L'Université de l'Alberta tente de dissimuler son rôle dans la glorification des collaborateurs nazis et la falsification de l'histoire
L'Université de l'Alberta tente de se distancier du rôle majeur qu'elle a joué dans la glorification des criminels de guerre et des collaborateurs nazis. Après qu'il a été révélé qu'elle avait accepté un don au nom de Yaroslav Hunka, vétéran de 98 ans de la division galicienne de la Waffen-SS qui a reçu deux ovations au Parlement canadien le 22 septembre, l'université a publié le 27 septembre une « Déclaration sur la disposition d'un fonds de dotation ». Elle dit s'être penchée sur le fonds la dotation de 30 000 dollars qui existait au nom de Yaroslav Hunka créé par un don de la famille de Hunka à l'Institut canadien d'études ukrainiennes (ICEU) de l'université en 2019.
« Après avoir examiné attentivement les complexités, les expériences et les circonstances des personnes touchées par la situation, nous avons pris la décision de dissoudre le fonds de dotation et de restituer les fonds au donateur. L'université reconnaît et regrette le préjudice involontaire causé », peut-on lire dans la déclaration.
En disant qu'elle « regrette le préjudice involontaire causé » en acceptant le don d'un membre de la SS, l'Université de l'Alberta laisse entendre qu'elle n'accepterait pas sciemment une telle contribution. En outre, la vice-présidente de l'université Verna Yiu déclare :
« Au nom de l'université, je tiens à exprimer notre engagement à lutter contre l'antisémitisme dans toutes ses manifestations, y compris les façons dont l'Holocauste continue de résonner dans le présent. Les valeurs fondamentales de l'université comprennent un engagement envers l'intégrité académique et envers l'inclusion dans ses recherches, son enseignement et ses contributions au développement de la communauté[1]. »
En d'autres termes, elle ne reconnaît même pas les activités meurtrières de la Waffen-SS Galicie contre les Juifs, mais aussi contre les Polonais, les Roms, les prisonniers de guerre soviétiques, les résistants partisans et d'autres encore. La prétention que le don de la famille Hunka était un égarement aux conséquences regrettables et involontaires, ou que l'université s'engage à respecter « l'intégrité académique et l'inclusion dans ses recherches, son enseignement et ses contributions au développement de la communauté » est une fausseté colossale.
L'ICEU et son projet, l'Encyclopédie en ligne de l'Ukraine, ont accepté de nombreux dons de membres connus de la Waffen-SS Galicie. L'université a fait l'éloge de ces donateurs et de ceux au nom de qui les dons ont été faits. Qui plus est, il attribue sa conception et sa création à Peter Savaryn, un membre de la Waffen-SS Galicie qui a avait été nommé à l'Ordre du Canada, geste sans doute involontaire lui aussi pour lequel la gouverneure générale vient de présenter des excuses et a dit regretter.
Peter Savaryn a été chancelier de l'Université d'Alberta, qui lui a décerné un doctorat honorifique. Il a également été président de l'Association progressiste-conservatrice de l'Alberta et vice-président du Parti progressiste-conservateur du Canada.
Le National Post rapporte : « Dans une déclaration, Rideau Hall a dit regretter le prix décerné à Peter Savaryn en 1987. Savaryn a été chancelier de l'Université de l'Alberta et président du Parti progressiste-conservateur de l'Alberta dans les années 1980. Il a également servi dans la Waffen-SS, une unité nazie volontaire en Ukraine pendant la Deuxième Guerre mondiale. [...]
« Savaryn est décédé en 2017 et, conformément à la constitution de l'Ordre du Canada, sa décoration a été automatiquement annulée. Il a également reçu les médailles du Jubilé d'or et du Jubilé de diamant, et Rideau Hall étudie la possibilité de les annuler. »
L'Université de l'Alberta et le Gouvernement du Canada ne peuvent pas prétendre qu'ils ne savaient pas qui était Peter Savaryn. Cela touche au coeur du problème de la manière dont le Canada a enrôlé des collaborateurs nazis pour faire avancer la guerre froide lancée par les impérialistes anglo-américains contre l'Union soviétique pour établir l'hégémonie mondiale des États-Unis.
|
L'un des premiers projets de l'ICEU a été de signer un contrat pour lancer la soi-disant Encyclopédie de l'Ukraine avec Volodymyr Kubijovyc, le principal collaborateur ukrainien dans la Pologne occupée, qui a collaboré au plus haut niveau avec les nazis pour créer la Waffen-SS Galicie. Kubijovyc était à la tête du Comité central ukrainien (CCU) qui a collaboré avec les nazis lors de l'occupation de la Pologne. Le grand-père de Chrystia Freeland était rédacteur en chef du journal du CCU, connu pour son contenu pronazi et antisémite.
