Les BRICS publient un communiqué à l'issue d'une réunion extraordinaire sur le Moyen-Orient
Le 21 novembre, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, qui préside actuellement les BRICS (Brésil, Chine, Inde, Russie et Afrique du Sud), a convoqué une réunion conjointe extraordinaire virtuelle du regroupement pour discuter de la situation au Moyen-Orient. Les dirigeants des pays qui rejoindront les BRICS en 2024, l'Arabie saoudite, l'Argentine, l'Égypte, l'Éthiopie, l'Iran et les Émirats arabes unis, y ont également participé. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a également participé à la réunion. Un communiqué conjoint sur la situation à Gaza a été publié par la réunion des BRICS.
« Nous avons appelé à une trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue menant à une cessation des hostilités », indique le communiqué conjoint. Les BRICS ont demandé que des enquêtes objectives soient menées par des organismes compétents afin que toutes les parties soient tenues pour responsables. Les actes de violence visant les civils palestiniens et israéliens ont été condamnés, « y compris les crimes de guerre, les attaques aveugles et le ciblage des infrastructures civiles, ainsi que tous les actes de provocation, d'incitation et de destruction », peut-on lire dans le texte. « Nous avons souligné la nécessité de demander des comptes. Nous devons veiller à ce que des enquêtes indépendantes et transparentes soient menées conformément aux normes internationales. »
Les BRICS « condamnent toute forme de transfert forcé et de déportation, individuelle ou massive, de Palestiniens de leur propre terre ». De nombreux dirigeants ont réaffirmé que le transfert forcé et la déportation de Palestiniens, que ce soit à l'intérieur de Gaza ou vers les pays voisins, constituent de graves violations des conventions de Genève, ainsi que des crimes de guerre et des violations du droit humanitaire international. Le communiqué met également en garde contre « le débordement de la crise dans la région » et appelle les pays qui ont une influence sur les parties au conflit à l'utiliser pour « oeuvrer à la réalisation de cet objectif ».
Dans son discours d'ouverture, le président Cyril Ramaphosa a souligné que « la punition collective des civils palestiniens par l'usage illégal de la force par Israël est un crime de guerre » et que « le refus délibéré de fournir des médicaments, du carburant, de la nourriture et de l'eau aux habitants de Gaza équivaut à un génocide ». Il a déclaré que la cause profonde de ce conflit est l'occupation illégale du territoire palestinien par Israël, comme le reflète la résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations unies qui stipule que « les colonies israéliennes constituent une violation flagrante du droit international ».
Le communiqué des BRICS décrit les mesures immédiates que la communauté internationale est appelée à prendre :
- Premièrement, un cessez-le-feu immédiat et complet.
- Deuxièmement, l'ouverture de corridors humanitaires afin que l'aide et les autres services de base parviennent à tous ceux qui en ont besoin.
- Troisièmement, tous les pays doivent faire preuve de retenue et cesser d'alimenter ce conflit, notamment en cessant de fournir des armes aux parties.
- Quatrièmement, la libération de tous les otages civils.
- Cinquièmement, la reprise d'un dialogue global mené et pris en charge par les Palestiniens et les Israéliens eux-mêmes et facilité par les Nations unies.
- Sixièmement, le déploiement d'une force de déploiement rapide des Nations unies en Palestine, avec pour mandat de surveiller la cessation des hostilités et de protéger les civils.
- Enfin, la Cour pénale internationale doit engager d'urgence des poursuites contre les responsables de crimes de guerre.
Le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, a appelé à la désescalade, au cessez-le-feu et à une solution politique. « Nous appelons la communauté internationale à unir ses efforts pour désamorcer la situation, oeuvrer à un cessez-le-feu et trouver une solution politique au conflit israélo-palestinien », a déclaré M. Poutine. Il a dit que les États-Unis étaient les principaux responsables de la situation actuelle. Le président russe a déclaré que la dernière escalade, qui a déjà entraîné « la mort de milliers de personnes », est le résultat de la volonté des États-Unis de décider seuls du sort de la crise politique entre Israël et la Palestine. Washington a cherché à « monopoliser le rôle de médiateur » tout en bloquant les efforts des autres acteurs internationaux, a-t-il dit, ajoutant que les décisions de l'ONU envisageant la création de « deux États souverains indépendants – Israël et la Palestine » ont fini par être sabotées.
Le président chinois Xi Jinping « a appelé les parties à mettre fin à toutes les violences et attaques ciblant les civils, à libérer les civils détenus, ainsi qu'à agir pour éviter davantage de pertes humaines et épargner aux gens de nouvelles misères ». Xi Jinping a déclaré que les couloirs humanitaires devaient rester sûrs et libres de toute entrave, et qu'une aide humanitaire accrue devait être fournie à la population de Gaza. Il a ajouté que la communauté internationale devait prendre des mesures concrètes pour éviter que le conflit ne s'étende et ne mette en péril la stabilité de l'ensemble du Moyen-Orient. Il a souligné que le seul moyen viable de rompre le cycle du conflit palestino-israélien résidait dans la solution à deux États, dans le rétablissement des droits légitimes de la nation palestinienne et dans la création d'un État palestinien indépendant. Xi Jinping a déclaré que la Chine a proposé de convoquer une conférence internationale de paix qui fasse davantage autorité pour construire un consensus international en faveur de la paix et travailler à une solution rapide à la question de la Palestine qui soit globale, juste et durable.
Le président du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva a remercié le président sud-africain Cyril Ramaphosa d'avoir convoqué la réunion et s'est félicité de la présence des représentants des pays qui rejoindront les BRICS l'année prochaine. Il a déclaré que « le nombre élevé de morts (plus de 12 000 personnes, dont 5 000 enfants) nous consterne beaucoup » et a souligné que lorsqu'il présidait le Conseil de sécurité de l'ONU « le Brésil n'a épargné aucun effort pour faire face à l'urgence humanitaire, contenir l'escalade actuelle et reprendre une solution durable au conflit ».
L'Inde était représentée par son ministre des Affaires étrangères, Subrahmanayam Jaishankar, qui a déclaré : « Le conflit actuel entre Israël et le Hamas à Gaza provoque d'immenses souffrances humaines, notamment chez les civils, les personnes âgées, les femmes et les enfants. Nous saluons tous les efforts de la communauté internationale en faveur d'une désescalade. À l'heure actuelle, il est urgent de veiller à ce que l'aide et les secours humanitaires parviennent effectivement et en toute sécurité à la population de Gaza. Il est également impératif que tous les otages soient libérés. Nous pensons qu'il existe une obligation universelle de respecter le droit humanitaire international. » Il a également ajouté qu'il fallait « faire preuve de retenue et apporter une aide humanitaire immédiate » ainsi qu'une « résolution pacifique par le dialogue et la diplomatie ».
Le président de l'Iran Ebrahim Raisi a déclaré que les partisans de la liberté dans le monde attendent de tous les gouvernements, en particulier des États membres des BRICS, qu'ils rompent leurs relations politiques, économiques et militaires avec le régime sioniste. Il a insisté sur la nécessité que les membres des BRICS prennent des mesures collectives afin de briser le siège de Gaza et de créer une voie d'accès sûre et permanente à Gaza pour l'envoi de fournitures humanitaires et a appelé les membres des BRICS à initier une résolution contraignante à l'Assemblée générale des Nations unies contre le régime sioniste. Le régime sioniste, a-t-il dit, doit être identifié comme un régime terroriste et son armée doit être qualifiée d'organisation terroriste.
Cet article est paru dans
Volume 53 Numéro 25 - Novembre 2023
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