En route pour le Premier Mai 2024

Devenir une force politique organisée et effective est le défi à relever pour le mouvement ouvrier en 2024

– Centre ouvrier du PCC(M-L) –

Le Premier Mai est la journée où la classe ouvrière exprime son unité d'un bout à l'autre du Canada et du Québec et avec ses pairs dans le monde entier. C'est surtout un moment où les travailleuses et travailleurs font le bilan de ce qu'ils ont accompli durant l'année écoulée et discutent de ce qu'ils doivent accomplir dans l'année qui vient.

D'un Premier Mai à l'autre, les travailleurs du monde se fixent une voie à suivre pour changer la situation en leur faveur. En ce tournant historique, alors que rien n'est resté inchangé, la prévisibilité a fait place à l'incertitude, à l'anarchie, à la violence et aux tentatives des dirigeants de tout contrôler en imposant leur diktat dans tous les domaines de la vie, de la manière la plus autocratique qui soit. Cela s'accompagne de lois qui criminalisent la participation aux affaires politiques et de bien d'autres mesures. Les graves crimes commis contre l'humanité et contre la paix, comme à Gaza, accroissent le danger de guerre mondiale.

Il est essentiel que la classe ouvrière, les jeunes, les femmes, les personnes âgées et tous celles et ceux qui s'élèvent contre l'injustice et pour la protection des droits de toutes et tous fassent en sorte que leurs voix ne soient pas réduites au silence. Ils doivent agir intelligemment, ne pas permettre aux provocateurs de police d'infiltrer leurs rangs, ne pas tomber dans la confusion et l'incohérence. Nous savons qu'en travaillant avec leurs pairs et en reconnaissant la nécessité de prendre position en parlant en leur propre nom, sans tomber dans tous les pièges qui leur sont tendus, cela peut être fait parce que cela doit être fait.

L'année dernière, le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) s'est donné la tâche de renforcer son journalisme et d'axer les discussions sur les défis auxquels le mouvement ouvrier est confronté, pour identifier ce qui est pertinent et ce qui ne l'est pas et tracer une voie à suivre. Maintenant, pour aller de l'avant, la situation nous révèle que les travailleurs ont devant eux le défi de devenir la force politique organisée dont il a besoin dans les conditions d'aujourd'hui. Les décisions prises par les gouvernements à tous les niveaux nuisent au bien-être des travailleurs, à l'environnement naturel et à la société elle-même. Elles portent également atteinte à la cause internationale de la paix, de la liberté et de la démocratie. Cela signifie que les travailleurs doivent accorder une attention toute particulière à la nécessité de renouveler le processus démocratique afin qu'ils puissent exercer un contrôle sur la manière dont les décisions sont prises, par qui et dans quel but elles sont prises, ainsi que sur leur mise en oeuvre et sur la manière dont les résultats sont établis.

En essence, c'est le manque de pouvoir politique aux mains de la classe ouvrière et du peuple qui bloque tout avancement de la société. La classe dirigeante utilise sa position de pouvoir et de privilèges pour intensifier l'offensive antisociale, trahir la souveraineté du pays et intégrer le Canada à la machine de guerre des États-Unis. Cela pose de nombreux problèmes, non seulement à la classe ouvrière et au peuple, mais aussi à la classe dirigeante elle-même, qui s'enfonce de plus en plus dans le discrédit parce qu'elle est corrompue et qu'elle sert des intérêts privés étroits au détriment des besoins de l'environnement naturel et social. Ceux qui se font appeler les représentants élus sont, dans l'ensemble et dans bien des cas individuels, considérés comme corrompus car ils concilient avec les lois les plus rétrogrades au nom d'idéaux élevés. Les conflits entre les factions de la classe dirigeante alimentent des scénarios de guerre civile, tels que ceux observés aux États-Unis, mais aussi en Europe et dans d'autres pays. Les pays où dominent des institutions démocratiques libérales, dont le Canada, ont recours à des mesures autocratiques pour interdire la parole, interdire la dissidence et bloquer toute voie qui soit à l'avantage du peuple.

