Le dilemme de sécurité des impérialistes

Les valeurs qui permettent les crimes contre l'humanité ne donnent pas de légitimité à la démocratie canadienne

– Pauline Easton –

Cette fin de semaine, les 17, 18 et 19 novembre, a eu lieu la méprisable 15e Conférence des fauteurs de guerre à Halifax – l'événement annuel appelé Forum d'Halifax sur la sécurité internationale. Les forces antiguerre regroupées dans No Harbour for War et l'Association Canada-Palestine de l'Atlantique ont tenu un militant rassemblement avec la participation de 500 personnes dans le Parc de la paix et de la liberté d'Halifax pour dénoncer l'événement. Il s'agit d'un événement qui amène à Halifax les responsables des crimes de guerre les plus odieux, les promoteurs des changements de régime par les États-Unis et l'OTAN, des révolutions de couleur, de la réaction et du néonazisme en Ukraine et ailleurs. Cette année, Ehud Barak, ancien général et premier ministre israélien, figure parmi les participants. La conférence accueille également des soi-disant experts de toutes sortes issus des ministères de la défense, des collèges militaires, des groupes de réflexion, des médias monopolisés et des gouvernements. Les délibérations de la conférence partent du point de vue que les États-Unis sont la nation indispensable tel que partagé par les autres puissances impérialistes et anciennes puissances coloniales telles que la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne, ainsi que le Japon, et leurs apaiseurs tels que le Canada et les pays sous leur tutelle. Son objectif est de trouver des solutions au dilemme de sécurité des impérialistes, qui consiste essentiellement à dominer le monde tout en faisant en sorte que les peuples n'aient pas leur mot à dire sur les questions cruciales de la guerre et de la paix, du crime et de la punition, de l'environnement, etc. Une des caractéristiques de ceux qui participent à ce forum est qu'ils justifient les crimes qui sont commis contre l'humanité aujourd'hui au nom de leurs valeurs qu'ils disent supérieures.

Les impérialistes et leurs représentants et experts dans les gouvernements et dans les domaines de la défense, de la sécurité et du renseignement sont en proie à l'arrogance et à l'angoisse impérialistes découlant d'une préoccupation morbide de la défaite. Le Forum d'Halifax est même incapable de dire comment se posent les problèmes auxquels leur système est aux prises, sans parler de leur trouver des solutions. C'est ce qui ressort des remarques du ministre de la Défense du Canada, l'ancien chef de la police de Toronto, Bill Blair, lors de l'ouverture du Forum le 17 novembre. Il a déclaré que la guerre en Ukraine et « le conflit entre Israël et le Hamas au Moyen-Orient » sont le résultat d'« un effondrement du droit international dans un monde de plus en plus dangereux et violent ».

Bien entendu, l'analyse des causes de cet effondrement n'est pas à la portée des experts qui sont pris dans le bourbier des vieilles formulations et de la vieille pensée conçues pour maintenir les peuples sous l'emprise des grandes puissances. Ces vieilles formulations et cette vieille pensée ne permettent plus de décrire ce qui se passe dans le monde et ne sont d'aucune utilité pour les États-Unis et leurs alliés de l'OTAN face à leur dilemme en matière de sécurité.

À cette occasion, les forces progressistes dénoncent une fois de plus ce soi-disant forum sur la sécurité. Quelles que soient les discussions qu'ils y tiennent, quels que soient les plans qu'ils y définissent, les participants à ce forum ne parviendront jamais à convaincre qui que ce soit que les valeurs des impérialistes américains, de la Grande-Bretagne, du Canada et des anciennes puissances d'Europe sont les valeurs des peuples du monde qui veulent voir triompher la paix, la liberté et la démocratie. La légitimité de leur système est en crise plus que jamais. Avec les crimes actuellement commis contre la Palestine, cette crise de légitimité s'aggrave de jour en jour et est manifestement irrémédiable.

