75e anniversaire de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord

Une OTAN secouée et chambranlante

– Nick Lin –

Cette année est le 75e anniversaire de la création de l'alliance agressive appelée Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) le 4 avril 1949. L'anniversaire trouve l'OTAN chambranlante, secouée d'un côté et de l'autre, incapable de trouver son équilibre face à ses échecs répétés à établir l'hégémonie des États-Unis en Europe et au-delà des frontières de l'Atlantique Nord. Les États-Unis tentent en vain d'établir leur hégémonie mondiale depuis l'effondrement de l'Union soviétique et la disparition de l'alliance militaire rivale, le Pacte de Varsovie. Le Pacte de Varsovie a été créé en mai 1955 pour faire contrepoids aux efforts des États-Unis pour établir leur hégémonie mondiale par le contrôle de l'Europe sous les auspices de l'OTAN. Le Pacte de Varsovie, signé à Varsovie, en Pologne, entre l'Union soviétique et sept autres républiques d'Europe centrale et orientale, avait pour nom officiel « Traité d'amitié, de coopération et d'assistance mutuelle ». Les États-Unis et l'Union soviétique étaient considérés comme deux superpuissances dominant les affaires mondiales par un équilibre établi par la force et la menace de la force. La menace du recours aux armes nucléaires comme moyen de dissuasion pour tenir en échec les aspirations des peuples à la paix, à la liberté et à la démocratie était la garantie de cet équilibre.

Les impérialistes anglo-américains ont déclaré que l'OTAN était une force pour la paix, la liberté et la démocratie. Dans le discours officiel du Canada, toute discussion qui remet en cause les objectifs véritables de l'OTAN et ses 75 ans d'histoire est taboue. Lorsque l'Union soviétique s'est effondrée et que le Pacte de Varsovie a été démantelé, les États-Unis ont renié leur promesse d'abolir l'OTAN et ont choisi plutôt de l'étendre vers l'est, au-delà des frontières de l'Atlantique Nord. Sous le commandement des États-Unis, l'OTAN s'est établie dans les pays baltes, aux frontières de la Russie, et a été le maître d'oeuvre d'un coup d'État en Ukraine : elle l'a fait en mobilisant et en organisant des néo-nazis pour massacrer les Russes vivant dans l'est de l'Ukraine, prendre le contrôle du gouvernement ukrainien et de là menacer la Russie. Le Canada a été le plus fidèle promoteur des objectifs des États-Unis, se mettant à leur disposition pour commettre des crimes sans pareils contre l'humanité, comme en Yougoslavie et en Afghanistan et aujourd'hui en Ukraine.


Manifestation en Finlande (Yorkshire CND)

À l'occasion de l'anniversaire de la création de l'OTAN, les ministres des Affaires étrangères des 32 pays membres se sont réunis à Bruxelles et l'OTAN a publié une déclaration affirmant que l'alliance « est la garante de la paix, de la démocratie et de la prospérité pour ses membres et pour un milliard de personnes, des deux côtés de l'Atlantique [1] » à l'heure où le monde voit qu'elle est en grande difficulté à cause de l'échec de son interminable guerre par procuration en Ukraine, qui a causé la mort inutile de centaines de milliers d'Ukrainiens qu'elle utilise comme chair à canon, la destruction de son économie et la ruine certaine pour les années à venir. Les États-Unis et l'OTAN n'ont pas réussi à écraser la Russie ni à unir les forces en présence. Le président américain Joe Biden a évoqué le danger de la perte de la cohésion de l'OTAN.

Malgré cette réalité incontournable, Joe Biden a déclaré, à l'occasion de cet anniversaire, que l'OTAN est « la plus grande alliance militaire de l'histoire du monde ». Il ajoute : « Mais elle n'est pas le fruit du hasard et n'était pas non plus inévitable. Génération après génération, les États-Unis et leurs Alliés ont choisi de s'unir pour défendre la liberté et repousser l'agression, sachant que nous sommes plus forts et que le monde est plus sûr lorsque nous agissons de la sorte. »

En Grande-Bretagne, le premier ministre Rishi Sunak a également déclaré à l'occasion de cet anniversaire que « 75 ans plus tard, l'OTAN est devenue l'alliance la plus fructueuse que le monde ait jamais connue – et elle continue de croître en taille et en force [...] pour la défense collective et pour la préservation de la paix et de la sécurité ». Le roi Charles III s'est joint à la chorale pour déclarer que « sa tâche essentielle demeure : protéger le milliard de citoyens de nos alliés de l'OTAN. Cette Alliance vitale continue de prospérer et de s'adapter aux nouvelles menaces et aux nouveaux défis. »

Le premier ministre canadien Justin Trudeau a déclaré : « Depuis 75 ans, l'OTAN constitue la pierre angulaire de la sécurité transatlantique. Créée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, elle réunit 32 pays autour du principe de défense collective, selon lequel nous sommes plus fort ensemble. En cet anniversaire important, nous célébrons l'Alliance et nos Alliés pour les contributions qu'ils apportent à la sauvegarde de la liberté, de la démocratie et de la primauté du droit. » Il a ensuite fait la promotion du rôle du Canada au sein de l'OTAN, rappelant que le Canada est un membre fondateur qui a participé à toutes les opérations de l'OTAN, que le Canada est le septième bailleur de fonds de l'OTAN et qu'il augmente ses dépenses militaires.

