antisocial – spécifiquement pour la privatisation et le démantèlement du système de santé public – continue de renforcer les pouvoirs de police pour permettre des attaques inacceptables contre les plus vulnérables.

Maintenant les conséquences néfastes du projet de loi 7 adopté en 2022 – Loi pour plus de lits et de meilleurs soins – éclatent au grand jour. Le projet de loi change les règlements touchant à d'accès aux centres de soins de longue durée. Entre autres, la loi exige des hôpitaux qu'ils facturent les patients qui refusent d'aller au centre d'hébergement de soins de longue durée qui leur a été assigné.

En Ontario, l'accès aux foyers de soins de longue durée publics et privés est contrôlé par l'État par le biais du système de santé. Avant l'adoption du projet de loi 7, on demandait aux aînés et à d'autres qui avaient besoin de soins de longue durée de fournir le nom d'au moins cinq résidences, selon leurs préférences, où ils accepteraient d'aller vivre. Lorsqu'un lit se libérait, on leur offrait. La personne pouvait refuser de se faire placer et pouvait rester sur la liste d'attente jusqu'à ce qu'un lit plus adéquat soit disponible.

Pour plusieurs aînés, le besoin de soins de longue durée arrive à la suite d'une hospitalisation. Lorsque les soins offerts à l'hôpital ne répondent plus aux besoins de l'individu hospitalisé, il peut être désigné comme ayant besoin d'un niveau de soins différents et à ce moment-là il attend d'être placé dans un foyer de soins de longue durée. Le projet de loi 7 permet aux hôpitaux et aux gestionnaires responsables des départs de l'hôpital d'évaluer un tel patient, de partager son information personnelle avec les foyers de soins de longue durée, de remplir eux-mêmes la demande du patient et de le placer dans un foyer de soins de longue durée, sans son consentement. Les hôpitaux peuvent envoyer des patients dans des foyers de soins de longue durée contre leur gré jusqu'à une distance de 70 kilomètres dans le sud de l'Ontario et jusqu'à 150 kilomètres dans le nord ontarien. Les hôpitaux sont obligés d'exiger du patient 400 dollars par jour s'il refuse d'accepter d'être placé dans une résidence que lui ou sa famille juge inacceptable.

La CBC a rapporté le 12 juin que depuis que le projet de loi 7 a été adopté, 424 personnes ont été placées dans des résidences contre leur volonté, soit près d'un tiers en février et en mars de cette année. Dans un des cas, lorsque les membres d'une famille de Windsor ont refusé de placer leur mère dans un établissement qu'ils ont visité et jugé « dégoûtant », leur mère est restée deux mois à l'hôpital jusqu'à ce qu'un lit acceptable soit offert. La famille a reçu une facture de 26 000 dollars, qu'elle n'a aucune intention de payer.

Plusieurs autres familles ont refusé de placer leurs êtres chers dans des résidences qu'ils considéraient inacceptables en raison de l'éloignement de la famille ou des conditions inacceptables des résidences. Plusieurs ont reçu des factures de ces hôpitaux, qu'elles refusent de payer, tout comme la famille de Windsor. Elles condamnent publiquement le gouvernement pour sa maltraitance des aînés.

C'est la responsabilité de l'État de dispenser les soins de santé aux gens tout au long de leur vie, mais la conception du monde des gouvernements, dont la mission est de payer les riches, fait en sorte qu'ils ont abandonné toute responsabilité sociale. Ce qu'ils cherchent avant tout dans leurs calculs est de céder le contrôle des services de santé à des intérêts privés étroits en tant que source de profits garantis.

Plutôt que d'investir dans les hôpitaux, dans les foyers de soins de longue durée et dans la vaste gamme de services de santé communautaires, le gouvernement Ford, comme ceux avant lui depuis plus de 30 ans, a coupé dans le financement et a cédé le réseau à des intérêts privés, garantissant leurs profits à même les fonds publics. L'ancien premier ministre de l'Ontario, Mike Harris, est aujourd'hui le propriétaire d'une résidence privée pour aînés de laquelle il tire des profits exorbitants. Les résidences privées et publiques en Ontario bénéficient d'un financement du gouvernement et la vaste majorité des foyers de soins de longue durée de la province appartiennent maintenant au privé et sont gérés par le privé.

