Place au renouveau!
Le renouveau du processus démocratique est essentiel
Aujourd'hui, alors que les élites dirigeantes deviennent de plus en plus autocratiques, le renouveau du processus démocratique est essentiel. Pour y parvenir, à l'heure où il y a une très forte antipathie envers les partis politiques, la classe ouvrière doit donner l'exemple de ce que signifie être politique en reconnaissant la place d'un parti politique de la classe ouvrière tel que le nôtre. L'expression opportuniste « plus qu'un mouvement, moins qu'un parti » est devenue le recours de nombreux scélérats qui pensent que les droits peuvent être garantis sans le rôle de premier plan de la classe ouvrière en tant que force organisée avec un objectif précis, tel que consacré par le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste). De nos jours, il est courant d'avoir de grands partis cartellisés sans membres. Les partis sans membres ne peuvent pas être politiques. Ils agissent comme des groupes mafieux se livrant à des guerres de territoire. Les partis cartellisés sans membres constituent une évolution dangereuse, car les citoyens et les résidents ne peuvent pas se permettre d'abandonner le discours politique et le pouvoir politique. Il est important de contrer cette tendance.
Plusieurs obstacles se dressent sur la voie de la participation des Canadiennes et des Canadiens aux affaires politiques. On sait, par exemple, qu'aujourd'hui de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG), ainsi que de nombreuses associations dites apolitiques ou humanitaires, rabaissent le rôle des citoyens sur le front politique. Il est courant de voir des personnes de tous horizons, de toutes origines, de toutes croyances, de toutes capacités, de tous sexes et de tous âges, être classées dans des catégories descriptives. De là, tous les stéréotypes imaginables sont véhiculés et ces membres du corps politiques sont étiquetés et criminalisés en conséquence. L'État est le principal promoteur de cette catégorisation, à l'instigation de puissants intérêts supranationaux qui ont pris le contrôle du pouvoir décisionnel de l'État.
Ce n'est pas en cherchant de meilleures descriptions des catégories qu'on surmontera la lutte entre les factions rivales de la classe dirigeante et qu'on répondra à la nécessité que la classe ouvrière et le peuple parlent en leur nom propre afin d'apporter des solutions aux problèmes auxquels ils sont confrontés. Les citoyens et résidents n'avancent pas leur cause en rejoignant telle ou telle catégorie et en exigeant qu'elle soit reconnue et qu'on lui donne ce qui lui est dû. Or, aujourd'hui c'est à cela que se consacrent les institutions dites démocratiques. Les élections, le processus démocratique, les médias et les institutions éducatives sont tous mis à la disposition de cette désinformation du corps politique.
Au quotidien, la situation semble souvent accablante, les problèmes insurmontables, et nous avons souvent l'impression d'être seuls. La situation peut sembler désespérée sur le front politique. Mais en fait, l'espace que nous appelons Canada, l'espace que nous appelons le chez-soi, l'endroit où nous vivons et travaillons, où nous procréons et élevons la prochaine génération, où nous honorons nos aînés, nos enfants et nos frères et soeurs et où nous accueillons les nouveaux arrivants, cet espace nous appartient à toutes et tous. C'est notre espace. Nous devons y prendre notre place en utilisant notre voix et notre parole pour faire évoluer les choses en faveur de ceux qui vivent, travaillent, procréent, élèvent les générations futures, honorent nos aînés et accueillent les nouveaux arrivants. Nous devons pour cela nous appuyer sur un processus qui nous aide à déterminer ce qui est pertinent et ce qui ne l'est pas. Nous devons nous baser sur notre expérience qui nous dit que la parole a à voir avec les actes. Nous devons nous rappeler que le mot politique nous englobe tous ensemble, les affaires qui intéressent le corps politique.
Les Canadiens et les Québécois, ainsi que tous ceux qui vivent et travaillent dans ce pays d'un océan à l'autre, y compris nos peuples autochtones dont le droit de naissance et les droits ancestraux ne sont pas négociables, ne peuvent pas se permettre d'abandonner la politique à des partis cartellisés corrompus et à un système de gouvernement des partis dominés par des intérêts privés étroits. C'est en parlant en leur propre nom et en développant leur propre politique indépendante que la classe ouvrière et le peuple peuvent résoudre la crise en leur faveur, plutôt qu'en faveur des riches.
La période actuelle d'offensive néolibérale antisociale a commencé dans les années 1980, sous le règne de Brian Mulroney, récemment décédé. À l'époque, sur la base de l'analyse des conditions, le PCC(M-L) a audacieusement déclaré qu'aucune force ne pourrait désormais agir comme avant car les conditions avaient changé. Il a souligné que la classe ouvrière devait se constituer en nation et diriger les mouvements des peuples de ce pays pour le changement en les amenant à parler en leur propre nom et à s'investir du pouvoir souverain.
Il s'agissait d'un programme ambitieux dans un pays imprégné de la vision juridique d'un État-nation eurocentrique et de valeurs hypocrites qui tolèrent tout sauf ce qu'elles ne tolèrent pas, c'est-à-dire généralement la plupart d'entre nous, notre droit de conscience, notre être social, culturel et politique.