Selon la description qu'elle donne d'elle-même, « l'Encyclopédie en ligne de l'Ukraine est l'ouvrage le plus complet en langue anglaise sur l'Ukraine, son histoire, son peuple, sa géographie, son économie et son patrimoine culturel. Ce site a été créé et est mis à jour par une équipe d'universitaires et d'éditeurs de l'Institut canadien d'études ukrainiennes (ICEU) (Université de l'Alberta/Université de Toronto). Des centaines de spécialistes du monde entier ont contribué et continuent de contribuer à l'Encyclopédie.
« Ce site est une version augmentée et mise à jour de l'édition en cinq volumes (1984-93) de l'Encyclopédie de l'Ukraine qui a été préparée par l'ICEU en coopération avec la Fondation canadienne d'études ukrainiennes et la Société scientifique Shevchenko (NTSh) en Europe occidentale sous la direction du professeur Volodymyr Kubijovyc (rédacteur en chef en 1978-1985) et du professeur Danylo Husar Struk (rédacteur en chef en 1985-1999), et publiée par les Presses de l'Université de Toronto. L'équipe actuelle de l'Encyclopédie est composée de Marko R. Stech, directeur de CIUS Press and Scholarly Publications, Serhiy Bilenky, rédacteur-conseil, Tania Plawuszczak-Stech, rédactrice en chef, Larysa Bilous, rédactrice adjointe, et d'une équipe de rédacteurs spécialisés. Ce site a été conçu par Jaroslaw Kiebalo; Walter Kiebalo a agi en tant que concepteur consultant. Les anciens membres de l'équipe de l'Encyclopédie sont Roman Senkus (anciennement rédacteur en chef) et Andrij Makuch (anciennement rédacteur en chef des manuscrits). Les cartes ont été numérisées et éditées par Bohdan Skrobach et Jaroslaw Kiebalo. Le travail de l'Encyclopédie en ligne de l'Ukraine en Ukraine est rendu possible grâce au soutien organisationnel de l'Université catholique ukrainienne de Lviv.
« L'Encyclopédie en ligne de l'Ukraine est un projet en développement. De nombreuses entrées doivent être ajoutées et de nombreuses entrées existantes doivent être développées et mises à jour afin de refléter les nombreux changements qui se sont produits et continuent de se produire en Ukraine et en Europe de l'Est, et afin d'incorporer des informations qui étaient auparavant inaccessibles. L'équipe éditoriale et les rédacteurs thématiques recueilleront et traiteront systématiquement des informations provenant de diverses sources et les mettront à la disposition du public international sous la forme d'une publication Internet fiable, constamment révisée et mise à jour. Malheureusement, l'ICEU ne peut consacrer qu'une petite partie de son budget annuel à ce projet, et la capacité de l'équipe éditoriale à mettre à jour et à développer la base de données de l'Encyclopédie est sérieusement limitée par des contraintes budgétaires.
« L'Encyclopédie en ligne de l'Ukraine est une entreprise ambitieuse et coûteuse dont l'objectif est de produire et de maintenir la meilleure source électronique d'informations en anglais sur l'Ukraine, celle qui fait le plus autorité. Pour atteindre cet objectif, le projet a besoin du soutien financier des commanditaires et des usagers. Devenez un supporteur de l'Encyclopédie dès aujourd'hui ! Tous les dons seront reconnus avec gratitude et des reçus fiscaux seront délivrés. L'ICEU invite et encourage les donateurs à créer des fonds de dotation destinés à la recherche dans des domaines d'étude particuliers présentés dans l'Encyclopédie en ligne. »
Alors que l'Université de l'Alberta tente de faire preuve d'ingéniosité en déclarant qu'elle a soigneusement examiné « les complexités » de sa décision de restituer le don de la famille Hunka, l'Université de Toronto reste silencieuse. Toutes deux pensent pouvoir cacher l'objectif de l'encyclopédie et son rôle dans la révision de l'histoire pour justifier les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et la glorification des collaborateurs nazis. En fait, on sait aussi que la vice-première ministre du Canada a collaboré à l'encyclopédie, ce qui est minimisé aujourd'hui comme s'il s'agissait d'une entreprise de jeunesse sans conséquence.