Prendre des mesures pour devenir une force politique organisée et effective, tel est le défi auquel est confronté le mouvement ouvrier en 2024. Cette tâche devient de plus en plus urgente à mesure que l'intégration du Canada à la machine de guerre des États-Unis et son soutien aux forces les plus réactionnaires détruisent le tissu social et causent de graves problèmes pour le peuple. L'année dernière, les valeurs anticommunistes, racistes et anti-ouvrières du Canada, héritées de la période coloniale et de la guerre froide, se sont traduites entre autres par l'ovation d'un collaborateur nazi au Parlement canadien, par un soutien indéfectible aux crimes commis par le gouvernement sioniste d'Israël contre le peuple palestinien et par des mesures d'intimidation et de criminalisation de ceux qui soutiennent la résistance palestinienne.

Partout au pays, des projets dit « verts » sont lancés sans même procéder à des évaluations environnementales et en violation des protections et des principes prévus dans la Constitution. Le gouvernement Legault au Québec et les gouvernements fédéral et provinciaux du Canada imposent des mesures irrationnelles à la population. Dans le cas de l'usine de batteries Northvolt, le gouvernement Legault et ses ministres agissent en toute impunité, envers et contre l'opposition qui vient de tous les milieux pour exiger la protection de l'environnement naturel et social. De même, le gouvernement Ford en Ontario fait fi des lois conçues pour protéger l'environnement, les droits ancestraux des peuples autochtones et les droits des travailleurs. Dans le cas de la fonderie Horne à Rouyn-Noranda, au Québec, des intérêts privés étroits dictent ce que les gouvernements peuvent ou ne peuvent pas faire pour éviter de s'occuper des émissions d'arsenic. Les gouvernements, tant au niveau fédéral que provincial, refusent de garantir un toit à tous les membres de la société et se sont maintenant lancés dans un vaste programme pour remettre de l'argent public aux banques et aux sociétés immobilières sous prétexte de s'attaquer au problème de logement, comme on l'a vu dans le dernier budget du gouvernement fédéral.

Nous ne pouvons pas laisser les gouvernements imposer à la société le diktat d'intérêts privés étroits et supranationaux. Les travailleurs sont conscients que cela bloque toute possibilité d'apporter à la société ce dont elle a besoin pour ouvrir la voie au progrès. Ils manifestent leur opposition à cette orientation de l'économie et se font entendre pour faire valoir les réclamations qu'ils sont en droit de faire en tant que producteurs des richesses de la société et garants de son bien-être. Cependant, lorsqu'il s'agit d'exercer le pouvoir politique, ils ne sont pas politiquement organisés. Le système des partis cartellisés est en plein désarroi et discrédité. D'où la nécessité pour les travailleurs de parler en leur nom propre, non seulement dans les domaines des relations de travail et de la justice sociale, de l'environnement, etc., mais aussi dans le domaine politique qui ne doit pas être négligé.

Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) a tenu des forums sur les affaires politiques tout au long de l'année écoulée, appelant ses membres, ses sympathisants, les travailleurs, les jeunes, les étudiants, les femmes et les personnes âgées à organiser des tables rondes avec leurs pairs dans tous les secteurs de l'économie, les établissements d'enseignement et les communautés pour s'informer sur les nouvelles lois en cours d'adoption, leurs conséquences pour l'économie, la société et les travailleurs, et pour prendre position à partir de leur propre point de vue avantageux, et non celui des riches dont l'objectif est de les exclure du processus politique. Grâce à ces tables rondes d'information et d'échange, les travailleurs, les jeunes et les retraités commencent à résoudre le problème de la création des formes dont ils ont besoin pour exercer leur pouvoir politique d'une manière qui leur soit favorable.

Au cours de l'année à venir, le PCC(M-L) continuera de fournir des informations sur ces lois et de donner son avis sur ce qu'elles signifient pour le peuple. Il encouragera ceux qui organisent des tables rondes à rendre compte des opinions exprimées à leur sujet.

Aujourd'hui, la promulgation de lois très néfastes pour le corps politique est devenue monnaie courante. Des lois qui prétendent contrôler le discours haineux et l'extrémisme, des mesures sur le front électoral qui restreignent et bâillonnent encore plus la classe ouvrière dans sa participation à la gouvernance sur toutes les questions qui la concernent, y compris les budgets déplorables qui paient les riches, sont quelques exemples de la façon qu'on enlève aux citoyens tout rôle dans le processus politique qui est mis en place.

