Journée nationale de la vérité et de la
réconciliation
– Journée du chandail orange
Des dizaines de milliers de personnes soulignent la troisième Journée nationale de la vérité et de la réconciliation
Montréal
Les peuples autochtones, les Canadiens et les Québécois ont tenu des rassemblements, des marches, des événements culturels et des vigiles le 30 septembre pour souligner la troisième Journée nationale de la vérité et de la réconciliation dans tout le pays. Des programmes ont été organisés dans de nombreuses écoles. Cette journée a rendu hommage aux victimes et aux survivants du système des pensionnats indiens, dans lequel plus de 150 000 enfants métis, inuits et des Premières Nations ont été enlevés par l'État colonial canadien. Ces enfants ont été envoyés dans des écoles administrées par les églises loin de leur famille afin de détruire les cultures des peuples autochtones et de les effacer en tant que peuples dans un projet de colonisation brutal. La Journée nationale de la vérité et de la réconciliation a également rendu hommage aux victimes de la « rafle des années 1960 » au cours de laquelle des enfants autochtones ont été enlevés à leur famille par des organismes de protection de l'enfance et placés en adoption ou dans des foyers non autochtones.
La Journée nationale de la vérité et de la réconciliation 2023 a été l'expression de l'unité entre les peuples autochtones, les Canadiens et les Québécois pour non seulement reconnaître les actes répréhensibles commis par l'État canadien dans le passé, mais aussi pour mettre fin à la violence que l'État exerce aujourd'hui contre les peuples autochtones. C'était aussi une expression d'unité politique pour travailler ensemble pour rendre justice aux plus de 6 000 enfants qui sont morts dans les pensionnats, selon le rapport de 2015 de la Commission de vérité et réconciliation. En même temps, elle reflète la détermination à s'assurer que les survivants du système des pensionnats et leurs familles soient adéquatement indemnisés et soutenus pour compenser cet horrible génocide en demandant des comptes aux gouvernements canadiens et aux institutions de l'État.
Malgré les pieuses proclamations du premier ministre Justin Trudeau à cette occasion, qui a dit qu'« alors que les communautés poursuivent leurs recherches pour retrouver les enfants qui ne sont jamais rentrés chez eux, le gouvernement du Canada les accompagnera tout au long du processus en leur fournissant les ressources dont elles ont besoin pour faire toute la lumière sur ce qui s'est passé dans les pensionnats, rendre hommage aux enfants disparus et soutenir les communautés dans leur cheminement vers la guérison », la réalité est que très peu de mesures ont été prises par le gouvernement libéral pour donner suite aux 94 appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation.
En fait, les libéraux de Trudeau ont continué la violence coloniale raciste contre les peuples autochtones, comme dans le cas des attaques paramilitaires organisées par l'État contre les défenseurs de la terre wet'suwet'en à la défense de leurs droits ancestraux sur leur territoire, le refus continu de prendre des mesures pour mettre fin au génocide contre les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones et le sous-financement des programmes sociaux pour les communautés autochtones.
Comme le souligne la déclaration du 29 septembre de l'Association des femmes autochtones du Canada : « Lorsque la Commission de vérité et réconciliation a publié son rapport final, nous avions bon espoir que le processus de réconciliation allait réellement commencer. Le premier ministre a promis de répondre aux 94 appels à l'action. Mais voilà que huit ans plus tard, seuls quelques-uns de ces appels ont fait l'objet d'un suivi. Les travaux visant à les mettre en oeuvre semblent être au point mort. Et certains des appels les plus simples n'ont même pas été abordés. » L'association a appelé le gouvernement et les politiciens à agir maintenant pour mettre en oeuvre les 94 appels.
Cette année, la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation est l'expression de la détermination des peuples autochtones unis aux peuples du Canada et du Québec à intensifier la lutte pour les droits des peuples autochtones afin de mettre fin à l'histoire et à l'héritage colonialistes racistes du Canada.
Colline du Parlement, Ottawa
La troisième Journée nationale de la vérité et de la réconciliation a été commémorée le 30 septembre sur la colline du Parlement. Les t-shirts orange, qui sont devenus l'emblème des enfants morts ou disparus dans les pensionnats, étaient omniprésents sur la Colline et dans les rues d'Ottawa.
De nombreux intervenants ont souligné que la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation était le fait des survivants eux-mêmes. L'aînée Doreen Bernard a déclaré : « Nous rendons hommage aux enfants disparus qui ne sont jamais rentrés chez eux, aux enfants qui ont été retrouvés et à ceux que nous cherchons encore. Nous honorons le courage des survivants qui ont mené la lutte pour la justice, pour dire la vérité, pour dire au Canada et au monde que nous avons survécu à un génocide. Nous rendons hommage aux survivants et à tous nos descendants qui luttent aujourd'hui contre les répercussions des pensionnats. »
Stephanie Scott, du Centre national pour la vérité et la réconciliation, a remercié les survivants autochtones, inuits et métis. « Sans votre force et votre courage, il n'y aurait pas eu d'excuses ni de Commission de vérité et de réconciliation ni de Centre national pour la vérité et la réconciliation. Les survivants ont insisté pour que la vérité sur les pensionnats ne soit jamais oubliée. Aujourd'hui, nous rendons hommage à tous les survivants qui sont avec nous et aux enfants qui sont morts dans ces établissements. Nous devons respecter tous les survivants et amplifier leur voix. Le système des pensionnats avait pour but de détruire la culture autochtone, métisse et inuite, ainsi que nos langues, mais il n'y est pas parvenu. Les esprits de ceux qui n'ont jamais pu rentrer chez eux nous appellent à nous souvenir et à les honorer. Nous avons un symbole puissant de ces vérités.
« Le Registre commémoratif national des élèves contient les noms de 4 140 enfants identifiés grâce aux dossiers de leurs familles. Nos recherches se poursuivent. Nous n'avons pas encore tous les dossiers. Le Centre pour la vérité et la réconciliation continue de travailler avec les églises, le gouvernement et d'autres acteurs afin que nous puissions enfin accéder aux 23 millions de dossiers qui n'ont pas été communiqués à la Commission pour la vérité et la réconciliation. Nous savons que d'autres enfants seront retrouvés et que leurs noms seront ajoutés. »
Le Registre commémoratif national des élèves a été créé afin de ne jamais oublier les enfants qui ne sont jamais retournés chez eux après leur placement dans les pensionnats autochtones et de leur rendre hommage. Il s'agit de la première fois que le nom des enfants qui ne sont pas rentrés chez eux après leur passage dans ces établissements est commémoré et rendu disponible à l'échelle du Canada.
Dans un acte solennel de commémoration, une bannière rouge portant les noms des enfants a été portée à l'avant du rassemblement et des chaussures ont été placées sur la scène pour représenter les enfants dont les histoires n'ont pas encore été racontées, mais qui sont honorés en esprit.
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(Photos : LML, J. Brake, Y. Durocher, St. Benedict School, Island Public, J. Donkersgoed, atlohsa, G. Pirie, M. Pahl, Dan Jet Fans, iiamjamieox, J. Bowes, K. Kay, P. Nichol, The Raven, W. Grant, Coast Meridian, D.R. Ross, K. Maximick, Claire from YVR)
Cet article est paru dans
Volume 53
Numéro 8 - Octobre 2023
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