Surexploitation des étudiants internationaux
Le gouvernement Trudeau révise les exigences financières et d'autres exigences pour les étudiants internationaux
Manifestation d'étudiants étrangers devant le bureau de
l'Immigration à Toronto, le 23 avril 2022
Le ministre fédéral de l'Immigration, Marc Miller, a annoncé le 7 décembre que dès le 1er janvier 2024, les exigences financières relatives au coût de la vie seront augmentées et que ce seuil sera désormais ajusté annuellement lorsque Statistique Canada mettra à jour le seuil de faible revenu (SFR). Ce seuil représente « le revenu minimum nécessaire pour garantir qu'une personne n'a pas à consacrer une partie supérieure à la moyenne de son revenu aux nécessités de la vie ». Les exigences relatives au coût de la vie pour les demandeurs de permis d'études n'ont pas changé depuis le début des années 2000, établies à l'époque à 10 000 $ par demandeur.
Cela signifie qu'un demandeur
seul devra prouver qu'il dispose de 20 635 $, ce qui
représente 75 % du seuil de faible revenu, en plus d'un
montant équivalant à sa première année de droits de scolarité et
à ses frais de voyage. Ce changement s'appliquera aux nouvelles
demandes de permis d'études reçues à compter du 1er janvier
2024.
Comme l'indique Statistique Canada, les frais de scolarité
annuels moyens des étudiants canadiens de premier cycle et les
frais obligatoires supplémentaires s'élevaient à 7 076 $ pour
l'année scolaire 2023-2024. À l'échelle nationale, en 2022-2023,
les étudiants internationaux de premier cycle ont payé 36 123 $
en moyenne.
Cette annonce fait suite à d'autres réformes du Programme des étudiants étrangers annoncées par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada le 27 octobre 2023, « concernant l'élaboration d'un nouveau cadre pour reconnaître les établissements d'enseignement qui fournissent des services et un soutien de qualité supérieure, y compris le logement, aux étudiants étrangers. Nous attendons des établissements d'enseignement qu'ils n'acceptent que le nombre d'étudiants pour lesquels ils peuvent fournir un soutien adéquat, y compris des options de logement[1]. »
Le ministre a aussi fait le point sur trois politiques d'intérêt public temporaires à l'intention des étudiants étrangers, qui doivent toutes arriver à échéance à la fin de 2023 :
« - La levée de la limite de 20 heures par semaine imposée aux étudiants étrangers autorisés à travailler hors campus pendant une session d'études sera prolongée jusqu'au 30 avril 2024. En conséquence, les étudiants étrangers qui se trouvent déjà au Canada, ainsi que les demandeurs ayant déjà soumis une demande de permis d'études en date du 7 décembre 2023, pourront travailler hors campus plus de 20 heures par semaine jusqu'à cette date.
« - La mesure autorisant les étudiants étrangers à inclure le temps passé à étudier en ligne dans la durée d'un futur permis de travail postdiplôme, à condition que ce temps représente moins de 50 % de la durée du programme d'études, continuera de s'appliquer aux étudiants qui entament un programme d'études avant le 1er septembre 2024. Cette mesure ne s'appliquera plus aux étudiants qui entament un programme d'études à compter de cette date.
« - En réponse aux perturbations du marché du travail pendant la pandémie et à la reprise après cette dernière, une politique d'intérêt public temporaire avait été mise en oeuvre à 3 reprises pour accorder un permis de travail supplémentaire de 18 mois aux titulaires d'un permis de travail postdiplôme au moment où leur permis de travail initial arrivait à expiration. Les ressortissants étrangers titulaires d'un permis de travail postdiplôme expirant d'ici le 31 décembre 2023 sont admissibles à présenter une demande. Toutefois, cette politique temporaire ne sera plus prolongée[2]. »
Le communiqué note également :
« L'éducation internationale représente plus de 22 milliards de dollars en activités économiques chaque année, soit plus que les exportations canadiennes de pièces automobiles, de bois d'oeuvre ou d'avions, et soutient plus de 200 000 emplois au Canada.
« Le Québec établit son propre seuil relatif au coût de la vie pour les étudiants étrangers inscrits aux établissements d'enseignement de la province et continue d'augmenter ce seuil périodiquement.
« Les nouvelles lignes directrices financières sont également appliquées au Volet direct pour les études, un processus de demande de permis d'études spécial proposé aux résidents de 14 pays. Ce volet, qui nécessite initialement des renseignements supplémentaires de la part du demandeur, offre un traitement prioritaire[3][4]. »
Notes
1. Modifications
apportées au Programme des étudiants étrangers afin de
protéger ces derniers, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté
Canada, 27 octobre 2023
2. Révision
des exigences pour mieux protéger les étudiants étrangers,
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, 7 décembre
2023
3. Volet direct pour les études : Qui peut présenter une demande
4. Les 14 pays sont : Antigua-et-Barbuda, Brésil, Chine, Colombie, Costa Rica, Inde, Maroc, Pakistan, Pérou, Philippines, Sénégal, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Trinité-et-Tobago et Vietnam.
Cet article est paru dans
Volume 53 Numéro 31 - Décembre 2023
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