Réunion des ministres des affaires étrangères du
G20
à New Delhi les 1er et 2 mars
Les tentatives d'imposer l'agenda anti-Russie et anti-Chine dans les rencontres internationales se poursuivent
Le Groupe des 20 (G20), qui rassemble les plus grandes économies mondiales, sera présidé par l'Inde en 2023[1]. En préparation du sommet des chefs d'État qui se tiendra en septembre à New Delhi, différents groupes de travail tiennent des réunions en Inde depuis décembre 2022, tandis qu'une réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 s'est tenue à New Dehli les 1er et 2 mars 2023.
Le G20 rassemble les États-Unis, le Canada et l'Union européenne, ainsi que la Russie et la Chine. Notamment, depuis que les États-Unis et l'OTAN ont déclenché leur guerre par procuration en Ukraine, les États-Unis et leurs alliés ont cherché à utiliser le G20 pour tenter d'isoler la Russie et d'imposer leur soutien à l'Ukraine à d'autres pays. C'est ce qui s'est passé lors de la récente réunion des ministres des Affaires étrangères.
La réunion ministérielle a été ouverte par un message enregistré du premier ministre de l'Inde, Narendra Modi, qui a appelé à une « unité d'objectif et d'action » des États du G20 pour surmonter la crise de l'architecture internationale de l'après-Deuxième Guerre mondiale. Il a exhorté les participants au sommet à surmonter leurs différences pour atteindre cet objectif.
Au cours de la réunion, des discussions approfondies ont porté sur le multilatéralisme, la sécurité alimentaire et énergétique, la coopération au développement, la lutte contre le terrorisme et d'autres points à l'ordre du jour. Des inquiétudes ont été exprimées au sujet de la situation internationale actuelle et de la nécessité de renforcer le multilatéralisme.
Le ministre des Affaires étrangères de l'Inde, Subrahmanyam Jaishankar, a déclaré qu'il y avait « un large accord sur la plupart des questions ». Toutefois, l'élément le plus marquant de la réunion a été l'échec des États-Unis, représentés par le secrétaire d'État américain Antony Blinken, et de leurs alliés à faire adopter des résolutions et à condamner la Russie pour la guerre en Ukraine, qui était un point de discussion et de désaccord majeur lors de la réunion, de sorte qu'un communiqué conjoint habituellement publié à la fin de la réunion n'a pas pu être produit, ce qui a nécessité la publication d'un « document final » par l'Inde, qui assurait la présidence.
La Russie et la Chine ont toutes deux émis de fortes objections quant aux deux paragraphes du projet de déclaration empruntés au sommet de Bali de l'an dernier, qui exigeaient le retrait inconditionnel de toutes les troupes russes du territoire ukrainien.
Le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que le comportement « d'une série de membres du G20 » avait transformé le travail sur l'agenda du G20 en farce dans leurs « tentative de blâmer Moscou pour leur propre mauvaise gestion ». Les agences de presse indiquent que Sergueï Lavrov a déclaré que « les attaques contre Moscou au G20 semblent 'particulièrement sauvages' de la part de nations qui 'ne se sont jamais plaintes lors des réunions [de l'organisation] des centaines de milliers de victimes des aventures de Washington au Moyen-Orient, qui ont été menées sous le prétexte de la sécurité nationale' à des milliers de kilomètres du sol américain ». Sergueï Lavrov a ajouté : « Nous devons nous prémunir contre les sanctions illégales, la manipulation des marchés, le plafonnement arbitraire des prix et les autres tentatives d'appropriation des ressources d'autrui. » Les politiques occidentales « dégradent les relations économiques internationales, les militarisent », a-t-il déclaré, ajoutant que la Russie était choquée par le « sabotage impuni » des pipelines Nord Stream, qui s'est produit « dans la zone de responsabilité de l'OTAN et de l'UE ».