À cet égard, l'une des questions urgentes que ce forum sur la sécurité internationale n'aborde pas est comment tenir Israël responsable des crimes qu'il commet contre le peuple palestinien avec le soutien des États-Unis, non seulement depuis le 7 octobre, mais aussi depuis 75 ans. Il est indéniable que la situation constatée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à l'hôpital al-Chifa à la suite des bombardements, de l'invasion et des massacres par Israël est du même calibre que celle qu'ont constatée les soldats qui ont libéré les survivants des camps de concentration lorsqu'ils sont arrivés sur place durant les derniers jours de la Deuxième Guerre mondiale. Des crimes horribles, une inhumanité sans nom, une conscience privée de tout ce que les êtres humains ont engendré dans leur marche historique vers l'humanisation de l'environnement social et naturel qui, aujourd'hui, est si nécessaire, si désiré.

Les Forces de défense israéliennes (FDI) commettent des crimes odieux contre la population de Gaza, de Cisjordanie et de Jérusalem-Est, tandis que leurs soutiens, avec leur mainmise sur le Conseil de sécurité des Nations unies, les laissent faire, invoquant le prétendu droit d'Israël de se défendre. Ils légitimisent les actions d'Israël en affirmant que le Hamas est terroriste et que leur objectif est d'éliminer le quartier général des terroristes. Comme d'habitude, il n'y a aucune preuve de terrorisme, sauf de celui d'Israël.

Les défenseurs des crimes odieux commis au nom de valeurs civilisées et d'idéaux élevés prétendent que la démocratie à l'américaine est supérieure et doit être adoptée par le monde entier. C'est tout ce qu'ils ont pour maintenir leur hégémonie, mais ces valeurs et cette démocratie sont en lambeaux. Malgré leurs tentatives de présenter le Hamas comme une organisation terroriste, des témoignages rapportés par les journaux israéliens Ha'aretz et Yedioth Ahronoth montrent que les énormes pertes humaines et matérielles survenues le 7 octobre, lorsque le Hamas a lancé l'opération Déluge al-Aqsa pour frapper des cibles militaires, ont été causées par ce que l'on appelle des « tirs amis » – les FDI tirant dans toutes les directions sans discernement. Lors de son opération militaire du 7 octobre, le Hamas n'a pas décapité de bébés, ni violé de femmes, ni commis les autres crimes dont l'accuse la machine de propagande israélienne. Ce sont les mensonges répétés par ceux qui savent que ce sont des mensonges. Ils suivent l'exemple de la « guerre contre la terreur » des impérialistes américains et de George W. Bush après les attentats 11 septembre 2001, que les peuples du monde ont d'ailleurs rejetée. Ils rejettent aussi les tentatives actuelles de confondre le droit du peuple palestinien de résister à l'occupation, reconnu par le droit international, avec le terrorisme.

Faire le procès des Palestiniens pour détourner l'attention des actions israéliennes est la ruse des puissances impérialistes et de leurs médias, également typique au Canada, comme si cela pouvait justifier des massacres de sang-froid et des bombardements aveugles, l'utilisation de phosphore blanc et d'autres choses du même genre.

De même, la vidéo de CNN censée montrer un quartier général du Hamas sous l'hôpital al-Chifa s'est révélée non crédible. De plus, les déclarations des dirigeants israéliens montrent clairement une intention qui rend leurs actions et celles de leurs complices clairement justiciables.

Les crimes contre la Palestine reposent tous sur une gigantesque fraude de l'histoire. Israël n'a jamais appliqué les termes de la résolution 181 des Nations unies, adoptée le 29 novembre 1947, qui établissait l'État israélien. Aux termes de cette résolution, le mandat britannique en Palestine a été divisé en deux États, l'un arabe et l'autre juif, et un statut international a été accordé à la ville de Jérusalem en tant que capitale commune des deux États.

