Deuxième sommet pour la démocratie des États-Unis
Encore plus pitoyable que le premier
Le 29 mars, le président américain Joe Biden et les dirigeants du Canada, du Costa Rica, des Pays-Bas, de la République de Corée et de la République de Zambie ont ouvert le deuxième Sommet pour la démocratie à Washington. Le premier s'est tenu en décembre 2021. Selon Joe Biden, l'objectif de celui-ci était de rassembler des dirigeants du monde entier « pour encourager de nouvelles actions visant à renforcer la résilience démocratique, démontrer comment les démocraties répondent aux besoins des citoyens et mettre en évidence comment les démocraties sont les mieux équipées pour relever les défis les plus pressants du monde ».
Les États-Unis auraient invité 120 dirigeants à ce sommet, qui s'est tenu essentiellement de manière virtuelle mais n'ont réussi à réunir que 65 représentants de « gouvernements et autorités d'Afrique, d'Asie, d'Europe, d'Amérique du Nord et d'Amérique du Sud afin de mettre en place un organe de coordination intergouvernemental ». Le président américain a annoncé un financement supplémentaire de 690 millions de dollars, en plus des 400 millions de dollars annoncés lors du dernier sommet, pour son « initiative pour le renouveau démocratique ». Il a promis que « sur une période de trois ans, mon administration a l'intention de travailler avec le Congrès pour engager 9,5 milliards de dollars dans le cadre de tous nos efforts visant à faire progresser la démocratie dans le monde ».
La figure de proue de la démocratie était Volodymyr Zelensky, président de l'Ukraine, un pays gangrené par la corruption et si peu démocratique qu'il ne remplit même pas les conditions requises pour adhérer à l'Union européenne. Il a prononcé le discours principal le 29 mars. Il a fait cette déclaration tout à fait irrationnelle : « La démocratie doit être capable d'agir – et d'agir à l'avance. La démocratie doit apprendre à être intransigeante face au mal. L'esprit de la démocratie est de trouver un compromis, mais cela ne fonctionne que pour la liberté interne d'un pays donné. Nous devons nous débarrasser de l'illusion que le compromis avec le mal peut apporter quelque chose à la liberté. Les ennemis de la démocratie doivent perdre, et c'est la seule façon de garantir une véritable sécurité pour la démocratie. » Il a fulminé contre la Russie en parlant d'une « stratégie du monde libre par rapport à la Russie totalitaire » et dit que « le mal doit perdre la guerre ». Et ensuite : « Premièrement. Nous ne devrions pas penser à sauver la face de Poutine afin de réduire prétendument le coût de la lutte contre lui. Nous devons penser à la manière de préserver le respect de la démocratie dans les pays où la liberté n'a pas encore gagné. [...] Deuxièmement [...] la défense de la démocratie doit disposer de toutes les armes qui garantiront de manière fiable la défaite de l'agresseur. Troisièmement. Les Russes doivent contribuer à protéger le monde du Kremlin, dont ils ont toléré l'impunité. Il est nécessaire de rechercher, de geler et d'ordonner le recouvrement non seulement des avoirs individuels de l'État agresseur et des parties qui lui sont liées, mais aussi de tous les avoirs de la Russie et des riches Russes qui ont échangé le silence contre l'accroissement de leur richesse. Ils doivent être motivés pour agir en faveur de la liberté et pour mettre fin à cette agression et au régime terroriste du Kremlin. [...] La démocratie a besoin d'une victoire. Maintenant ! Cette année ! Pas à un autre moment. Pas avec le temps. Maintenant ! »
Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol, qui était co-hôte du sommet, et le président Biden ont publié une déclaration commune dans laquelle ils affirment que depuis 2021, « le processus du Sommet pour la démocratie a rassemblé des centaines de dirigeants de gouvernements, de la société civile et du secteur privé qui se sont engagés à renforcer la gouvernance démocratique, à protéger les droits humains et à faire progresser la lutte contre la corruption. Les gouvernements participants ont pris des centaines d'engagements pour réformer les lois et les politiques, renforcer les institutions transparentes et responsables, et apporter un soutien supplémentaire aux réformateurs démocratiques, aux journalistes et aux activistes. Les organisations non gouvernementales ont utilisé la plateforme du Sommet pour la démocratie pour développer leur propre travail vital pour la protection des plus vulnérables et demander des comptes à leurs dirigeants. Les entreprises ont pris des mesures pour améliorer la résilience démocratique par le biais de leurs pratiques commerciales et de leur engagement auprès des travailleurs, des communautés et d'autres parties prenantes. »
Cela montre que le sommet n'est qu'un instrument de
l'administration Biden pour faire reconnaître les États-Unis
comme leader incontesté en matière de démocratie et de droits
humains, en dépit de l'état de choses aux États-Unis et des
crimes commis chez eux et dans le monde. Selon le Global
Times, « l'ambition de l'administration Biden d'attirer
davantage de pays dans son camp d'intérêt pour contenir ses
rivaux, en particulier la Chine et la Russie, a été imbriquée
dans l'ordre du jour de l'événement et est trop évidente pour
être cachée ».
