La trahison de la CARICOM s'approfondit
Le 2 octobre, les États-Unis ont présenté au Conseil de sécurité de l'ONU une résolution appelant à l'autorisation d'une attaque militaire qu'ils planifient depuis longtemps contre Haïti. La résolution a été adoptée par 13 votes contre 0, avec l'abstention de la Russie et de la Chine. Les pays qui ont voté en faveur de la résolution sont l'Albanie, le Brésil, les Émirats arabes unis, l'Équateur, les États-Unis, la France, le Gabon, le Ghana, le Japon, Malte, la Mozambique, le Royaume-Uni et la Suisse.
La résolution 2699 a été adoptée en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet le recours à la violence contre un État individuel. Plusieurs commentateurs ont souligné qu'en fait cette résolution est illégale et qu'elle est en violation de la charte de l'ONU puisque le Chapitre VII met l'accent sur la défense de la paix internationale en prenant en compte les menaces à la paix et les actes d'agression. Clairement, les activités de gangs criminels dans un État individuel ne constituent pas une menace à la paix internationale, ne relèvent donc pas du Conseil de sécurité de l'ONU et ne sont définitivement pas une affaire qui peut être résolue en ayant recours au Chapitre VII. Il n'est donc pas surprenant que les auteurs de la résolution n'expliquent pas comment la situation en Haïti constitue une menace à la paix internationale. Il est ironique que cette résolution serve à faciliter un acte d'agression non provoquée contre un pays membre, ce que le Chapitre VII vise, en principe, à décourager.
À la lumière de la récente démarche de Biden à l'Assemblée générale de l'ONU, demandant que le Conseil de sécurité adopte immédiatement la résolution autorisant l'agression contre Haïti, il n'était pas surprenant que Jeffery Delaurentis, le représentant des États-Unis, salue la décision comme étant historique tout en avouant que les États-Unis ont dû déployer d'importants efforts pour manigancer cette nouvelle invasion d'Haïti, quand il dit que c'est « le résultat d'un an d'efforts pour en arriver là ». La décision de la Chine et de la Fédération de la Russie de s'abstenir plutôt que d'opposer leur veto rappelle l'adoption de la résolution 1973 le 17 mars 2011. Cette résolution, proposée par la France, le Liban et le Royaume-Uni, autorisait une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye et à cette occasion aussi le Chine et la Fédération de la Russie s'étaient abstenues plutôt que d'opposer leur veto. C'était le feu vert que les États-Unis et leurs alliés espéraient. L'OTAN avait immédiatement déclenché ce que Fidel Castro avait décrit comme une « attaque fasciste » contre la Libye. La destruction barbare de la Libye aux mains de l'OTAN a eu des conséquences catastrophiques pour la vie du peuple libyen. Du pays le plus développé en Afrique, l'agression de l'OTAN l'a transformé en un enfer d'insécurité et de violence, où les personnes noires sont vendues en esclavage et où les récentes inondations désastreuses ont coûté la vie à des milliers de personnes à cause de la destruction des infrastructures du pays. Rappelons que la zone d'exclusion aérienne approuvée par la résolution 1973 devait avoir comme objectif de « protéger les civils », tandis que Susan Rice, la représentante des États-Unis à l'ONU, avait salué l'adoption de la résolution 1973 en ces mots : « Le Conseil a répondu aux appels d'aide du peuple libyen. L'objectif du Conseil était clair : protéger les civils libyens. »
Un représentant de la CARICOM, dont Haïti est membre, s'est aussi intervenu à cette réunion du Conseil de sécurité de l'ONU. L'ambassadeur et représentant permanent de la Jamaïque aux Nations unies, Brian Wallace, a été la personne appelée à intervenir. Soulignant qu'il parlait au nom de tous les 14 pays membres de la CARICOM, il a livré un discours méprisable dans lequel il salue l'invasion planifiée d'Haïti par les États-Unis. Son discours laissait clairement entendre que la trahison d'Haïti et de son peuple était intégrale et sans limite. Est disparu le discours de la CARICOM contre l'invasion militaire et à la défense de la souveraineté d'Haïti pour que le peuple haïtien puisse décider lui-même du destin de son pays. Wallace a plutôt repris tous les points de la propagande américaine, disant même que « le premier pas pour en arriver à des solutions décidées par les Haïtiens aux crises multidimensionnelles du pays » était l'invasion étrangère.
Brian Wallace représente le gouvernement du Parti du travail dont le chef est Andrew Holness, élu avec l'appui de 21 % des électeurs inscrits, et qui s'est avéré un des gouvernements le plus soumis aux intérêts de sa sainteté américaine. Holness est l'un de ces chefs caribéens qui est allé rencontrer le président Donald Trump à Mar-a-Largo, en Floride, alors qu'il cherchait à déstabiliser le Venezuela. En tant que tel, il fallait s'attendre à cette déclaration de l'ambassadeur Wallace. Néanmoins, il est irrationnel de la part du gouvernement d'Andrew Holness, qui a failli dans sa tâche de régler le problème des gangs criminalisés en Jamaïque, de penser que son gouvernement peut résoudre un tel problème en Haïti. Il en va de même pour tous les gouvernements de la région, qui sont aux prises avec des problèmes de criminalité et de gangs criminels et dont le niveau de meurtres est encore beaucoup plus élevé qu'en Haïti.
Contrairement à Andrew Holness, certains membres de la CARICOM, comme le gouvernement de Mia Mottley à la Barbade et celui de Ralph Gonsalves à Saint-Vincent-et-les-Grenadines, se présentent différemment. Ils se présentent comme des progressistes, des panafricanistes, des anti-impérialistes, etc. La trahison sans réserve d'Haïti et de son peuple par la CARICOM et leur collusion avec elle révèlent que leurs affirmations sont totalement frauduleuses. Ils sont de mèche avec Holness et les États-Unis dans cette attaque contre Haïti. Beaucoup se demandent si le récent article de CNN sur la candidature de Mia Mottley au poste de secrétaire générale de l'ONU en 2026 n'est pas sa récompense pour avoir jeté Haïti en pâture aux loups.
Le peuple haïtien est un peuple héroïque et combatif. Il s'est libéré de l'esclavage et a contribué de manière significative à mettre fin à l'esclavage dans les Caraïbes et les Amériques. Dans cette lutte, il a vaincu les invasions de l'Angleterre et de la France de Napoléon. Il saura certainement faire face à cette nouvelle invasion orchestrée par les États-Unis, qui s'inscrit dans la continuité des précédentes.
Tous ensemble pour soutenir Haïti et son peuple !
Non à l'invasion organisée par les États-Unis !
Ne touchez pas à Haïti !
(Caribbean Organization for People's Empowerment, 6 octobre 2023. Traduction : LML)
Cet article est paru dans
Volume 53 Numéro 12 - Octobre 2023
Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2023/Articles/LS53127.HTM
Site web : www.pccml.ca Courriel : redaction@pccml.ca