Un département du Cabinet du premier ministre chargé de l'image et du microciblage
Saviez-vous que le Cabinet du premier ministre dispose d'un département entier consacré à l'image et au microciblage ? Ce n'est pas une surprise pour la plupart des Canadiens qui détestent faire l'objet de manipulations et contre-manipulations dans les communications du premier ministre, quel que soit le parti qui forme le gouvernement. Le nom officiel de ce département est « Directeur de la communication du Cabinet du premier ministre ». Et le Cabinet du premier ministre est présentement en train de se créer une nouvelle image avec un bureau de communication réorganisé.
Selon le National Post, « un récent sondage d'Abacus Data a révélé que les milléniaux sont maintenant presque deux fois plus susceptibles de soutenir les conservateurs que les libéraux, tandis que 32 % de la génération Z favorise actuellement les conservateurs, contre 24 % pour les libéraux.
« Max Valiquette sera probablement chargé d'essayer d'inverser ces tendances. »
Cela confirme certainement que les élections au Canada n'ont pas pour fonction de permettre aux Canadiens de choisir leurs représentants et de les mandater. Au contraire, ce sont les spécialistes de la marque et du marketing, en concurrence les uns avec les autres, qui font les choix.
Max Valiquette a été embauché en décembre pour occuper le poste de directeur de la communication du Cabinet du premier ministre. Selon les médias, il est « un gourou du marketing qui se décrit lui-même comme expert en 'compréhension des milléniaux et de la génération Z' ». On apprend que M. Valiquette a été président et fondateur de la défunte Youthography (2001 à 2010), qui prétendait être « la première entreprise nord-américaine de recherche et de marketing axée sur le marché des jeunes ». Son site web décrit Valiquette comme « un spécialiste de la compréhension du paysage de la culture pop, des habitudes de consommation, des marques et de la culture des jeunes. Au cours de sa carrière, il a travaillé pour des marques aussi diverses que Budweiser, Beer.com, Hershey, Taco Bell et Ford Canada[1]. » Il a également travaillé à l'agence torontoise Bensimon Byrne, l'une des plus grandes agences de publicité indépendantes du Canada, qui a « compté le Parti libéral du Canada et le Parti libéral de l'Ontario parmi ses clients ».
Sur la page LinkedIn de Max Valiquette on lit que Marketing Magazine l'a qualifié de « l'un des 'marketeurs les plus influents du Canada' [et] l'un des leaders, stratèges et présentateurs en marketing les plus connus du pays, avec une carrière de vingt ans axée sur la création de marques, le marketing, l'innovation et la compréhension des milléniaux et de la génération Z »[2].
En janvier, Supriya Dwivedi, une éditorialiste politique qui était à l'émission Power and Politics de CBC et à l'émission Question Period de CTV, a été nommée conseillère principale en matière d'information au sein du Cabinet du premier ministre. Dernièrement, elle était directrice des politiques et de l'engagement au Centre pour les médias, la technologie et la démocratie de l'Université McGill, et ancienne consultante chez Crestview Strategy.
Dans un article paru dans le Toronto Star, Mme Dwivedi explique qu'elle n'est pas « ouvertement partisane » et qu'elle éviterait normalement « l'hyperpartisanerie toxique qui sévit à Ottawa », mais qu'elle estime qu'il y a « trop en jeu pour ne pas s'impliquer directement ». Elle cite un « écosystème d'information numérique [...] qui n'est pas adapté à une information véridique ou factuelle ».
Selon Mme Dwivedi, le système d'information numérique « a toutes sortes d'impacts sur notre société, y compris sur la façon dont nous nous comportons les uns envers les autres, alors que les algorithmes tentent de nous séparer ». Les libéraux sont passés maîtres dans l'art de déployer une « politique de la division ». En effet, l'utilisation de la « politique de la division » sous toutes ses formes par les partis du cartel est très répandue. On l'a vu durant l'élection générale de 2021 qui avait été l'occasion pour tous les partis cartellisés d'utiliser les mandats de vaccination pour diviser. Tout cela fait partie de la désinformation visant à maintenir le corps politique dans cette discussion au lieu de discuter d'un ordre du jour basé sur les points de vue qu'il établit pour lui-même.
Les nouveaux membres du service de communication du Cabinet du premier ministre sont appelés « personnel exonéré ». Il s'agit de personnes nommées pour des raisons politiques qui dépendent directement du premier ministre et qui ne sont pas soumises aux lois régissant les fonctionnaires et aux procédures d'embauche qui sont censées être basées sur un système de mérite. Un document d'information de la Bibliothèque du Parlement de 2006 explique : « Un ministre peut embaucher, en plus du personnel alloué aux députés et aux sénateurs pour leurs bureaux parlementaires et leurs bureaux de circonscription, du personnel politique payé par les deniers publics. [...] Ils doivent fournir au ministre des conseils et un appui politiques que celui-ci ne peut demander à des fonctionnaires impartiaux. »
Notes
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 1-2 - Janvier-Février 2024
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