Au Québec, le gouvernement vient de déposer un projet de loi visant à criminaliser les citoyens qui veulent se faire entendre. Il le fait au nom de la protection des élus contre l'intimidation, sans se donner la peine d'analyser les sources du problème et sans consulter ceux qui seront la cible d'injonctions, d'amendes et d'emprisonnement. C'est incroyable que les élus adoptent un tel projet de loi pour criminaliser le peuple qui veut se faire entendre.

Les travailleurs ne sont pas des ennemis de la stabilité, de l'ordre, de la sécurité nationale, de la paix ou d'une économie et d'un environnement sains. Au contraire, leur vie est consacrée à un environnement naturel et social sain, mais dire que toutes ces choses peuvent être réalisées en donnant de l'argent aux riches, en restructurant l'État pour le rendre encore plus hiérarchique, inégalitaire et discriminatoire, c'est se livrer à la désinformation pour désorganiser la classe ouvrière et l'empêcher de dépasser les limites arbitraires décidées par les dirigeants, leur constitution et leurs lois.

Par exemple, les négociations pour le renouvellement des conventions collectives de plus de 600 000 travailleuses et travailleurs du secteur public au Québec illustrent très bien que la vieille façon de négocier les conditions de travail ne fonctionne plus. Le gouvernement a tout fait pour briser l'appui de la population à ces travailleurs, mais en vain. Les travailleurs sont conscients de la nécessité de renouveler les façons de faire de leurs syndicats afin que les actions pour apporter les changements nécessaires à leurs conditions de travail ne se limitent pas à une période dite de négociation où, en bout de ligne, les décisions sont imposées sans égard à ce que les travailleurs sont en droit de revendiquer. Quatre-vingt mille infirmières québécoises viennent de rejeter l'entente de principe du gouvernement. La réponse de la présidente du Conseil du trésor est : « Nous allons rencontrer le syndicat pour comprendre ce qui achoppe. Cependant, le contexte et nos objectifs vont demeurer les mêmes, notamment en matière de souplesse », c'est-à-dire cette même demande de « flexibilité » que infirmières ne cessent de dénoncer !


Rassemblement des travailleuses et travailleurs du secteur public du Québec le 23 septembre 2023

Les travailleurs de tous les secteurs de l'économie refusent d'être traités comme quelque chose de jetable, sans rôle à jouer parce qu'ils ne sont pas une force politique organisée, parce qu'ils sont réduits au silence et criminalisés pour avoir réclamé ce qui leur appartient de droit et ce qui est juste et nécessaire dans une société moderne.

Parler en son propre nom, se représenter soi-même politiquement sur une base collective et lutter pour ses droits dans le contexte de la lutte pour une société qui défend les droits de toutes et tous est le plus grand défi du mouvement ouvrier à l'heure actuelle. Cela rompt avec la dépendance envers un soi-disant pouvoir supérieur qui décide ce que la classe ouvrière et le peuple doivent penser et ce qu'ils peuvent et ne peuvent pas faire, alors que les décisions prises ne sont pas dans leur intérêt ni dans celui de la société ou du pays, ni dans l'intérêt de la paix, de la liberté et de la démocratie dans le monde. Cela rompt aussi avec le rôle de mendiant que la classe dirigeante assigne au peuple, au lieu de voir comment, dans chaque situation, défendre la cause commune et hisser le drapeau de la dignité ouvrière qui est synonyme de la dignité humaine.

Intervenir de manière à se donner les moyens d'agir ouvre la voie au progrès et c'est littéralement faire l'histoire. Depuis le Premier Mai 2023, le mouvement ouvrier a progressé à cet égard puisqu'il prend les mesures pour rejeter les mécanismes qui ne permettent pas aux travailleurs de se prononcer et d'intervenir durant les négociations. Cela donne confiance aux travailleurs et met fin à l'humiliation de la passivité face aux dangers inhérents au présent et à ce qui se prépare.

Le PCC(M-L) et son Centre ouvrier consacre tous leurs efforts à cultiver cette perspective et cette pratique. Tous celles et ceux qui veulent se joindre aux tables rondes doivent s'enregistrer sans délai ! En avant !


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Volume 54 Numéro 4 - Avril 2024

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