De nombreux appels à réformer le Conseil de sécurité de l'ONU
L'Assemblée générale de l'ONU a discuté de la nécessité de réformer le Conseil de sécurité de l'ONU. Le 16 novembre, lors de son débat annuel sur la réforme de l'instance formée de 15 nations, l'Assemblée générale de l'ONU a entendu des intervenants de nombreux pays réitérer les appels à rendre le Conseil de sécurité plus représentatif, transparent et redevable afin qu'il puisse répondre aux menaces les plus graves qui pèsent sur la paix et la sécurité internationales. Fondé sur des arrangements de maintien de la paix à l'issue de la Deuxième Guerre mondiale, le Conseil est composé de cinq membres permanents : la Chine, la France, la Fédération de Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis, et chacun a un droit de veto. Dix membres non permanents sont élus pour des mandats de deux ans par l'Assemblée générale. Plus de 50 États membres n'ont jamais été membres du Conseil de sécurité, informe le site web de l'ONU.
La réforme du Conseil de sécurité est à l'ordre du jour de l'Assemblée depuis 44 ans et cette année le débat arrive à un moment crucial alors qu'il n'a pas réussi à retenir la main d'Israël et son bailleur de fonds, les États-Unis, ni à le tenir responsable des crimes inouïs qu'il commet contre les Palestiniens depuis le 7 octobre, comme l'exigent les peuples du monde. « Jamais auparavant cette question n'a été aussi urgente, à la fois contextuellement et de façon pratique », a dit Dennis Francis (Trinidad et Tobago), le président de l'Assemblée, dans son allocution liminaire.
Saint-Vincent et les Grenadines, au nom du groupe L.69 de pays en développement d'Afrique, d'Amérique latine et des Caraïbes, d'Asie et du Pacifique, a dit que la surreprésentation de pays occidentaux au sein du conseil ne reflète ni la diversité géopolitique des Nations unies ni les réalités géopolitiques du XXIe siècle. « Le fait qu'il n'est plus adapté à son objectif est devenu flagrant », a dit le représentant des îles, ajoutant que non seulement la réforme est-elle urgente, mais qu'elle est une condition préalable à la paix, la stabilité et la sécurité internationales.
Le Sierra Leone, au nom du Groupe africain, a observé que « l'Afrique demeure le seul grand continent qui n'est pas représenté en tant que membre permanent du Conseil de sécurité et qui est sous-représenté en tant que membre non permanent ». La demande de l'Afrique d'avoir deux sièges permanents est une question de justice, a-t-il souligné.
Le Bahreïn, au nom du Groupe arabe, a parlé des violences actuelles à Gaza et a exhorté les pays membres de veiller à ce que la prévention des conflits devienne plus représentative, transparente, neutre et crédible. Advenant une expansion du Conseil de sécurité, il a proposé une représentation arabe au sein des membres permanents en plus d'une représentation équitable de pays arabes ayant des sièges non permanents.
Sainte-Lucie, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a dit que le monde fait face à de nombreux défis difficiles qui exigent une réponse robuste des Nations unies. Le CARICOM appuie pleinement la nécessité d'accroître la représentation et d'améliorer la capacité de réponse du Conseil de sécurité.
Le Singapore a dit qu'il n'y a pas d'équitabilité pour les
petits pays au niveau des élections aux sièges permanents. Les
élections aux sièges non permanents sont souvent dominées par de
grands pays régionaux, dont plusieurs demandent régulièrement un
siège au Conseil. Il devient par conséquent extrêmement
difficile pour un petit pays de faire campagne et de rivaliser
avec succès avec des pays beaucoup plus grands.
Les remarques du représentant américain visaient à feindre
l'inquiétude face à la nécessité évidente de réformer le Conseil
de sécurité tout en préservant le rôle que les États-Unis ont
usurpé en tant que « nation indispensable ». La grave question
soulevée par les États membres concernant leur manque de
représentation est ignorée, malgré le fait que même les
élections des nations non permanentes sont soumises à la
corruption habituelle qui consiste à faire pression pour obtenir
des votes sous peine de représailles de la part des États-Unis.