Tout cela est dit à un moment où l'OTAN n'est pas unie et où, malgré l'adhésion de nouveaux membres, sa force est à redéfinir étant donné les échecs répétés des guerres d'agression auxquelles elle a participé. La défaite des États-Unis et leur départ précipité en Afghanistan, abandonnant leurs partenaires de l'OTAN à eux-mêmes, forcés de quitter de toute urgence, en sont la preuve. Depuis, les États-Unis ont imposé des sanctions à l'Afghanistan et gelé les avoirs d'Afghans. Le monde entier est aujourd'hui à même de constater la défaite probable de la guerre par procuration des États-Unis et de l'OTAN en Ukraine. Pendant ce temps, les peuples de tous les pays membres de l'OTAN protestent contre l'augmentation constante des dépenses en armements, contre l'accueil de troupes étrangères et de bases militaires, ainsi que contre la destruction de l'environnement, la perte de souveraineté nationale et les crimes contre l'humanité que l'OTAN commet au nom de la paix, de la liberté et de la démocratie.

Dire que l'OTAN a « assuré la paix, la démocratie et la prospérité de ses membres » est d'une vacuité pitoyable. Pour qui l'OTAN et ses principaux pays représentent-ils « la paix, la démocratie et la prospérité » ? Il y a 8 milliards de personnes dans 195 pays identifiés par l'ONU qui ne bénéficient pas de l'OTAN, y compris le milliard appartenant aux 32 pays que l'OTAN prétend représenter.

Lors de sa fondation, l'OTAN a été délibérément établie en dehors des Nations unies et de son domaine internationalement reconnu de droit international, de conventions et d'institutions. L'objectif était de saper le mouvement des peuples du monde entier en faveur de la paix, de la liberté et de la démocratie sur la base de la dénazification et de la condamnation des nazis et des fascistes. Dès le début, l'OTAN a donné des postes de premier plan à des nazis qui avaient échappé à la justice. Elle a pris l'Union soviétique pour cible et a fait sienne la conception du monde de la guerre froide pour priver les peuples d'un point de vue qui leur soit propre. À cet égard, elle a contribué à convertir le front uni antifasciste mondial des peuples du monde en deux camps, l'un pro-soviétique et l'autre pro-américain, limitant ainsi l'initiative révolutionnaire des peuples dans les circonstances de l'après-guerre. C'est dans ce contexte que les agences secrètes au service des impérialistes anglo-américains ont mené des guerres d'agression, exécuté des coups d'État, orchestré des assassinats et emprisonné les combattants antifascistes et communistes dans des camps de concentration pendant des décennies, comme en Corée du sud, en Grèce et dans d'autres pays. Elles ont soutenu des dictatures brutales et commis d'innombrables crimes au nom de la démocratie et de la liberté.

Pour établir l'hégémonie des États-Unis, l'OTAN s'est déployée en Asie, en Afrique, en Amérique latine et dans les Caraïbes, ainsi qu'en Océanie. Son rôle dans les conflits actuels, outre l'usage de la force, les bombardements, les destructions et les catastrophes humanitaires auxquelles elle participe depuis l'effondrement de l'ex-Union soviétique en 1989-1991, est de diffuser de la désinformation à grande échelle. Sa criminalité se manifeste par le fait que, depuis l'année dernière, l'OTAN n'a fait aucune déclaration condamnant l'occupation de la Palestine par Israël et l'actuel massacre et génocide du peuple palestinien par Israël et les États-Unis. Interrogé sur l'hypocrisie de l'OTAN qui n'intervient qu'entre la Russie et l'Ukraine, deux pays qui ne sont pas membres de l'OTAN, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré que « l'Ukraine et Gaza sont très différents ». Cela n'explique ni le rôle de l'OTAN dans la guerre par procuration menée par les États-Unis contre la Russie en Ukraine, ni son refus d'intervenir contre le génocide du peuple palestinien. Les États membres de l'OTAN, comme tous les signataires de la Convention sur le génocide, ont la responsabilité de prévenir et de punir les génocides.

Les jeux de guerre actuels de l'OTAN comprennent les exercices de guerre « Steadfast Defender 2024 », qui se déroulent jusqu'au 31 mai, dans ce qu'elle appelle la région « transatlantique ». Il s'agit des plus grands jeux de guerre des 30 dernières années, auxquels participent quelque 90 000 soldats des 32 États membres. Pendant ce temps, l'OTAN mène des préparatifs de guerre sur plusieurs autres fronts. Le 9 avril, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a annoncé que le « partenariat germano-lituanien » mettait en place la « Panzerbrigade 45 », qui déploiera 4 800 soldats aux frontières de la Russie lorsqu'elle sera pleinement opérationnelle en 2027. Parallèlement aux bases militaires déjà importantes des forces américaines et britanniques dans les pays d'Europe de l'Est, aux frontières de la Russie et de la Biélorussie, toutes ces initiatives accroissent la menace à la paix dans le monde.