La contribution du Canada à un sommet bidon
Le premier ministre Justin Trudeau, qui participait au sommet avec plusieurs membres de son cabinet, est intervenu lors d'une « séance plénière des dirigeants » sur le thème « La démocratie appuie l'inclusion et l'égalité ». Un communiqué de presse du Bureau du premier ministre indique que lors du sommet, Justin Trudeau a réitéré « l'attachement du Canada à la démocratie, aux droits de la personne et à la primauté du droit » et a annoncé « l'octroi de plus de 50 millions de dollars à des initiatives visant à promouvoir et à protéger la démocratie au Canada et à l'étranger ».
Ce financement comprend une subvention de 2 millions de dollars
destinée à accroître le soutien du Canada aux « programmes
d'aide d'urgence et de renforcement des capacités du département
d'État des États-Unis », en plus des 3 millions de dollars
annoncés lors du dernier sommet en 2022.
Financement de la Fondation nationale pour la démocratie
Ce financement de l'ingérence dans les affaires d'autres pays pour promouvoir les intérêts des États-Unis n'est pas nouveau. Les libéraux de Trudeau et les conservateurs de Harper avant eux ont accordé de nombreuses subventions à l'Institut républicain international, qui se décrit comme « l'un des principaux instituts de la Dotation nationale pour la démocratie (NED), dont la mission est de faire progresser la démocratie dans le monde entier ». En date du 21 mars, les listes publiques des subventions et contributions gouvernementales montrent que, sous les régimes Harper et Trudeau, Affaires mondiales Canada a versé à l'Institut républicain international un peu moins de 18 millions de dollars.
Parmi les projets les plus récents de l'Institut républicain international figure celui qui a été annoncé le 23 mars. Le « Center for Insights in Survey Research » de l'Institut a réalisé un sondage en Argentine, en République dominicaine, au Salvador et au Panama, décrits comme des « pays ayant bénéficié d'importants investissements financiers de la part de Pékin ». Le sondage visait à déterminer les « connaissances et la perception » des résidents de ces pays concernant « l'influence du Parti communiste chinois (PCC) ». L'étude a conclu que les résultats de l'enquête montraient « des lacunes en matière de connaissances et les possibilités de résistance à l'influence autoritaire du PCC en Amérique latine et dans les Caraïbes ». Se référer à la République populaire de Chine en tant que Parti communiste chinois est devenu la terminologie convenue des agents de police de l'alliance « Groupe des Cinq ». Dans aucun autre cas les activités d'un gouvernement sont-elles désignées comme les activités du parti politique qui dirige le gouvernement.
L'enquête déplore que, bien que la Chine ait étendu son influence en Amérique latine et dans les Caraïbes, notamment par l'intermédiaire de la Banque chinoise de développement et de la Banque chinoise d'import-export, qui ont accordé plus de 138 milliards de dollars de prêts depuis 2005, « les gens ne sont généralement pas au courant des activités financières du gouvernement chinois ». L'Institut rapporte, par exemple, que « c'est au Panama que cette méconnaissance est la plus forte, 62 % des personnes interrogées n'ayant connaissance d'aucun investissement chinois majeur ».
L'Institut y voit un problème car « sans cette connaissance [de la présence de la Chine dans leur pays], le public n'est pas en mesure de faire pression sur le gouvernement contre les investissements et les prêts défavorables ». « Alors que les gouvernements d'Amérique latine et des Caraïbes sont de plus en plus liés au PCC, il est essentiel d'évaluer la compréhension et l'opinion du public sur l'implication du PCC dans leur pays », conclut l'Institut, fournissant ainsi aux autres services de ces agences de police une orientation pour leur travail.
L'augmentation du financement par le gouvernement libéral de la participation du Canada à la campagne multiforme de l'OTAN dirigée par les États-Unis et des agences de police des pays membres, ainsi que sa tentative de justifier cette participation au nom d'idéaux élevés, montrent que dans les institutions libérales démocratiques en perte de crédibilité et en voie d'extinction d'aujourd'hui, l'hypocrisie et l'impudeur des élites dirigeantes n'ont pas de limites.
Sur fond d'une hystérie montante concernant l'ingérence chinoise au Canada sur la base de fuites policières dans les médias, le gouvernement canadien des pouvoirs de police poursuit une stratégie visant à créer des tensions et des craintes au sujet d'agents étrangers qui auraient pour objectif de saper les systèmes politiques et électoraux du pays. Ce faisant, il étend son ingérence ouverte et secrète dans les affaires intérieures des pays qu'il déclare « hostiles » et ne faisant pas partie des nations du monde « partageant les mêmes idées », et persiste dans son offensive antisociale incessante contre ses propres citoyens.
Cet article est paru dans
Volume 53 Numéro 5 - Mars 2023
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