L'urgence de combattre l'offensive antisociale
L'irresponsabilité du gouvernement à l'approche de la saison des incendies de forêt
Edmonton, 28 juin 2023
Après une saison des feux de forêt dévastatrice au Canada en 2023, au cours de laquelle 2,2 millions d'hectares de forêts ont été brûlées (22 000 kilomètres carrés) et 38 000 personnes ont été évacuées de leur domicile, voilà qu'ont déjà commencé les feux de forêt en Alberta et en Colombie-Britannique.
En Colombie-Britannique, on estimait le 20 avril que l'incendie de Burgess Creek, à environ 45 kilomètres au sud de Quesnel, s'étendait sur 50 hectares, mais à midi le 21 avril, il avait atteint une superficie d'environ 1 600 hectares. Selon le responsable de l'information sur les incendies au Cariboo Fire Centre, 125 pompiers étaient attendus pour lutter contre cet incendie. Les pompiers ont réussi à ralentir sa croissance et, le 25 avril, l'incendie s'étendait sur 1 800 hectares (18 kilomètres carrés). Six autres incendies de forêt brûlent et sont considérés comme maîtrisés.
En Alberta, il y a eu plus de 205 incendies de forêt en 2024, qui ont brûlé 755 hectares, soit plus de trois fois la superficie moyenne brûlée à cette période de l'année. Il y a 63 incendies actifs qui brûlent et tous les incendies sont considérés comme maîtrisés ou contrôlés en date du 26 avril. Les habitants du district de Peace River, y compris les 260 détenus du Centre correctionnel de Peace River, ont été évacués plus tôt en avril. Josée St-Onge, responsable de l'information sur les feux de forêt en Alberta, indique que le risque d'incendie est actuellement très élevé en raison des conditions de sécheresse et de vent dans la province.
Le 24 avril, le gouvernement de l'Alberta a reconnu que ses services de lutte contre les incendies de forêt ne seraient pas entièrement dotés en personnel avant le 15 mai, et non le 15 avril comme annoncé en février. Pour mettre les choses en perspective, l'incendie de Slave Lake, qui a détruit un tiers de la ville du même nom, a débuté le 14 mai en 2011. L'incendie de Fort McMurray, surnommé « la bête », qui a forcé l'évacuation de toute la ville, a débuté le 1er mai en 2016. Le 6 mai 2023, 24 000 personnes avaient été évacuées dans l'ensemble de l'ouest canadien, un signe annonciateur de la saison des incendies sans précédent de 2023.
Cette irresponsabilité alarmante n'est qu'une partie du tableau. En février, le ministre des Forêts et des Parcs, Todd Loewen, a annoncé que le gouvernement ferait passer le nombre de pompiers de 900 à 1 000, en ajoutant cinq équipes de 20 personnes. Cependant, au 24 avril, il n'y avait que 749 pompiers et membres du personnel de soutien, et, dans le meilleur des cas, 850 travailleurs seraient formés d'ici mai, dont 500 sont nouveaux et n'ont aucune expérience. Si le nombre de pompiers annoncé est nettement insuffisant, il semble maintenant qu'il y en aura encore moins que l'année dernière, et que la majorité d'entre eux n'auront aucune expérience.
Rien de tout cela n'est inattendu. Les syndicats représentant les pompiers de forêt n'ont cessé de sonner l'alarme sur la crise aiguë du recrutement et de la rétention. Mike Flannigan, spécialiste des incendies de forêt et professeur à l'Université de Thompson Rivers en Colombie-Britannique, a dit en août 2023 que le nombre actuel de pompiers au Canada, environ 5 500 selon une enquête de Reuters, est inférieur d'environ 2 500 à ce qui est nécessaire.
Le feu est un élément naturel de l'écosystème de la forêt boréale, mais les incendies du XXIe siècle sont différents. Alimentés par le réchauffement climatique et les gouvernements au service d'intérêts privés étroits, ils brûlent plus fort, se propagent plus rapidement et se produisent plus fréquemment, dévorant de vastes étendues de terre et détruisant des milliers d'habitations et d'importantes infrastructures. La gestion des incendies ne peut plus reposer sur l'envoi d'équipes d'autres régions du pays ou même du monde. Il faut une réponse rapide pour identifier les incendies qui doivent être éteints et une action rapide pour le faire lorsqu'ils sont de petite taille. Les pompiers et leurs syndicats, les scientifiques, les gardiens du savoir autochtone et les communautés locales ont des solutions pour limiter la destruction de l'environnement naturel et protéger les communautés. Mais les gouvernements ferment les yeux et bloquent les mesures nécessaires, notamment pour assurer le bien-être des pompiers, dont neuf ont perdu la vie l'année dernière.
L'inaction des autorités révèle à quel point elles sont irresponsables, indifférentes, incompétentes, irrationnelles et inaptes à gouverner. Ceux qui gouvernent au nom de puissants intérêts privés bloquent les mesures désespérément nécessaires pour résoudre la crise du recrutement et de la rétention des sapeurs-pompiers, ce qui exige de fournir aux pompiers ce dont ils ont besoin. Ils ignorent les connaissances et criminalisent même les pratiques des peuples autochtones qui vivent avec le feu dans les forêts depuis les temps immémoriaux. Les conclusions des scientifiques qui étudient la nature changeante du feu au XXIe siècle sont également rejetées par la perspective du « business as usual » qui domine. L'absence de pouvoir politique entre les mains de la classe ouvrière et du peuple est immédiate, et c'est le plus grand problème à résoudre.
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 4 - Avril 2024
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