Aujourd'hui, il est on ne peut plus clair que le projet colonial d'édification nationale est terminé. Il était et reste fondé sur le précepte – la règle générale destinée à réguler le comportement ou la pensée – selon lequel la terre était à prendre parce qu'elle n'appartenait à personne. Ce projet, mené d'abord par les bâtisseurs de l'empire britannique qui ont créé un État anglo-canadien pour servir leurs intérêts, puis par les impérialistes américains pour servir leurs objectifs anticommunistes de la guerre froide, a conduit à l'intégration systématique du Canada dans l'État, l'économie de guerre et la machine de guerre des États-Unis. Aujourd'hui, cet État qui s'accroche malgré une putréfaction avancée, ne reconnaît plus la souveraineté nationale parce que le pouvoir de décision a été usurpé par des oligopoles supranationaux qui maraudent en toute impunité.
Aujourd'hui, cet État canadien anachronique pense pouvoir continuer de priver les peuples autochtones de leurs droits ancestraux, de dénigrer la classe ouvrière en transformant les travailleurs, les nouveaux arrivants, les travailleurs migrants et les réfugiés en objets jetables. Il se demande si une nouvelle loi sur l'immigration ne devrait pas abandonner le terme raciste de « minorités visibles » pour un autre terme pour désigner ceux qu'il considère comme des citoyens de seconde zone depuis sa fondation. Pendant ce temps, les « Blancs » sont appelés « Canadiens » ! Il essaie de trouver des définitions de la haine et de l'extrémisme qui conviennent à ses objectifs, à savoir cibler ceux dont les opinions et les valeurs ne correspondent pas à celles de l'État raciste. Mais cela n'efface pas l'image du Canada en tant que partisan du génocide, non seulement à l'égard des peuples autochtones de ce pays, dont il ne reconnaît pas les droits ancestraux de décider de leurs affaires sur leurs propres territoires, mais aussi à l'égard des Palestiniens et d'autres peuples dont il ne reconnaît pas le droit à l'existence. Aujourd'hui, cet État est entièrement au service des États-Unis dans leurs guerres, sanctions et coups d'État les plus odieux, comme aujourd'hui même en Haïti. On le voit également dans son soutien à l'OTAN et au NORAD, dans l'intégration du Canada à l'économie de guerre des États-Unis et dans les luttes de factions qui mènent les États-Unis à la guerre civile dans leur pays et à la guerre impérialiste à l'étranger.
Depuis la pandémie, les travailleurs canadiens ont montré qu'ils sont une force avec laquelle il faut compter. Nous félicitons tous les enseignants et les travailleurs de l'éducation, les travailleurs de la santé, les professeurs d'université et tous les travailleurs de l'industrie, des transports, de l'énergie et des communications qui nous ont défendus pendant la pandémie et qui continuent à le faire chaque jour.
Il est devenu amplement évident que le processus démocratique au Canada est conçu uniquement pour autoriser d'autres personnes à parler en notre nom et que, par le biais du système d'élection d'un gouvernement de parti, nous n'avons notre mot à dire sur aucune des décisions qui affectent nos vies. L'ironie est que l'élection est présentée comme le moment où nous exerçons notre pouvoir de décider alors que c'est en fait le moyen par lequel nous autorisons quelqu'un d'autre à nous représenter, c'est-à-dire à parler en notre nom, le moyen par lequel nous sommes dépossédés de notre pouvoir.
Dans ce pays, de plus en plus de jeunes se battent pour sortir de leur marginalisation politique. Ils affirment leurs intérêts individuels, les intérêts de leurs collectifs et les intérêts généraux de la société, sur la base de programmes qu'ils définissent et mettent en oeuvre eux-mêmes. C'est ce qui ouvre la voie au progrès de la société. Les jeunes se placent en première ligne de la lutte pour le progrès de la classe ouvrière, des femmes, des couches les plus vulnérables et de tous les autres secteurs de la société.
Le renouveau du processus démocratique est à l'ordre du jour et ce n'est pas une question de classe. Le renouveau du processus politique favorise la classe qui en sera le fer de lance et qui en sortira vainqueur. En s'engageant dans le renouveau du processus politique, la classe ouvrière ouvre une porte au développement de la société et se donne un rôle plus important dans le progrès de la société. C'est la lutte non seulement pour la démocratie, contre l'érosion des droits civils sur tous les fronts par ceux qui définissent leurs soi-disant limites raisonnables, mais c'est aussi la lutte de ce tournant particulier de l'histoire, pour créer les formes démocratiques de masse de la transition qui placent les êtres humains au centre de tous les efforts pour humaniser l'environnement naturel et social.
Place au renouveau. Prenons ensemble notre
place dans
ce combat historique en laissant le vieux monde
derrière !
Anna Di Carlo est la dirigeante nationale du Parti
marxiste-léniniste du Canada.
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 5 - Mai 2024
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