Des banques alimentaires débordées
Manifestation des étudiants de l'Université de la
Colombie-Britannique contre l'insécurité
alimentaire, 27 octobre 2022
Les banques alimentaires de tout le pays affirment qu'elles sont submergées au-delà de leur capacité à fournir de la nourriture au nombre croissant de personnes qui ont besoin de leurs services. Le réseau national de Banques alimentaires Canada a dénombré 1 935 911 visites dans les banques alimentaires du Canada pour le seul mois de mars 2023, ce qui représente une augmentation de 32,1 % par rapport à mars 2022 et un bond de 78,5 % par rapport à mars 2019. En Ontario, les visites ont bondi de 36 % – à 5 888 685 – pour l'année entre avril 2022 et mars 2023 par rapport à l'année complète précédente, selon un communiqué de novembre de Feed Ontario.
Les porte-parole des banques alimentaires à travers le pays affirment que la demande est si élevée qu'elles ne sont pas en mesure de constituer des réserves alimentaires. Les aliments qui leur sont donnés sont presque immédiatement distribués. « Chaque année, il semble que nous nourrissons de plus en plus de gens », a déclaré un porte-parole.
Le directeur général de Banques alimentaires du Québec, Martin Munger, affirme qu'en 2023, son organisation a distribué deux fois plus de colis d'aide qu'en 2019. Il a distribué des dizaines de milliers de paniers alimentaires rien qu'à l'approche de Noël, a-t-il dit. Aujourd'hui, les stocks sont bas. La demande, a-t-il dit, « a été élevée tout au long de l'année et elle a également été plus élevée pendant la période des fêtes que les années précédentes ». Les banques alimentaires desservent aujourd'hui un Québécois sur dix, a-t-il ajouté.
À Toronto également, une personne sur dix a recours aux banques alimentaires, soit deux fois plus que l'année précédente, selon un nouveau rapport. L'utilisation des banques alimentaires à Toronto a battu un autre record en 2023, avec plus de 2,5 millions de visites entre avril 2022 et mars 2023, soit une augmentation de 51 %, et il n'y a aucun signe de ralentissement, selon le rapport « Who's Hungry » de cette année des banques alimentaires Daily Bread et North York Harvest.
Dan Huang-Taylor, directeur exécutif de Food Banks BC, a déclaré que l'année 2023 a connu le plus haut niveau de demande pour les banques alimentaires depuis qu'elles ont commencé à opérer en Colombie-Britannique au début des années 1980. À Vancouver, un ménage sur dix est confronté à l'insécurité alimentaire en même temps qu'à l'itinérance. Il indique que le nombre de nouveaux clients accédant aux services dans la province a augmenté de 62 % en 2023 par rapport à l'année précédente.
Selon Matthew Campbell, directeur de la Fraser Valley Regional Food Bank en Colombie-Britannique, environ 25 familles supplémentaires s'inscrivent pour obtenir de l'aide pendant la période des fêtes, mais les registres montrent que pendant la période des fêtes de 2022 et les premières semaines de 2023, le nombre a grimpé à environ 75 familles de plus. « Nous sommes inquiets et très préoccupés », a déclaré Campbell. Selon lui, le nombre hebdomadaire de familles venant à la banque alimentaire a augmenté de façon spectaculaire, passant d'environ 200 par semaine à près de 600. « Il s'agit d'une augmentation énorme », a-t-il déclaré.
Selon le Food Systems Lab de l'Université Simon Fraser, l'insécurité alimentaire est répandue non seulement à Vancouver, mais aussi dans tout le pays. Le dernier rapport complet de 2021 estime à 5,8 millions le nombre de Canadiens touchés d'une manière ou d'une autre par l'insécurité alimentaire, dont 1,4 million d'enfants.
Les banques alimentaires ont vu le jour au Canada il y a
40
ans, en réponse à une récession et au début de la
destruction
délibérée du système de protection sociale
d'après-guerre.
L'élite dirigeante a mis fin aux réformes d'après-guerre
sans
que le peuple n'ait son mot à dire ou son consentement.
L'absence de contrôle économique et politique du peuple
sur les
questions qui affectent directement sa vie est une
caractéristique du système parlementaire contrôlé par les
partis
de l'élite dirigeante, où ce sont les représentants de
l'élite
qui gouvernent. Le peuple est exclu de tout contrôle
direct sur
les décisions et empêché de développer des formes
modernes de
gouvernement qui lui permettraient d'avoir son mot à dire
et de
contrôler les affaires de l'État et l'économie. Le peuple
résiste aux limites aux campagnes de pression
extraparlementaires et à déposer des plaintes. Le peuple
n'a pas
accepté de mettre fin aux réformes sociales de
l'après-guerre,
qui a en fait détérioré la vie de tout le monde, sauf des
riches. Il parle en son nom et veut son mot à dire.
Gisèle Yasmeen, chargée de recherche sur l'insécurité alimentaire à la School of Public Policy and Global Affairs (l'École de politique publique et d'affaires mondiales) de l'Université de la Colombie-Britannique, explique que les banques alimentaires étaient censées être une « solution de fortune », temporaire pendant la crise, et non un phénomène permanent. « Si nous ne nous attaquons pas à la racine du problème et que nous continuons à penser que la charité va résoudre cette énigme, nous rêvons en couleurs », dit-elle. Pendant des années, la principale raison pour laquelle les gens se rendaient dans les banques alimentaires était la maladie et les invalidités. Aujourd'hui, la principale raison signalée est le coût élevé du logement.
D'autres rapports soulignent la prodigieuse inefficacité du système actuel de production et de distribution de denrées alimentaires à but lucratif, qui repose sur l'achat de produits sur les marchés. Une étude réalisée en 2019 par Deuxième Récolte, une organisation canadienne de récupération alimentaire, a révélé qu'environ 58 % de tous les aliments produits au Canada – soit quelque 35,5 millions de tonnes – sont gaspillés avant même d'arriver sur les étagères des épiceries.
« Les fabricants de produits alimentaires doivent tout faire. Ils effectuent toutes les opérations de collecte, de traitement et de classement dans leurs installations, ce qui est très coûteux pour eux et il leur revient donc moins cher de simplement jeter les restes », dit Deuxième Récolte.
(Avec des informations de CBC News et de la Presse canadienne)
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 1-2 - Janvier-Février 2024
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