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La crise du secteur de la santé s'aggrave

– K.C. Adams –


Rassemblement pour les services de santé publics lors de l'ouverture de la législature de l'Ontario,
le 25 septembre 2023

Des rapports provenant des travailleurs de la santé et de leurs organisations révèlent une crise de plus en plus grave due au manque de financement et de soutien officiel pour le secteur. Par exemple, en Ontario, Zaid Noorsumar, porte-parole du Syndicat canadien de la fonction publique, affirme que le gouvernement de l'Ontario doit immédiatement engager 1,25 milliard de dollars pour éviter « une crise aux proportions épiques ».

Le représentant syndical fait le commentaire suivant : « Le fait que l'Ontario ait connu environ 1200 fermetures de services hospitaliers en 2023 – dont près de 800 fermetures de services d'urgence – montre qu'il y a une dégradation continue des soins et que les personnes qui cherchent un accès à ces services souffrent. C'est pourquoi nous demandons une augmentation de 1,25 milliard de dollars (sur quatre ans et en plus d'un montant destiné à couvrir l'inflation) pour rétablir la qualité de nos hôpitaux publics par l'ajout de personnel et de lits dotés de personnel. L'inaction du gouvernement ne fera qu'exacerber les pénuries de personnel et entraînera des temps d'attente encore plus longs, des retards dans les traitements et un risque accru d'erreurs médicales, et par conséquent plus de souffrance pour les patients et les familles. »

Les conditions dans le secteur de la santé sont en contradiction avec l'autorité politique qui dicte le financement et les questions opérationnelles. Le conflit met en évidence des questions fondamentales d'organisation et de relations que la classe ouvrière doit aborder afin d'amener l'autorité politique en conformité avec les conditions socialisées modernes.

Dans les batailles constantes que mènent les travailleurs pour obtenir des salaires, de meilleures conditions de travail et un financement accru des soins de santé et des autres programmes sociaux universels, deux aspects en particulier méritent qu'on s'y arrête :

1) Les travailleurs de la santé et leurs organisations, qui connaissent les conditions de travail par expérience directe, n'ont pas l'autorité politique nécessaire pour diriger et imposer le changement. En fait, l'autorité politique et les institutions actuelles les empêchent de participer à la gestion du secteur et de résoudre ses problèmes par leur intervention. Cette question fondamentale dans la lutte pour les salaires et l'augmentation du financement des programmes sociaux doit être prise en considération. Sans autorité politique, la classe ouvrière n'est pas en mesure de résoudre de manière définitive les problèmes économiques, sociaux et environnementaux qui affligent la société.

2) Le système de santé et ses relations au sein du système économique impérialiste de moyens de production et de distribution socialisés et privés ne sont pas considérés objectivement comme un producteur de valeur sociale. Ce point de vue déformé considère le système de santé comme un consommateur de valeur sociale dont le fonctionnement nécessite des fonds publics. Il en résulte que les autres entreprises et institutions de l'économie n'entretiennent pas les relations économiques qu'il convient avec le système de santé, ce qui les oblige à réaliser (acheter) le produit social que le système de santé produit, tout comme elles doivent acheter des moyens de production matériels pour fonctionner.

Le produit social que le secteur de la santé produit est la capacité de travail enrichie d'une classe ouvrière en santé, c'est-à-dire les moyens de production humains. Les entreprises et les institutions de l'économie socialisée doivent acheter directement leurs moyens de production humains, tout comme elles doivent acheter des moyens de production matériels pour fonctionner. L'achat se fait sous forme de salaires et de certains avantages sociaux accordés aux travailleurs, et devrait être également comprendre des paiements versés aux institutions de santé à titre de paiement direct pour la valeur sociale qu'elles tirent de la capacité de travail des travailleurs en santé. La classe ouvrière reproduit cette valeur en tant que nouvelle valeur dans le cours de la production de produits sociaux.

La classe ouvrière doit voir la situation d'ensemble, principalement la contradiction entre les conditions et l'autorité. Cela nécessite une organisation, une action et la théorie nécessaire pour résoudre la contradiction et mettre en place une nouvelle autorité politique avec des structures modernes permettant aux travailleurs de discuter des conditions auxquelles ils sont confrontés, d'évaluer ce qui doit être fait et d'agir en conséquence avec autorité.

Un pas dans cette direction consisterait à exiger une augmentation immédiate du financement des programmes sociaux en général et des soins de santé en particulier, comme le fait le Syndicat canadien de la fonction publique de l'Ontario, sans négliger la nécessité d'examiner objectivement la contradiction sous-jacente entre les classes sociales, les conditions et l'autorité, et la nécessité de la résoudre pour que la société aille de l'avant.

Les travailleurs de la santé et leurs organisations doivent se donner les moyens de découvrir les besoins du système dans leur région et le financement nécessaire pour offrir des soins de santé gratuits à tous sans exception, compte tenu des conditions générales de l'économie et de ses forces productives, et exiger un financement et un paiement adéquats de la part des entreprises de l'économie qui en bénéficient. Toutes les entreprises et institutions qui emploient plus de cinquante travailleurs devraient verser directement aux institutions de santé un montant proportionnel qui couvre le prix de production de la partie des soins correspondant à la capacité de travail de leurs travailleurs, de la naissance à la mort.

La clé pour les travailleurs est de devenir des intervenants politiques actifs qui s'unissent à leurs collègues et alliés pour s'impliquer plus profondément dans les affaires économiques et politiques de la nation.


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Volume 54 Numéro 1-2 - Janvier-Février 2024

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