Le ministre des Affaires étrangères de la Chine, Qin Gang, a déclaré lors de la réunion que, face à une situation internationale instable et à des défis mondiaux croissants, le G20 devait se montrer à la hauteur, renforcer la coopération et apporter sa contribution au développement et à la prospérité du monde. Il a appelé les pays du G20 à pratiquer un véritable multilatéralisme et à suivre les principes du dialogue sur un pied d'égalité et de la recherche d'un consensus par la consultation, et à ne pas s'engager dans une politique de puissance ou même dans une confrontation de blocs. Il a souligné la nécessité de promouvoir un développement sain de la mondialisation, de rejeter l'unilatéralisme, le protectionnisme et les tentatives de découplage ou de rupture des chaînes d'approvisionnement, et de rendre le développement mondial plus inclusif, plus résilient et plus bénéfique pour tous.
La ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, a assisté à la réunion, où elle a également encouragé la confrontation avec la Russie et la Chine, et a laissé la politique étrangère du Canada être dictée par les objectifs des États-Unis et de l'OTAN. Elle n'a rien dit sur la façon dont les États-Unis et l'OTAN ont déclenché leur guerre par procuration en Ukraine contre la Russie, tout en affirmant que la Russie diffuse de la désinformation et qu'« il était important que le Canada soit présent pour contrer la désinformation russe ». Mélanie Joly a également rencontré pour la première fois le ministre des Affaires étrangères de la Chine, Qin Gang, en marge de la réunion ministérielle. Elle a repris le ton démagogique et peu diplomatique adopté par le premier ministre Trudeau avec le président chinois Xi Jinping lors du sommet du G20 à Bali l'année dernière, en déclarant que « le Canada ne tolérera jamais aucune forme d'ingérence étrangère dans notre démocratie et nos affaires intérieures de la part de la Chine ».
Par ailleurs, des manifestations de masse contre la réunion du
groupe de travail du G20 sur l'éducation, qui s'est tenue à
Amritsar du 15 au 17 mars, ont été organisées par des fermiers
et des travailleurs du Pendjab. Ils ont scandé : « À bas
l'impérialisme », « À bas le vol des terres », « À bas
le vol de l'eau », « Vive les luttes pour le contrôle des
ressources ». Pour empêcher les manifestants d'atteindre
Amritsar, l'armée a été envoyée pour les confiner dans les
villages. Des milliers de personnes ont néanmoins atteint
Amritsar et ont dénoncé l'hypocrisie du premier ministre. Les
fermiers ont déclaré qu'il portait son turban dans le style et
la couleur de Bhagat Singh, mais qu'il vendait les ressources et
le travail des habitants du Pendjab. Les réunions des
représentants des oligarchies financières et des oligopoles ne
peuvent rien apporter de bon au peuple. Les gens ont scandé des
slogans en faveur de la libération des prisonniers politiques,
qui sont en prison depuis des années, même après avoir purgé
leur peine.
Notes
1. En 2023, le groupe compte 20 membres : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, États-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, République de Corée, Japon, Mexique, Royaume-Uni, Russie, Turquie et Union européenne. Parmi les invités figurent, entre autres, l'Espagne, les Nations unies, la Banque mondiale, l'Union africaine et l'ANASE. Au sein du G20 se trouve le G7 : le Canada, la France, l'Allemagne, l'Italie, le Japon, le Royaume-Uni et les États-Unis, ainsi que l'Union européenne.
Le G20 a été fondé en 1999 après une succession de crises économiques mondiales. Depuis 2008, il se réunit au moins une fois par an, avec des sommets auxquels participent les chefs de gouvernement ou d'État, les ministres des Finances, les ministres des Affaires étrangères et d'autres hauts fonctionnaires de chacun des membres; l'UE est représentée par la Commission européenne et la Banque centrale européenne. D'autres pays, des organisations internationales et des organisations non gouvernementales sont invités à participer aux sommets, parfois de manière permanente.
Wikipédia décrit le G20 comme « un forum intergouvernemental composé de dix-neuf des pays aux économies les plus développées et de l'Union européenne ». Il indique que le G20 s'efforce de résoudre les principaux problèmes liés à l'économie mondiale, tels que la stabilité financière internationale, l'atténuation du changement climatique et le développement durable. Le G20 est composé de la plupart des plus grandes économies du monde, y compris des nations industrialisées et en développement et « représente 75 % du commerce mondial, près des deux tiers de la population mondiale et plus de 80 % du produit mondial brut (somme des PIB de tous les pays du monde) ».
Cet article est paru dans
Volume 53
Numéro 5 - Mars 2023
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