Le désespoir à propos de l'Ukraine hante les réunions des ministres des Affaires étrangères de l'OTAN, du Conseil OTAN-Ukraine et des partenaires indopacifiques
L'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) a célébré son 75e anniversaire le 4 avril. Les travaux à Bruxelles comprenaient une réunion des ministres des Affaires étrangères des 32 États membres de l'OTAN le 3 avril, suivie d'une réunion du Conseil OTAN-Ukraine et d'une réunion du Conseil de l'Atlantique Nord avec les « partenaires indopacifiques » de l'OTAN le 4 avril. Le bourbier de la guerre par procuration menée par les États-Unis et l'OTAN contre la Russie en Ukraine a été le principal sujet de ces réunions.
Dans les remarques qu'il a adressées à la presse à l'issue des réunions, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a présenté les différentes armes envoyées par les membres de l'OTAN à l'Ukraine : « Ces derniers jours, ce sont près de 600 millions d'euros qui ont été versés par l'Allemagne dans le cadre de l'initiative pour l'artillerie menée par la République tchèque, 10 000 drones qui ont été fournis par le Royaume-Uni, des missiles et des véhicules blindés supplémentaires qui ont été offerts par la France, sans oublier le nouveau paquet d'aide d'un montant de 188 millions d'euros que la Finlande a annoncé hier. »
Malgré l'échec actuel de l'OTAN en Ukraine, le secrétaire général a appelé les pays membres à poursuivre sur la même voie : « Nous devons faire encore plus et nous devons inscrire solidement notre soutien dans la durée. » Le manque de munitions de l'armée ukrainienne, en particulier d'obus d'artillerie, est bien connu, et Stoltenberg a exhorté les membres à fournir des munitions en temps voulu pour que l'armée ukrainienne « capable » puisse faire son travail. C'est sans parler de la pénurie de troupes entraînées, car de plus en plus d'Ukrainiens refusent le service militaire. Cette demande a été formulée sans tenir compte du fait que la capacité de production de munitions des pays de l'OTAN ne suffit pas à répondre aux besoins et que nombre de ces pays fournissent également de l'argent et des armes à Israël pour l'aider à perpétrer ses crimes génocidaires à Gaza.
Un communiqué de presse de l'OTAN publié à l'issue de la réunion ministérielle indique que « les Alliés ont maintenant décidé d'avancer dans la planification du renforcement du rôle joué par l'OTAN s'agissant de coordonner l'assistance et la formation requises dans le domaine de la sécurité en Ukraine », sans donner plus de détails.
Jens Stoltenberg a également proposé un programme d'aide militaire de 108 milliards de dollars sur cinq ans pour fournir des armes à l'Ukraine. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, qui était présent aux réunions de Bruxelles, s'est dit déçu. Il a fait remarquer que l'OTAN a eu des difficultés à réunir des sommes beaucoup plus modestes. « En d'autres termes, avec le modèle de financement actuel, cette initiative n'a aucune chance. Parce qu'ils ne peuvent pas recueillir 500 millions, et ici ils devraient recueillir 20 milliards dans le modèle actuel », a déclaré le ministre ukrainien. Mais si tous les membres de l'alliance étaient obligés de contribuer, a-t-il ajouté, le plan pourrait « avoir une chance d'être mis en oeuvre ».