Plus l'OTAN tente de survivre en s'étendant bien au-delà des rives de l'Atlantique Nord, non seulement pour menacer la Russie directement à ses frontières, mais aussi en Afrique, en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbes, plus les peuples du monde s'élèvent contre elle. Les peuples du monde aspirent plus que jamais à la paix, à la liberté et à la démocratie. Ils souhaitent la fin de toutes les guerres d'agression menées par les puissances impérialistes et leurs valets, à commencer par les impérialistes américains, mais aussi les puissances coloniales britanniques et les anciennes puissances coloniales européennes.

À l'occasion du 75e anniversaire de l'OTAN, son secrétaire général Jens Stoltenberg, a une fois de plus affirmé qu'il était crucial « que l'Occident continue de soutenir l'Ukraine dans sa guerre pour la liberté et la démocratie », pour « nos valeurs », contre la Russie, « aussi longtemps qu'il le faudra ». Le refus de toute option de négociation avec la Russie pour parvenir à un règlement qui mette fin à la guerre montre le désespoir de l'OTAN : elle voudrait que la guerre se poursuive encore plusieurs années dans l'espoir d'assurer sa propre survie.

Les échecs de l'OTAN accroissent les contradictions en son sein et cela rend impossible le bon fonctionnement sous le commandement des États-Unis comme avant. Les rapports sur la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'OTAN qui s'est tenue à Bruxelles les 3 et 4 avril révèlent l'ampleur du mécontentement des pays membres à l'égard de l'attitude envers la Russie et la Chine, ainsi qu'à l'égard de la lutte des factions au sein même des États-Unis. Plusieurs États européens commencent à paniquer devant l'impact de la guerre par procuration en Ukraine sur leur propre économie, lequel impact a entraîné une recrudescence des manifestations de travailleurs et d'agriculteurs en Europe, où les peuples s'opposent au détournement de leur économie pour assurer le financement de la guerre par procuration des États-Unis et de l'OTAN.

Dans cette veine, le 4 avril, lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'OTAN, Jens Stoltenberg a annoncé une proposition de nouvelle « Mission pour l'Ukraine », un stratagème pour obtenir directement une aide militaire sur cinq ans des 32 membres de l'alliance, à hauteur de 108 milliards de dollars, afin de fournir des « armes létales à l'Ukraine ». Les rapports indiquent toutefois qu'« aucun détail n'a été défini » et que la proposition devra être approuvée lors du sommet de juillet. La proposition donnerait à l'alliance le contrôle du groupe de soutien en armement Ramstein, dirigé par les États-Unis, qui est actuellement un groupe informel de pays fournissant des armes à l'Ukraine à partir de pays individuels[2]. Cette mesure exposerait davantage l'alliance anglo-américaine comme seul fournisseur d'armes et seul moteur de l'escalade de la guerre en Ukraine contre la Russie et limiterait la mise en place d'accords bilatéraux de différents pays avec l'Ukraine.

L'hystérie a pris le dessus : si Donald Trump devient le prochain président des États-Unis et décide de démanteler l'OTAN, les producteurs d'armes seront protégés. C'est ce qu'on appelle « protéger l'Ukraine contre Trump ». Les États-Unis devraient fournir de l'argent supplémentaire à l'Ukraine, mais devront désormais le faire par l'intermédiaire de l'OTAN.

Alors qu'elle célèbre son 75e anniversaire, l'alliance agressive dirigée par les États-Unis exerce des pressions et conclut des accords pour s'assurer un soutien pour menacer la Chine en armant et en envoyant des forces spéciales à Taïwan. Cela inclut un financement de 8 milliards de dollars, notamment pour le développement des infrastructures pour sous-marins, une menace directe pour la région puisqu'il est connu que les sous-marins américains transportent des armes nucléaires.

Non à l'OTAN ! Oui à la paix !

Notes

1. Le 7 mars, la Suède est devenue le plus récent membre de l'OTAN, après avoir déposé son instrument d'adhésion auprès du gouvernement des États-Unis à Washington. Avec l'adhésion de la Suède, l'OTAN compte désormais 32 pays, tous sous commandement américain.

2. Le Groupe de contact pour la défense de l'Ukraine (UDCG, également connu sous le nom de groupe de Ramstein) est une alliance de 56 pays (les 32 États membres de l'OTAN et 24 autres pays) et de l'Union européenne qui soutiendrait la défense de l'Ukraine en lui envoyant du matériel militaire dans le cadre du conflit qui l'oppose à la Russie.


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Volume 54 Numéro 4 - Avril 2024

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