Un article d'Andrew Lawton, publié par True North, le rappelle :
« Lorsque Chrystia Freeland était une jeune étudiante, elle a participé à la rédaction d'une encyclopédie qui minimisait les liens de la première division galicienne avec les nazis. En 1986, à l'âge de 18 ans, Mme Freeland a travaillé au deuxième volume de l'Encyclopédie de l'Ukraine.
« L'encyclopédie couvre une série de sujets à travers le prisme ukrainien, y compris la Deuxième Guerre mondiale. Elle fait souvent référence à la 14e division Waffen Grenadier de la SS, une armée de volontaires commandée par les nazis et créée en 1943 pour aider les Allemands dans leurs efforts contre l'Union soviétique sur le front de l'Est. [...]
« L'Encyclopédie de l'Ukraine s'est largement inspirée des travaux originaux en ukrainien de Volodymyr Kubijovyc, un nationaliste ukrainien et collaborateur nazi dont l'antisémitisme et l'affection pour Adolf Hitler sont bien documentés. Kubijovyc était l'un des fondateurs de la 14e unité de la SS.
« Bien que Kubijovyc soit décédé en 1985, il figure toujours sur la liste des éditeurs du volume auquel Chrystia Freeland a contribué et qui a été publié en 1988.
« L'encyclopédie appelle la 14e division SS 'Division Galizien', en référence aux efforts de la Waffen en Galicie. Si l'entrée principale de l'unité se trouve dans le premier volume de l'encyclopédie, elle est référencée à plusieurs reprises dans le second volume, auquel Mme Freeland a contribué.
« L'encyclopédie choisit de se référer aux forces 'allemandes' plutôt qu'aux forces 'nazies', bien que l'unité fusse sous le commandement des SS et pas une unité militaire régulière. Elle tente également de présenter la 14e SS comme un effort principalement ukrainien qui a préparé le terrain pour l'indépendance de l'Ukraine. En réalité, le projet a été mené par le nazi de haut rang Otto Wachter, avec le soutien de Heinrich Himmler.
« '[...] Une formation de volontaires ukrainiens, la Division Galizien, a été créée dans le cadre des forces armées allemandes sur le front soviétique; elle était soutenue par les Ukrainiens non pas en tant qu'unité allemande, mais en tant que noyau des forces armées d'une future Ukraine indépendante', lit-on dans une page de l'encyclopédie.
« 'Au printemps 1944, le front se trouvait en Ukraine occidentale et, en juillet, la division Galizien, une formation ukrainienne des forces armées allemandes créée en 1943 et conçue par les organisateurs ukrainiens comme le noyau de la future armée d'une Ukraine indépendante, a été en grande partie détruite lors de la bataille de Brody', lit-on dans un autre passage.
« L'encyclopédie ne fait aucune référence à la conclusion de Nuremberg selon laquelle la SS était une organisation criminelle. On n'y trouve pas non plus l'accusation d'implication de la 14e division SS Galicie dans le massacre de 500 civils polonais dans le village de Huta Pieniacka.
« Les contributions de Mme Freeland à l'Encyclopédie de l'Ukraine sont le fruit d'un stage de recherche d'été qu'elle a effectué à l'Institut canadien d'études ukrainiennes, financé par le programme Emploi d'été/Développement de l'expérience du gouvernement du Canada.
« Un bulletin d'information de l'ICEU indique que Chrystia
Freeland a 'rédigé des entrées' pour l'encyclopédie sous la
supervision du professeur Bohdan Krawchenko, qui est devenu plus
tard le directeur de l'ICEU. Son nom apparaît également parmi
des dizaines de contributeurs dans les pages liminaires de
l'ouvrage. »
Le ministre de l'immigration, Marc Miller, a déclaré que les
autorités envisageaient de déclassifier certaines parties du
rapport de la Commission Deschênes afin de le rendre public sous
une forme « moins expurgée ». Il a déclaré : « Le Canada a une
histoire très sombre avec les nazis au Canada. [...] Il y a eu
un moment dans notre histoire où il était plus facile d'entrer
au Canada en tant que nazi qu'en tant que juif. Je pense que
c'est une histoire que nous devons réconcilier. »
Si le ministre Marc Miller veut savoir qui sont les collaborateurs nazis, il n'a qu'à consulter la liste des contributeurs à l'encyclopédie de l'ICEU et y ajouter les noms de tous les premiers ministres et fonctionnaires canadiens qui les ont placés dans des positions de pouvoir et de privilège au Canada.