Lors de la réunion du Conseil OTAN-Ukraine, Jens Stoltenberg s'en est tenu à la ligne du diktat arbitraire des États-Unis et de l'OTAN, appelé « ordre fondé sur des règles », dont l'objectif est de saper la primauté du droit international et le droit à l'existence de toutes les nations et de tous les peuples. « Nous avons discuté des implications mondiales de la guerre de la Russie contre l'Ukraine, y compris le soutien de la Chine, de la Corée du Nord et de l'Iran à la Russie, a-t-il dit. Alors que les puissances autoritaires s'alignent de plus en plus, l'OTAN et ses partenaires doivent rester unis pour défendre un ordre mondial régi par le droit, et non par la force. »
L'OTAN est une alliance agressive dont l'expansion constitue une menace grandissante à la paix mondiale. Bien avant la guerre par procuration menée par les États-Unis et l'OTAN en Ukraine, la Russie avait demandé à l'OTAN de lui fournir des garanties de sécurité et de cesser son expansion. Le secrétaire général de l'OTAN a tourné la vérité à l'envers pour continuer de répandre la désinformation selon laquelle c'est la Russie qui doit être stoppée en Ukraine et que si elle ne l'est pas, d'autres alliés de l'OTAN seront attaqués. « Il y a un risque réel que la Russie s'empare d'encore plus de territoires et que nous soyons dans une position encore plus dangereuse, a-t-il dit. Le seul moyen de parvenir à une paix juste et durable en Ukraine est d'avoir des forces armées ukrainiennes fortes, car c'est le seul moyen de convaincre le président Poutine qu'il ne gagnera pas sur le champ de bataille. »
Jens Stoltenberg n'a pas précisé comment les forces armées ukrainiennes seront « fortes » alors qu'elles sont en train de perdre une bataille d'usure existentielle. L'Ukraine a récemment adopté de nouvelles mesures relatives à la conscription, qui abaissent l'âge de la conscription de 27 à 25 ans, tandis qu'elle a supprimé le processus de démobilisation après 36 mois de déploiement. Selon divers analystes, ces mesures ne permettront pas d'obtenir les 500 000 soldats supplémentaires dont les forces armées ukrainiennes disent avoir besoin.
Le secrétaire général de l'OTAN a également expliqué la présence des « partenaires indopacifiques » de l'OTAN – l'Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la République de Corée, de pair avec l'Union européenne – en se fondant sur les craintes suscitées par la Russie et en établissant un lien avec la Chine, la République populaire démocratique de Corée et l'Iran. « La guerre en Ukraine le démontre très clairement. Nous voyons comment la Chine soutient l'économie de guerre de la Russie, en livrant des équipements à double capacité qui sont également utilisés par l'industrie militaire russe. En retour, Moscou hypothèque son avenir auprès de Pékin. Nous voyons ensuite comment l'Iran et la Corée du Nord livrent des munitions, des missiles et des drones à la Russie. En retour, la Russie fournit la technologie nécessaire aux programmes nucléaires et de missiles de ces pays », a-t-il ajouté. Les États-Unis et l'OTAN n'ont bien sûr aucun scrupule à entraîner et à armer des néonazis en Ukraine ou à utiliser des réactionnaires du même acabit contre les peuples où que ce soit. Ce que ses propos révèlent, c'est que les mesures économiques prises par les pays de l'OTAN pour isoler la Russie constituent un autre front sur lequel l'OTAN est en train d'être vaincue.
Une des raisons de l'expansion de l'OTAN et de l'implication de ses « partenaires indopacifiques » est le désir d'obtenir davantage de fonds et d'armes en dehors des membres de l'OTAN. Le 16 avril, l'ambassadeur des États-Unis au Japon, Rahm Emanuel, a exhorté le Japon à intensifier la production d'armes « pour renforcer notre sécurité collective » dans le contexte des conflits en Ukraine, à Gaza et ailleurs. « Les États-Unis ne peuvent plus approvisionner à eux seuls toutes les démocraties », a-t-il dit. Le Japon a considérablement assoupli ses règles en matière d'exportation d'armes, ce qui lui permet d'envoyer des missiles PAC-3 de fabrication japonaise aux États-Unis pour les aider à remplacer ceux que les États-Unis ont envoyés en Ukraine.
Jens Stoltenberg a également évoqué la création d'un groupe d'experts chargé de conseiller l'OTAN sur la manière de pénétrer davantage dans son « voisinage méridional », c'est-à-dire la région qui s'étend de l'Afrique du Nord au Moyen-Orient. Il a rappelé que l'OTAN entretenait des relations étroites avec la Jordanie, la Tunisie et la Mauritanie et qu'elle était également présente en Irak. Il a déclaré que « l'Alliance » cherche les moyens et les occasions d'étendre l'influence de l'OTAN dans la région et que le prochain sommet de l'OTAN, qui se tiendra à Washington en juillet, concrétiserait ces projets. Une telle évolution est vouée à l'échec et ne se concrétisera que par la coercition ou la trahison de gouvernements serviles. Elle sera accueillie avec tout le mépris qu'elle mérite par les peuples de toutes ces régions, qui souffrent encore aujourd'hui des conséquences de la colonisation antérieure et de l'ingérence étrangère.
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 4 - Avril 2024
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