Critique de film
Plantadas : un film fantasmagorique de haine anti-cubaine
Le 22 septembre, les « Organisations au Canada des Cubains pour la démocratie » ont présenté le film Plantadas à l'Université d'Ottawa. Le film aurait été parrainé par 32 organisations et individus, et approximativement 40 personnes ont assisté à la projection, dont le réalisateur Lilo Vilaplana et des membres du personnel diplomatique des ambassades de la Tchéquie et de la Pologne. Avant la projection, les organisateurs ont fait jouer de la musique cubaine et des gens de différentes régions du pays ont dansé au-devant de la salle, suivi du discours habituel au sujet des « droits humains à Cuba ».
Le film lui-même est, du début à la fin, une expression haineuse et contre-révolutionnaire ayant de toute évidence pour mission de propager la désinformation afin de fomenter la contre-révolution à Cuba et d'encourager les anti-communistes exilés à attaquer le gouvernement révolutionnaire. C'est donc sans surprise que le film commence en annonçant qu'il a été réalisé « grâce à l'appui de politiciens, d'organisations et d'institutions en exil ». Du début à la fin, le film dépeint les révolutionnaires cubains comme des psychopathes, des violeurs, des sadiques, des meurtriers et batteurs de femmes. Au moins 75 % du film est consacré à des scènes de violence et de torture – sans doute fait pour présenter le communisme comme l'incarnation du mal. Pour le comble, l'histoire est racontée par des traîtres, des menteurs et des hypocrites, pour donner l'impression que les êtres humains sont naturellement malhonnêtes et que personne n'est digne de confiance, surtout pas les communistes ou quiconque est associé au gouvernement cubain. Cette diffamation peu crédible est ironique quand on sait que ce type de trahison factionnelle est la méthode des anticommunistes à l'échelle mondiale.
L'histoire se concentre sur trois femmes – America, Alina et Luisa – qui avaient initialement appuyé la révolution mais qui s'y sont opposées lorsqu'elles se sont rendu compte que les dirigeants révolutionnaires étaient de méchants despotes. L'une après l'autre, elles sont pourchassées et enlevées en raison de leurs opinions politiques en opposition au régime, et parfois même en raison de leurs croyances catholiques (on ne parle pas ouvertement de religion, mais cette question est toujours en arrière-plan), et dans certains cas pour leurs liens familiaux. Ces femmes et ces hommes vivent dans l'opulence et rien dans ce film ne communique la vie des masses.
La façon dont le scénario dépeint le sort d'une femme enlevée montre la motivation de l'auteur. Quand des femmes sont jetées dans des camions, accusées d'être des « prostituées », l'une d'elle s'avance vers la foule en criant qu'elle est une « prisonnière politique ». On voit la foule qui l'appuie et qui sympathise, pour faire croire que la révolution n'est pas l'oeuvre des masses, mais quelque chose qui leur est imposé de force par des êtres malveillants. Le message destiné aux Cubains vivant à Cuba et en exil est qu'ils doivent prendre connaissance de la brutalité du gouvernement cubain et agir en conséquence, comme les héroïnes du film.
Les femmes sont ensuite violées par les gardiens, jetées dans les cellules les plus infectes et privées de tout droit. Elles sont torturées sans relâche. L'expérience d'America est qu'après avoir assisté à l'exécution arbitraire de sa codétenue, elle se met à crier « meurtriers » aux gardiens qui décident de la « torturer » en jouant l'Internationale à tue-tête. America crie et pleure, elle tente de boucher ses oreilles qui se mettent à saigner, comme si le chant de la classe ouvrière internationale était insupportable au point de causer une douleur physique. D'autres « prisonnières politiques » sont jetées dans des cellules où sont incarcérées principalement des femmes noires lesbiennes, qui violent et abusent sexuellement des femmes, comme si les personnes noires et les lesbiennes étaient naturellement agressives. Les femmes menstruées sont privées de produits hygiéniques et les gardiens leur disent de prendre « leurs doigts ou le rembourrage des matelas ». On tente ainsi de créer la fiction d'un mouvement révolutionnaire cubain comme un affront aux droits des femmes, alors que le choix du rôle de prisonnières sert à dépeindre Cuba comme un violateur des droits humains de façon générale. Le plus ironique est qu'Angel Santiesteban Prats, un des scénaristes du film, a été condamné en 2012 par les tribunaux cubains à cinq ans de prison pour avoir physiquement agressé sa conjointe.
Comme si les agressions sans fin contre les femmes ne suffisaient pas, leurs amants et des membres de leur famille sont aussi battus, incarcérés et tués de sang-froid et sans procès. La principale trahison – et il y en a plusieurs – a lieu lorsque l'un des deux amants d'Alina est enlevé par son autre amant qui est secrètement à la solde du gouvernent révolutionnaire et qui a infiltré le mouvement contre-révolutionnaire. L'amant kidnappé est torturé et battu, puis libéré grâce à une intervention de l'Organisation des États américains, après quoi il est incarcéré à nouveau.
Le film a aussi des connotations racistes. En plus de dépeindre les femmes noires prisonnières en violeuses agressives envers les « femmes blanches innocentes », les seules autres personnes noires sont dépeintes comme étant du côté du « mal », c'est-à-dire le communisme et Cuba.
En plus d'être odieux par son contenu, le film est exécrable dans sa forme. L'histoire du film n'est crédible que pour les anticommunistes les plus naïfs parce qu'il y a absence totale de cohérence et nulle part voit-on le « mouvement » (terme utilisé dans le film), ce pour quoi les femmes se battent. Il n'y a pas d'histoire ni de contexte. Le film sert uniquement à mettre en relief les maux et les crimes du communisme. Les scènes de torture sont d'une telle brutalité qu'aucune personne avec un minimum de sensibilité ou d'humanité ne peut apprécier le film. Les seules personnes qui pourraient en tirer le moindre plaisir sont celles qui prennent plaisir à voir le communisme et Cuba dépeints de cette façon.
Tout le film repose sur la présentation du communisme, des communistes et des révolutionnaires cubains non seulement comme des gens qui poursuivent un mauvais idéal, mais comme des sadiques pour qui l'infliction de la souffrance et de la douleur est la seule source de bonheur. Les auteurs affirment que ce film est « inspiré de faits réels ». Il associe le communisme et Cuba à tout ce qui est criminel et mauvais pour l'humanité.
Les Canadiens et les Québécois, qui ont une longue tradition d'amitié avec Cuba révolutionnaire, connaissent bien la réalité de Cuba et ce qu'elle a toujours fidèlement représenté : un pays où le peuple se bat héroïquement contre un blocus impérialiste tous azimuts; un pays dont les réalisations en termes d'émancipation des femmes sont historiques; un pays qui n'a pas tout cuit dans le bec mais qui crée tout ce qu'il a par ses propres efforts; un pays qui est toujours aux côtés des peuples du monde dans leur lutte pour la paix, la liberté et la démocratie. Aucune fiction fantasmagorique, aussi vile soit-elle, ne peut effacer la réalité cubaine.
Cet article est paru dans
Volume 53 Numéro 9 - Octobre 2023
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