Le raisonnement donné pour forcer les patients à prendre congé de l'hôpital et à accepter d'être placés dans un foyer de soins de longue durée qui ne leur est pas acceptable est qu'il y a une pénurie de lits d'hôpitaux. Il s'agit d'une pénurie fabriquée. Même lorsque les hôpitaux sont à plein régime, il y a une grave pénurie de lits d'hôpitaux. Le Canada a 2,6 lits d'hôpitaux par mille personnes, moins que la moyenne de 4,3 de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) et même moins que les États-Unis. La pénurie a atteint des niveaux encore plus critiques à cause des mesures ayant forcé du personnel hospitalier qualifié d'abandonner le système public. On dit de la démocratie canadienne qu'elle est participative parce que lorsque des budgets inadéquats sont imposés, on demande au personnel de « choisir » entre préserver le nombre de lits et couper dans les salaires et dans le personnel, ou encore, entre augmenter les salaires et couper des lits. Et dans les faits, les deux options sont appliquées.

Une pénurie de lits de soins de longue durée signifie que les listes d'attente s'allongent, en particulier pour ces résidences dont les services sont décents. Le projet de loi 7 a été conçu pour faire d'une pierre deux coups : libérer des lits d'hôpitaux et forcer les gens à aller dans des résidences aux conditions inacceptables.

Les enquêtes sur les morts tragiques de centaines d'aînés dans les CHSLD en Ontario pendant la pandémie ont mis en lumière des conditions inhumaines dans certaines de ces résidences. Rien n'a été fait depuis pour veiller à ce que les conditions de vie des résidents et les conditions de travail des professionnels et du personnel dans ces résidences répondent à un standard moderne et humain. Aux yeux du gouvernement, les aînés et les autres qui requièrent des soins sont un fardeau, ils sont jetables, sans droits et devant subir les pires indignités au nom de l'« efficacité ». En ce sens, les travailleurs sont aussi jetables.

Un exemple de la malhonnêteté de ces gouvernements est la récente annonce du ministre de l'Immigration touchant aux aides familiaux étrangers. Il a dit que les programmes pilotes qui accordent le statut de résidence permanente pour les aides familiaux étrangers seront élargis pour inclure les employeurs d'aides familiaux privés « pour permettre aux organisations à but non lucratif de fournir des offres d'emploi et de répondre aux besoins en soins familiaux là où les pénuries existent ». Les programmes annoncés n'abordent pas le besoin de statut de résidence permanente de ceux et celles qui travaillent déjà au pays et qui espèrent être réunis avec leurs familles ici.

Ce que cela signifie, c'est que plutôt que de répondre aux besoins des gens en soins dispensés dans la dignité tout au long de leur vie, proches de leurs familles et de leurs communautés, de façon cultivée et respectueuse des traditions et des coutumes de chacun, tout est réduit à une question de sous, pour enrichir les riches, exploiter les plus vulnérables et abuser du peuple.

L'objectif du projet de loi 7 du gouvernement Ford et des mesures semblables est de restructurer l'État de sorte à ce que le mot « public » cesse d'exister. Plutôt que de faire disparaître l'objectif des gouvernements de servir le bien public, il faut mettre fin à l'existence de ces gouvernements mafieux qui règnent grâce à leur position de pouvoir et de privilège.

Dans une société moderne, la santé est un droit. L'affirmation de ce droit requiert que le peuple mène une lutte résolue avec la classe ouvrière aux devants pour changer la direction de l'économie dans le sens d'humaniser l'environnement naturel et social. Les familles des aînés et des travailleurs en santé doivent agir ensemble pour faire en sorte que lorsqu'ils diront Non !, ce sera Non !


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Volume 54 Numéro 5 - Juin 2024

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