Le dangereux objectif des États-Unis avec la création d'une OTAN asiatique
Depuis mai 2022, les États-Unis, le Japon et la République de Corée (RdC) ont tenu plus d'une vingtaine de réunions de haut niveau. Les entretiens du premier ministre japonais Fumio Kishida et du président de la République de Corée Yoon Suk-yeol en marge du sommet de l'OTAN à Madrid le 29 juin 2022 ont été l'une des plus importantes de ces rencontres. Cette réunion a exigé que les États-Unis cajolent les cercles dominants du Japon pour surmonter leurs réticences à être perçus comme faisant preuve de déférence envers leur ancienne colonie, et cette dernière, ne voulant pas être considérée comme conciliante envers son ancien oppresseur colonial.
Les réunions tripartites visent à présenter un front uni pour que les États-Unis puissent prétendre qu'ils ont des partenaires consentants dans leurs objectifs hégémoniques dans la région, malgré les contradictions entre la RdC et le Japon. Une de ces contradictions est le refus persistant du Japon de présenter des excuses et des réparations pour l'asservissement en temps de guerre de près de 1 million de Coréens.
Les cercles dirigeants du Japon ont leurs propres objectifs de remilitariser le Japon et d'envoyer ses troupes à l'étranger pour étendre sa puissance économique et militaire. Le fait d'inciter une hystérie au sujet de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) n'est qu'un prétexte pour atteindre ces objectifs, dont celui d'augmenter massivement ses dépenses militaires.
Les réunions entre les États-Unis, le Japon et la RdC ont comme objectif premier de diaboliser la RPDC sous couvert de « dénucléarisation de la péninsule coréenne » pour blâmer la RPDC pour la hausse des tensions dans la région. Ce sont les États-Unis qui approvisionnent la RdC en armes nucléaires depuis 1958, en violation de l'accord d'armistice de 1953. Les menaces constantes des États-Unis ont conduit la RPDC à développer sa dissuasion nucléaire. C'est sans parler du fait que le seul pays dont il est prouvé qu'il représente une menace nucléaire dans le monde sont les États-Unis qui ont utilisé des bombes atomiques sur le Japon en 1945. Malgré tout cela, les États-Unis ont manipulé ces rencontres pour afficher leur « engagement inébranlable » à défendre la RdC et le Japon, sans exclure le recours aux armes nucléaires.
Lors de ces réunions, les expressions « un Indopacifique libre et ouvert » et « un ordre international fondé sur des règles » abondent. Il s'agit d'euphémismes pour le diktat impérialiste de la force fait le droit, notamment que les navires de guerre des États-Unis et d'autres pays, y compris le Royaume-Uni et le Canada, peuvent aller où bon leur semble. Le rôle du Canada dans l'application d'un blocus naval illégal contre la RPDC, l'empiétement de ces forces dans les eaux territoriales d'autres pays, ainsi que leurs actes de provocation contre la Chine, comme l'envoi de navires de guerre dans le détroit de Taïwan, en sont tous des exemples.
Bien que les États-Unis, le Japon et la République de Corée
affirment que le but n'est pas de créer une OTAN asiatique,
c'est exactement ce qui se passe. Une telle alliance va à
l'encontre de la volonté des peuples du Japon et de la Corée,
qui veulent des relations pacifiques et rejettent le fléau de la
guerre. Le peuple japonais en général rejette les tentatives des
cercles dirigeants de leur pays de retirer les garanties
pacifistes de leur constitution qui empêchent les forces armées
du Japon d'être déployées à nouveau à l'étranger. Le peuple
coréen souhaite la réunification pacifique de sa nation, libre
de toute ingérence étrangère. Avec le peuple chinois et d'autres
peuples, il continue de demander une véritable indemnisation
pour les crimes du colonialisme et du militarisme japonais, ce
que les cercles dirigeants au Japon, qui veulent rétablir le
militarisme, refusent de faire. Ni le peuple japonais ni le
peuple coréen ne veulent des bases et des troupes américaines
dans leur pays, et le bellicisme de l'OTAN en Europe leur
indique clairement qu'une OTAN asiatique ne servira ni leurs
intérêts ni leur lutte pour la paix.
Le rôle agressif des États-Unis au sommet de l'APEC
Un événement marquant a eu lieu le 18 novembre 2022, en marge du forum de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC), lorsque la vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, a convoqué le premier ministre du Japon, Fumio Kishida, le premier ministre de la République de Corée, Han Duck-soo, le premier ministre de l'Australie, Anthony Albanese, la première ministre de la Nouvelle-Zélande, Jacinda Ardern, et le premier ministre du Canada, Justin Trudeau. Cette rencontre a montré qu'en plus de créer une OTAN asiatique avec le Japon et la RdC, les impérialistes américains s'attendent à ce que le Canada, la Nouvelle-Zélande et l'Australie emboîtent le pas et appuient les objectifs hégémoniques des États-Unis en Asie.