La représentante des États-Unis a dit que si les pays veulent que le Conseil de sécurité fonctionne à sa pleine capacité et demeure le premier forum mondial où sont discutées les menaces à la paix et à la sécurité internationales, alors il doit « s'adapter ». C'est la devise du président américain pour le maintien du statu quo. L'année dernière, lors de l'Assemblée générale, le président Biden a annoncé que les États-Unis voulaient des réformes, y compris un plus grand nombre de sièges permanents et non permanents au Conseil, avec des sièges permanents pour des pays d'Afrique, d'Amérique latine et des Caraïbes. Biden a depuis reconfirmé cet engagement, a dit la représentante des États-Unis, car il reconnaît que le Conseil, tel qu'il est composé présentement, ne reflète pas les réalités d'aujourd'hui, a-t-elle dit. En reconnaissant la profonde crise de légitimité du Conseil du sécurité, les propos de la représentante américaine occultent qui prend les décisions en faveur de quels intérêts et la nécessité de briser cette mainmise. Elle a dit qu'un Conseil qui n'est pas représentatif peut être moins crédible aux yeux de ceux qui sentent qu'on ne les voit pas, qu'on ne les entend pas et qu'on ne les comprend pas. Les pays ne peuvent pas se permettre une crise de confiance au sein de l'instance. Elle avait entendu, au cours de discussions avec des États membres et des regroupements régionaux, des préoccupations devant la dysfonction et la politisation au sein du Conseil. Certains croient que leur voix ne se fait pas entendre, a-t-elle dit avec condescendance. Dans ce contexte, les États membres devront réexaminer leurs positions nationales de longue date, se poser des questions difficiles et être ouverts aux compromis afin d'effectuer un changement durable. L'ambassadrice américaine n'a cependant pas émis d'opinion sur les abus notoires des États-Unis au Conseil afin de servir ses intérêts étroits, comme imposer des sanctions ou justifier l'intervention militaire contre des pays qui ne plient pas l'échine devant le diktat américain.
Le Mexique a dit que les événements récents avaient mis en relief la paralysie du Conseil de sécurité. Face à ce problème persistant, la question est comment le résoudre. Les préoccupations face aux vetos exercés par les cinq membres permanents sont claires et persistantes. Les exemples ne manquent pas pour démontrer l'incapacité du Conseil d'agir. Les États ont une responsabilité et doivent oeuvrer à une réforme qui lui permette de respecter son mandat et de se mériter à nouveau la confiance des peuples. « Une réforme est plus urgente que jamais », a dit le représentant du Mexique, ajoutant que ce cycle de négociations est primordial.
L'Afrique du Sud a dit que les nouveaux conflits et les menaces à la sécurité internationale nécessitent une discussion urgente et engagée sur une réforme du Conseil de sécurité. Le monde n'est pas le même qu'il l'était en 1945. Depuis des décennies, le manque de diversité et la non-représentativité du Conseil l'a rendu vulnérable aux critiques comme quoi il est anachronique, qu'il souffre d'un manque de crédibilité et de légitimité et qu'il a recours à une politique de deux poids, deux mesures dans l'application du droit international qui est soumise aux intérêts des membres du Conseil. Un esprit de multilatéralisme inclusif doit sous-tendre les discussions sur la réforme du Conseil. L'Afrique du Sud est prête à s'engager le plus largement possible pour en arriver à des solutions multilatérales, a-t-il affirmé
Le Brésil a dit qu'à l'heure où le monde en a le plus besoin, le Conseil de sécurité a montré qu'il est incapable d'assumer sa responsabilité principale, ou éprouve de grandes difficultés à le faire, face aux conflits du moment, aux situations et aux régions. Le Conseil de sécurité ne peut être entièrement légitime et effectif aussi longtemps que les pays en développement sont marginalisés et que des régions entières, comme l'Amérique latine et les Caraïbes et l'Afrique, ne sont pas représentées de façon permanente. Toute réforme qui ne vise pas à régler cette faiblesse majeure ne serait qu'une réforme superficielle, ou pire encore.
Le Vietnam a dit que l'adoption le 15 novembre de la première résolution sur la situation au Gaza par le Conseil de sécurité a offert une lueur d'espoir. « Comment expliquer que cette instance si exclusive et puissante ait dû attendre plus de cinq semaines, après que plus de 10 000 vies innocentes ont été perdues, avant d'en arriver à une entente d'une envergure limitée », a-t-il dit.
L'Iran a dit que pour sauver la crédibilité du Conseil de sécurité, il faut rejeter catégoriquement toutes tentatives de s'en servir pour avancer des ordres du jour politiques nationaux. Pointant du doigt l'« échec monumental » du Conseil de réagir aux crimes de guerre sans relâche contre les Palestiniens, il a dit que c'était « une indication claire de la nécessité d'un changement matériel » au sein de cette instance. Il a souligné que le Conseil aurait dû adopter un texte plus robuste appelant à un cessez-le-feu durable et urgent à Gaza. Les discussions au sujet de l'autorité du veto, critiquée par une grande majorité d'États membres, doivent figurer en haut de l'ordre du jour du processus de négociations intergouvernementales, a-t-il dit, ajoutant que toutes décisions doivent être adoptées par consensus et qu'augmenter le nombre de membres permanents et non permanents sans prendre en compte l'ensemble des cinq réformes pourrait mal représenter les positions des États membres, a-t-il mis en garde.
Le Venezuela a dit que les principes d'inclusion et d'égalité juridique entre pays doivent guider tout le processus de négociation sur une réforme du Conseil. Les États membres doivent redoubler d'efforts afin de corriger les inégalités historiques persistantes, un legs du colonialisme, y compris la composition même du Conseil.
(Avec des informations du site de Nouvelles de l'ONU)
Cet article est paru dans
Volume 53 Numéro 21 - Novembre 2023
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