Mais, évidemment, les justifications libérales sont des justifications libérales. L'article d'Andrew Lawton confirme que le porte-parole de Chrystia Freeland a tenté d'aseptiser son rôle dans l'encyclopédie. Il confirme sa participation au projet, mais affirme qu'elle n'avait aucune sympathie nazie.
« La vice-première ministre a contribué, alors qu'elle était jeune, à la rédaction de l'Encyclopédie de l'Ukraine, Volume II. Elle a travaillé exclusivement sur quatre entrées : les champs de foin, l'élevage de chevaux, l'industrie du chanvre de jute et les assurances », a écrit le porte-parole.
« Pendant cette période, la vice-première ministre n'a eu aucune interaction avec Volodymyr Kubijovyc. Elle condamne catégoriquement le nazisme, le fascisme et l'extrémisme de droite sous toutes ses formes.
« Chrystia Freeland était 'très brillante et très compétente', a déclaré Bohdan Krawchenko depuis Bichkek, au Kirghizstan, où il est chercheur principal à l'Université d'Asie centrale.
« Bohdan Krawchenko a déclaré que, bien que l'ouvrage soit basé sur les travaux de Volodymyr Kubijovyc et qu'il le mentionne en tant qu'éditeur, une grande partie de son contenu était original et rédigé dans un souci d''intégrité académique'.
« Pour sa part, Bohdan Krawchenko considère la reconnaissance de Yaroslav Hunka par la Chambre des communes comme une 'tragédie colossale'. 'Qu'on veuille faire de cet individu un héros ukrainien dépasse l'imagination', a-t-il déclaré. Il a ajouté que la célébration d'un vétéran de cette unité sape le 'bilan historique' que les Ukrainiens ont dû subir concernant leur histoire pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Yaroslav Hunka est honoré à la Chambre des communes le 22
septembre 2023
« 'Cette unité historique mérite d'être discutée. L'héritage de la Deuxième Guerre mondiale en Ukraine est quelque chose que les Ukrainiens apprécient', a déclaré Bohdan Krawcenko. 'Qui, dans le monde, aurait pris cette initiative ? J'étais actif au sein de la communauté ukrainienne. Aucune personne saine d'esprit n'aurait fait cela[2].' »
De toute évidence, les collaborateurs nazis affirment qu'ils n'ont joué aucun rôle dans tout cela, ce qui est également un mensonge colossal. Ce que tout cela illustre, c'est qu'avec l'aide du gouvernement du Canada et du gouvernement de l'Alberta, les collaborateurs nazis ont pu se frayer un chemin jusqu'aux plus hauts échelons du pouvoir, comme c'est le cas avec le Congrès des Ukrainiens canadiens (CUC) que Chrystia Freeland semble avoir intégré dans la prise de décision sur la conduite de la collaboration du Canada avec la guerre par procuration des États-Unis/OTAN en Ukraine. Une délégation du CUC a même rencontré Charles III lors de sa visite officielle au Canada. Ses membres étaient également présents à la tribune, debout, applaudissant bruyamment Yaroslav Hunka qui a été présenté comme un « héros ». Il est ridicule de prétendre que personne ne savait qui ils étaient.
La vice-première ministre du Canada Chrystia Freeland et le premier ministre ukrainien Denys Shmyhal posent avec une délégation du CUC, le 11 avril 2023.
Charles et Camilla rencontrent le CUC lors de leur dernière
visite au Canada, le 18 avril 2022.
À gauche
: Paul Grod, alors président de l'UCC, avec le premier ministre
Justin Trudeau le 5 avril 2017, pour discuter de la prolongation
de l'opération. Il s'agit de la mission de formation militaire
permanente du Canada dans le cadre de laquelle le Canada a
sciemment formé des néonazis ukrainiens du bataillon Azov (à
droite, le 3 novembre 2020), ce que le gouvernement a également
tenté de nier.
Réunion entre des fonctionnaires canadiens et le bataillon néonazi Azov, 18 juin 2020
Notes
1. La déclaration complète peut être consultée ici.
2. « Chrystia Freeland contributed to encyclopedia downplaying Ukrainian SS unit's Nazi ties », Andrew Lawton, True North, 27 septembre 2023
Cet article est paru dans
Volume 53 Numéro 18 - Novembre 2023
Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2023/Articles/LS53182.HTM
Site web : www.pccml.ca Courriel : redaction@pccml.ca