Le prétexte de la réunion était que la RPDC avait fait l'essai d'un missile balistique de longue portée. Cet essai a été présenté en dehors du contexte de la décision de la RPDC de développer de tels armements en réponse aux agressions incessantes des États-Unis et au refus d'entreprendre des négociations légitimes pour la paix depuis la fin de la guerre de Corée, à moins d'y être forcés.
La Maison-Blanche a, au contraire, donné un compte-rendu intéressé de la réunion de l'APEC pour diaboliser et isoler la RPDC. Les États-Unis ont prétendu que « la voie du dialogue reste ouverte à la RPDC » et que la réunion « exigeait de la RPDC qu'elle abandonne sa provocation insensée et revienne à une diplomatie sérieuse et soutenue ».
Le bureau du premier ministre Justin Trudeau a rapporté à peu
près de la même manière la réunion avec Kamala Harris : «
Le premier ministre a fermement condamné les actes de
provocation de Pyongyang et a réclamé la coordination constante
de la communauté internationale pour contrer la menace que
représentent les programmes nucléaires et de missiles
balistiques en cours en Corée du nord. »
Des manoeuvres militaires dirigées par les États-Unis
autour de la péninsule coréenne
En plus de tenir des réunions avec la Corée du sud et le Japon, les États-Unis ont intensifié les exercices de guerre tripartites avec ces deux pays afin de former, en pratique, une alliance agressive de type OTAN en Asie. Tous ces exercices de guerre sont présentés comme des réponses aux activités de la RPDC, mais c'est pour dissimuler que ce sont les États-Unis qui représentent la menace la plus grave pour la paix dans la région et que le but de ces exercices n'est pas la légitime défense, mais la préparation à l'agression et à la guerre dirigées par les États-Unis en Asie.
Le département de la Défense des États-Unis indique : « Du 8 au 14 août 2022, la marine des États-Unis, la Force d'autodéfense maritime du Japon et la marine de la RdC ont participé à une alerte de missiles et à un exercice de recherche et de localisation de missiles au cours de l'exercice multinational Pacific Dragon près de la côte où est située la zone de tir de missiles du Pacifique, en Hawaï. »
Il ajoute : « À la suite de la réunion ministérielle multilatérale États-Unis-République de Corée-Japon du 11 juin, cet exercice d'alerte, de recherche et de localisation de missiles a fait foi de l'engagement des États-Unis, la RdC et le Japon de développer la coopération trilatérale afin de répondre aux défis posés par la RPDC, protéger la sécurité et la prospérité communes, et consolider l'ordre international fondé sur des règles. »
Le 30 septembre 2022, les marines de la RdC, des États-Unis et du Japon ont mené des exercices anti-sous-marins trilatéraux à l'est de la péninsule coréenne. Comme on pouvait s'y attendre, la marine de la RdC a affirmé que les exercices étaient « conçus pour améliorer sa capacité de répondre aux menaces grandissantes des sous-marins nord-coréens, y compris leurs missiles balistiques mer-sol (MBMS) », tandis que les États-Unis ont dit que les exercices augmenteraient l'interopérabilité et la coordination tactiques et techniques des deux pays. Les marines américaine et japonaise ont aussi dit que les exercices visent à promouvoir « une région indopacifique libre et ouverte ».
Ces exercices anti-sous-marins étaient suspendus depuis 2017 dans le cadre des efforts du gouvernement précédent de Moon Jae-in pour créer les conditions de négociations entre la RPDC et les États-Unis. Le président actuel de la RdC, Yoon Suk-yeol, a ouvertement affirmé que son but était d'impliquer davantage la RdC dans la « coopération trilatérale de sécurité » avec les États-Unis et le Japon.
Les trois pays ont tenu un « un exercice de défense antimissile trilatéral dans les eaux entre la Corée et le Japon » le 6 octobre 2022, dont les États-Unis ont dit qu'il « vise à améliorer l'interopérabilité de nos forces collectives et met en lumière la puissance de la relation trilatérale avec nos alliés japonais et sud-coréens, qui est audacieuse et qui reflète nos valeurs communes, et s'oppose résolument à ceux qui compromettent notre stabilité régionale ». Ils ont aussi affirmé qu'au cours de la même semaine, les États-Unis « ont mené des exercices aériens avec nos alliés de la RdC et du Japon, ainsi qu'un exercice conjoint de missiles tactiques à tir réel avec la RdC. »
Un autre exercice naval trilatéral a eu lieu le 22 février, qui, dit-on, devait privilégier le partage d'information sur les missiles balistiques.
Alors que l'armée américaine parle de « valeurs communes », le fait demeure qu'en vertu du Commandement des forces combinées RdC/États-Unis, en temps de guerre les forces militaires de la RdC sont subordonnées au commandement des États-Unis, tout comme les forces armées canadiennes sont subordonnées au Commandement Nord des États-Unis. Les États-Unis ont près de 24 000 troupes et 15 bases en RdC.
En même temps, les Forces armées États-Unis-Japon ont stationné 50 000 soldats américains dans 23 bases partout au Japon.
Cet article est paru dans
Volume 53 Numéro 5 - Mars 2023
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