La situation à l'hôpital al-Chifa

Témoignage effroyable des crimes d'Israël contre l'humanité

Le monde a été pris en otage par les scènes et les témoignages de la destruction systématique du complexe hospitalier al-Chifa à Gaza, horrifié par l'ampleur de la dépravation israélienne. Le 18 novembre, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a pu mener une mission humanitaire conjointe à haut risque à l'hôpital al-Chifa après que les Forces de défense israéliennes (FDI) ont forcé la plupart du personnel et des patients à quitter l'hôpital sous la menace des armes. Les conditions rapportées par l'OMS et ce que l'équipe a vu rappellent les horreurs et l'inhumanité indicible auxquelles ont été confrontés les soldats qui ont libéré les camps de concentration à la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

L'OMS a publié un rapport sur les conditions de vie dans ce pays. Le voici.

L'OMS dirige une mission humanitaire conjointe
à très haut risque à l'hôpital al-Chifa de Gaza

Certains des 179 corps enterrés le 14 novembre 2023 dans une fosse commune au complexe hospitalier sont ceux de personnes tuées par Israël à l'hôpital, à la suite d'assauts militaires ou parce qu'elles ont été privées des nécessités de base, et dont les corps n'ont pas pu être enterrés ailleurs en raison de l'encerclement par l'armée israélienne.

Plus tôt dans la journée (18 novembre), une équipe d'évaluation humanitaire conjointe des Nations unies dirigée par l'OMS s'est rendue à l'hôpital al-Chifa, dans le nord de la bande de Gaza, afin d'évaluer la situation sur le terrain, de procéder à une analyse rapide de la situation, d'évaluer les priorités médicales et d'établir des options logistiques en vue de missions ultérieures. L'équipe était composée d'experts en santé publique, de logisticiens et de personnel de sécurité de l'OCHA [Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies], de l'UNDSS [Département de la sûreté et de la sécurité des Nations unies], de l'UNMAS/UNOPS [Service de lutte antimines des Nations unies/Bureau des Nations unies pour les services d'appui aux projets], de l'UNRWA [Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient] et de l'OMS.

La mission a été coordonnée avec les Forces de défense israéliennes (FDI) afin d'assurer un passage sûr le long de l'itinéraire convenu. Cependant, il s'agissait d'une opération à haut risque dans une zone de conflit actif, avec de violents combats à proximité de l'hôpital.

Plus tôt dans la journée, les FDI avaient donné l'ordre d'évacuer les 2500 personnes déplacées restantes qui avaient cherché refuge dans l'enceinte de l'hôpital. Ces personnes, ainsi qu'un certain nombre de patients mobiles et de membres du personnel de l'hôpital, avaient déjà quitté les lieux au moment de l'arrivée de l'équipe.

En raison des contraintes de temps liées à la situation sécuritaire, l'équipe n'a pu passer qu'une heure à l'intérieur de l'hôpital, qu'elle a décrit comme une « zone de mort » et la situation comme « désespérée ». Les signes de bombardements et de tirs étaient évidents. L'équipe a vu une fosse commune à l'entrée de l'hôpital et a appris que plus de 80 personnes y étaient enterrées.

Les corps des victimes d'une frappe aérienne israélienne à l'hôpital al-Chifa le 10 novembre
2023 sont recouverts.

Le manque d'eau potable, de carburant, de médicaments, de nourriture et d'autres aides essentielles au cours des six dernières semaines a fait que l'hôpital al-Chifa – qui était autrefois l'hôpital de référence le plus grand, le plus avancé et le mieux équipé de Gaza – a pratiquement cessé de fonctionner en tant qu'établissement médical. L'équipe a observé qu'en raison de la situation sécuritaire, il a été impossible pour le personnel d'effectuer une gestion efficace des déchets dans l'hôpital. Les couloirs et le terrain de l'hôpital étaient remplis de déchets médicaux et solides, ce qui augmentait le risque d'infection. Les patients et le personnel de santé avec lesquels ils se sont entretenus étaient terrifiés, craignant pour leur sécurité et leur santé, et ont demandé à être évacués. L'hôpital al-Chifa ne peut plus admettre de patients, les blessés et les malades étant désormais dirigés vers l'hôpital Indonésien, qui est gravement débordé et fonctionne à peine.

Il reste 25 travailleurs de la santé et 291 patients à al-Chifa. Plusieurs patients sont décédés au cours des deux ou trois derniers jours en raison de la fermeture des services médicaux. Parmi les patients, on compte 32 bébés dans un état extrêmement critique, deux personnes en soins intensifs sans ventilation et 22 patients sous dialyse dont l'accès aux traitements vitaux a été gravement compromis. La grande majorité des patients sont des victimes de traumatismes de guerre, dont beaucoup souffrent de fractures et d'amputations complexes, de traumatismes crâniens, de brûlures, de traumatismes thoraciques et abdominaux, et 29 patients souffrant de graves lésions de la colonne vertébrale qui sont incapables de se déplacer sans assistance médicale. De nombreux patients souffrant de traumatismes ont des plaies gravement infectées en raison de l'absence de mesures de contrôle des infections dans l'hôpital et de la non-disponibilité d'antibiotiques.



Le personnel de l'ONU et de l'hôpital al-Chifa évacue des bébés prématurés, le 18 novembre 2023. Ils avaient été privés de couveuses pendant plusieurs jours par les attaques israéliennes et deux autres bébés sont morts ce matin-là avant d'avoir pu être transférés à un autre hôpital.

Compte tenu de l'état actuel de l'hôpital, qui n'est plus opérationnel et n'admet plus de nouveaux patients, on a demandé à l'équipe d'évacuer le personnel de santé et les patients vers d'autres établissements. L'OMS et ses partenaires préparent d'urgence des plans pour l'évacuation immédiate des patients restants, du personnel et de leurs familles. Au cours des 24 à 72 prochaines heures, dans l'attente de garanties de sécurité de la part des parties au conflit, des missions supplémentaires sont organisées pour transporter d'urgence les patients d'al-Chifa vers le complexe médical Nasser et l'hôpital Européen de Gaza, dans le sud de la bande de Gaza. Cependant, ces hôpitaux fonctionnent déjà au-delà de leurs capacités, et les nouveaux transferts de patients de l'hôpital al-Chifa mettront encore plus à rude épreuve le personnel et les ressources sanitaires déjà surchargés.

L'OMS est profondément préoccupée par la sécurité et les besoins sanitaires des patients, du personnel de santé et des personnes déplacées à l'intérieur du pays qui sont hébergés dans les quelques hôpitaux encore partiellement fonctionnels dans le nord, qui risquent d'être fermés en raison du manque de carburant, d'eau, de fournitures médicales et de nourriture, ainsi que de l'intensité des hostilités. Des efforts immédiats doivent être déployés pour rétablir la fonctionnalité d'al-Chifa et de tous les autres hôpitaux afin de fournir les services de santé dont la population de Gaza a un besoin urgent.

L'OMS réitère son appel à des efforts collectifs pour mettre fin aux hostilités et à la catastrophe humanitaire à Gaza. Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat, à un flux soutenu d'aide humanitaire à grande échelle, à un accès humanitaire sans entrave à tous ceux qui en ont besoin, à la libération inconditionnelle de tous les otages et à la cessation des attaques contre les services de santé et d'autres infrastructures vitales. L'extrême souffrance de la population de Gaza exige que nous réagissions immédiatement et concrètement avec humanité et compassion.

(Traduction : LML)


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Volume 53 Numéro 22 - Novembre 2023

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