Au Parlement
Le Parlement a repris ses travaux le 29 janvier
La 44e législature (débutée le 22 novembre 2021) a repris les travaux de sa première session le 29 janvier. Le Parti libéral continue de présider un parlement minoritaire, soutenu par le NPD dans le cadre d'une entente de soutien et de confiance qui, selon le NPD, « oblige les libéraux à respecter leurs promesses ». Bien que cet accord puisse maintenir les libéraux au pouvoir jusqu'à la prochaine élection générale prévue pour octobre 2025, rien n'est certain avec les luttes de factions entre les partis cartellisés qui forment le parti au pouvoir et ce qu'on appelle la loyale opposition.
Les luttes de factions, les rivalités, les accusations et contre-accusations entre les partis cartellisés continuent de dominer les ondes et de détourner l'attention des stratagèmes du gouvernement pour payer les riches, de la corruption et des manoeuvres pour modifier les lois pour concentrer de plus en plus de pouvoir dans l'exécutif. Il s'agit de pouvoirs de prérogative, de pouvoirs à la discrétion du premier ministre et d'autres ministres qui prétendent que tout cela est en bonne et due forme puisqu'ils ont adopté des lois pour supprimer toute limitation à ces pouvoirs de prérogative et de police. En fait, ces pouvoirs de formuler les politiques – d'où le terme de pouvoirs de police, le mot police ayant la même racine que le mot politique – ont été usurpés par les oligopoles à qui on a permis d'occuper les postes de décision dans les principaux portefeuilles de l'économie et des affaires étrangères et sur toutes les questions liées à la guerre et à la paix, au crime et à la punition.
Tout cela montre à quel point l'offensive néolibérale antisociale a également fait des ravages au niveau des institutions politiques. Des décennies de refus des élites dirigeantes de renouveler le processus politique et électoral nous ont amenés au point où les anciennes méthodes que l'élite dirigeante pouvait déployer pour transformer l'opinion publique en un facteur social ne fonctionnent plus.
Le Parlement est ce qu'il est : une façade pour dissimuler où les décisions sont prises. La gouvernance par décrets, par le recours à des pouvoirs réglementaires et des décrets du Cabinet et de diverses agences gouvernementales dont les membres sont des lobbyistes d'entreprise, est devenue la norme. Le Parlement a perdu sa crédibilité, sa légitimité et la confiance du peuple, car il ne peut plus prétendre gouverner avec le consentement du peuple; il est précisément perçu comme travaillant pour des intérêts privés et non pour le bien public. Il a perdu toute capacité à servir de point de convergence pour le peuple.
Le Canada prétend être en conformité avec la primauté du droit international et les conventions internationales, depuis longtemps incorporées dans le droit canadien, mais les interprétations intéressées des partis cartellisés qui forment le gouvernement et siègent sur les bancs de l'opposition préparent le terrain pour une séance du Parlement qui aggravera davantage la crise de légitimité de la démocratie, des institutions démocratiques et de la direction qu'ils donnent au pays. C'est une situation qui continue de renforcer parmi le peuple la conviction qu'il n'est pas représenté par les députés au Parlement ni par les institutions de gouvernance qui agissent de plus en plus au service d'intérêts en place et sous la direction de l'administration et du Pentagone américains.
Aucun des graves problèmes politiques, sociaux et économiques qui rendent la vie impossible à un nombre croissant de Canadiennes et de Canadiens n'est à l'ordre du jour. Comment le Canada peut être une force de paix dans un monde où les États-Unis et leurs alliés menacent de détruire des peuples entiers sur tous les continents n'est pas non plus à l'ordre du jour. De nombreuses décisions annoncées à l'automne et les actions du gouvernement en matière d'affaires internationales, y compris le soutien au massacre en cours à Gaza et à la guerre génocidaire d'Israël contre le peuple palestinien, ne sont même pas discutées au Parlement. Des milliers de Canadiens se sont adressés au gouvernement et à leurs députés par des manifestations, des pétitions, des lettres et des appels téléphoniques, et des centaines de milliers sont descendus dans la rue partout au pays pour exiger que le Canada s'acquitte de son devoir envers l'état de droit international auquel il est tenu par des conventions et des traités, qu'il appelle à un cessez-le-feu et qu'il veille à ce qu'il soit appliqué. Ce n'est que le 12 décembre que l'ambassadeur du Canada auprès des Nations unies a finalement voté en faveur d'une résolution de l'Assemblée générale des Nations unies appelant à un cessez-le-feu, mais le Canada continue aujourd'hui de défendre les bonnes intentions d'Israël à chaque étape du massacre qu'il perpètre.
Les attaques personnelles et les luttes de factions qui ont atteint des proportions épiques dans les derniers jours de la session d'automne ont donné le ton à la reprise des travaux du Parlement le 29 janvier. Le fossé qui ne cesse de se creuser entre les Canadiens qui exigent leur mot à dire sur les questions qui affectent leur vie et les priorités intéressées annoncées par les partis cartellisés sous la fraude de « représentation » met en évidence la nécessité de renouveler le processus politique et que c'est au peuple lui-même de mettre de l'avant les nouveaux arrangements qui lui donneront le pouvoir de décider de ses affaires.
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 1-2 - Janvier-Février 2024
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