Comme l'a déclaré le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, lors de la session d'ouverture du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien en 2022, « il n'y a pas de plan B ». Pourtant, Israël a continué, depuis sa création, à déplacer et à déposséder les Palestiniens, dans son objectif de génocide.

Les graves violations du droit international commises par Israël ont été exacerbées par l'arrivée au pouvoir de colons sionistes et d'extrémistes, y compris au poste de premier ministre. Ils commettent des crimes de plus en plus odieux contre les Palestiniens, tels que des prises de possession armées brutales de maisons ancestrales pendant la nuit ou à l'aube. Les vieillards, hommes, femmes et enfants sont jetés à la rue et quiconque résiste est mis en état d'arrestation ou tué de sang-froid.

Les Canadiennes et les Canadiens exigent que les représentants du gouvernement et les médias qui répètent qu'Israël a le droit de se défendre expliquent pourquoi ils ne discutent jamais des devoirs d'Israël en tant que force d'occupation. Ils doivent expliquer pourquoi ils tremblent de peur devant la menace d'être accusés de crimes de haine s'ils osent critiquer Israël et pourquoi ils choisissent plutôt de justifier l'injustifiable. Tout cela se fait au nom de la défense des valeurs canadiennes. Or, malgré l'usage de la force de l'État et les excès judiciaires pour criminaliser ceux qui agissent selon leur conscience quand ils dénoncent les crimes que commet Israël, les valeurs qui cautionnent des crimes contre l'humanité ne donneront pas à la démocratie canadienne la légitimité qui lui fait tant défaut.

Pendant ce temps, les peuples du monde sont confrontés à un problème qui exige une solution : comment mettre fin à l'occupation israélienne de Gaza et de la Cisjordanie et rétablir les frontières légitimes de l'État de la Palestine, avec sa capitale à Jérusalem, conformément aux résolutions des Nations unies et au droit international. Tant que les relations internationales sont prises en otage par l'hégémonie, les crimes et le droit de veto des États-Unis, l'Assemblée générale des Nations unies continue d'adopter des résolutions exigeant la justice pour la Palestine sans que rien n'aboutisse.

Les Canadiennes et les Canadiens rejettent le silence de leur gouvernement sur les crimes d'Israël à Gaza et en Cisjordanie depuis le 7 octobre. Ce silence s'inscrit dans l'adoption par le gouvernement fédéral de la définition de l'antisémitisme donnée par l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste en 2019. Cette définition est activement utilisée pour affirmer à tort que toute personne critiquant les crimes d'Israël contre la Palestine est antisémite et fait de l'incitation à la haine. Depuis, le gouvernement Trudeau a annoncé son intention de mettre en oeuvre des plans visant à renforcer la Loi canadienne sur les droits de la personne et le Code criminel afin de lutter plus efficacement contre ce qu'il appelle l'antisémitisme et la haine en ligne et de légitimer le recours aux pouvoirs de police pour criminaliser la conscience et la parole.

Les Canadiennes et les Canadiens dénoncent le silence, la complicité et la politique d'apaisement du Canada envers les plans de guerre des États-Unis et les crimes d'Israël. Cela comprend l'accueil qu'il donne à la 15e Conférence annuelle des fauteurs de guerre à Halifax, où toutes sortes de criminels et de promoteurs de la guerre impérialiste font et partagent des calculs sur la façon de maintenir la légitimité de leur système et de réduire au silence tous ceux qui ne se conforment pas à leurs valeurs.

Partout au pays, les Canadiennes et les Canadiens réitèrent leur admiration pour l'héroïsme du peuple palestinien qui montre la nécessité de trouver un moyen de mettre fin à ces crimes une fois pour toutes. Aujourd'hui et à l'avenir, nous sommes tous Palestiniens ! La voix des peuples, notre voix, est décisive.


Cet article est paru dans
Logo
Volume 53 Numéro 23 - Novembre 2023

Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2023/Articles/LS53231.HTM


    

Site web :  www.pccml.ca   Courriel :  redaction@pccml.ca