18 mars 2011
La guerre des États-Unis/OTAN contre la Libye
Calgary, 9 avril 2011
La guerre criminelle de l'OTAN contre la Libye a été menée au nom de la doctrine impérialiste de défense de la « responsabilité de protéger ». L'agression s'est produite dans le contexte de ce qu'on a appelé le « printemps arabe », au cours duquel des manifestations ont eu lieu contre différents gouvernements en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, dans de nombreux cas instiguées ou contrôlées par des forces extérieures pour organiser un changement de régime au service des intérêts impérialistes.
L'opération de l'OTAN, désignée comme une « zone d'exclusion aérienne » au-dessus de la Libye, a eu lieu officiellement entre le 7 mars et le 31 octobre 2011. La guerre a été déclarée peu après que les véhicules du leader libyen Mouammar Kadhafi et d'autres Libyens ont été bombardés par l'OTAN, et Mouammar Kadhafi a été capturé et brutalement assassiné par les forces de milices de l'OTAN sur le terrain le 20 octobre 2011. Ce qui a été présenté comme l'instauration d'une « zone d'exclusion aérienne » a été en fait une campagne de bombardements impitoyables contre l'armée et les villes libyennes et contre les civils libyens patriotiques qui s'étaient armés pour se défendre.
Après ce crime, la fraude selon laquelle l'OTAN tuait des Libyens pour défendre des manifestants ou promouvoir la liberté et la démocratie a été oubliée. Après un bombardement médiatique des médias monopolisés, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, faisant la promotion des histoires les plus folles pour justifier l'agression impérialiste, et ensuite vanter les actions brutales de l'OTAN et de ses alliés sur le terrain, la Libye a disparu de l'actualité, à l'exception de mentions occasionnelles du dysfonctionnement du pays et des crimes continus contre le peuple commis par ceux que l'OTAN a mis au pouvoir. Il y a eu, notamment, de véritables cas de massacres de manifestants, qui ne seraient désormais plus une source d'inquiétude pour l'OTAN ou pour les cercles dirigeants américains et canadiens.
Des maisons détruites par les frappes aériennes de l'OTAN dans
le village de Majer, le 9 août 2011
La Libye n'est réapparue dans l'actualité que lors des atrocités commises contre les chrétiens coptes par des forces alliées à l'OTAN qui ont prêté allégeance à l'État islamique en Irak et en Syrie (EIIL, également connu sous le nom de Daesh), sans compter les appels de l'Égypte et d'autres pays en faveur d'une nouvelle intervention militaire dans le pays. Aucune conclusion justifiée n'a été tirée par ceux qui ont favorisé et permis l'agression qui a détruit l'État libyen, dévasté ses villes et porté les voyous au pouvoir.
Pour bloquer l'opposition populaire à l'agression en Libye, l'impérialisme américain a entrepris une mobilisation totale de ses laquais dans les médias, les milieux politiques, le milieu universitaire et les ONG; cette alliance maudite a clamé que les autorités libyennes procédaient à un massacre impitoyable et que le génocide était imminent si l'OTAN ne déclenchait pas une guerre. Tous les députés du Canada, sauf un, ont appuyé la mission. Selon cette alliance, l'opposition à la guerre était impossible. Contrairement à l'Irak, à l'Afghanistan, au Vietnam et à d'autres guerres américaines, l'impérialisme répondait à des besoins humanitaires urgents, a-t-on dit aux gens, tandis que Mouammar Kadhafi était dépeint comme un fou. La confusion et l'hésitation semées au sein du peuple se sont accompagnées d'un refus de reconnaître la réalité de ce qui s'était passé et de condamner cette propagande de guerre qui violait la Convention de Genève.
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La réalité de la situation en Libye, qui n'était en fait pas un mystère à l'époque, a été précisée par certaines études universitaires et autres qui n'ont pas été soulignées ni prises en compte. Un document d'orientation politique intitulé « Lessons from Libya : How Not to Intervene » (Les leçons de la Libye : Comment ne pas intervenir) publié en septembre 2013 par le Belfer Center for Science and International Affairs de l'Université Harvard souligne le caractère frauduleux du prétexte invoqué pour cette guerre :
« Contrairement à ce qui a été rapporté dans les médias occidentaux, Kadhafi n'a pas initié la violence en Libye en attaquant des manifestants pacifiques. Les Nations unies et Amnistie Internationale ont montré que dans les quatre villes libyennes ravagées par le conflit civil à la mi-février 2011, Benghazi, El Beïda, Tripoli et Misrata, ce sont en fait les manifestants qui ont initié la violence. Le gouvernement a réagi aux gestes des rebelles en envoyant l'armée, mais n'a jamais intentionnellement ciblé de civils ou fait usage excessif et aveugle de la force, comme l'ont affirmé les médias occidentaux. Les comptes rendus de presse initiaux ont exagéré le nombre de morts, le multipliant par dix, rapportant « plus de 2000 morts » à Benghazi au cours des premiers jours de l'insurrection, alors que Human Rights Watch n'a recensé plus tard que 233 morts dans toute la Libye pour cette période. »
« Une autre preuve que Kadhafi a évité de cibler les civils vient de la ville libyenne qui a été la plus touchée par les premiers combats, Misrata. Selon HRW, sur les 949 personnes qui ont été blessées au cours des sept premières semaines de la rébellion, seulement 30 étaient des femmes ou des enfants, ce qui signifie que les forces de Kadhafi se concentraient exclusivement sur les combattants. Au cours de la même période, seulement 257 personnes ont été tuées dans cette ville de 400 000 habitants, une fraction inférieure à 0,0006, ce qui apporte une preuve supplémentaire que le gouvernement a évité d'utiliser la force sans discernement. De plus, Kadhafi n'a pas commis de « massacres » dans les villes que ses forces ont reprises aux rebelles avant l'intervention de l'OTAN, notamment Ajdabiya, Bani Walid, Marsa, Le Brega, Ras Lanouf, Zaouïa et une grande partie de Misrata. Il n'y avait donc pratiquement aucun risque que cela se produise s'il avait eu le temps de reprendre le dernier bastion rebelle de Benghazi. »
« Les faits démontrent que l'objectif premier de l'OTAN était le renversement du régime de Kadhafi, même au coût d'importantes souffrances parmi les Libyens. L'OTAN a attaqué les forces libyennes sans discernement, y compris des unités en repli et d'autres dans la ville natale de Kadhafi, Syrte, qui n'étaient pas une menace pour les civils. L'OTAN a continué de soutenir les rebelles alors qu'ils avaient rejeté à plusieurs reprises les propositions de cessez-le-feu du gouvernement qui auraient pu mettre fin aux violences et épargner les civils. »
Ce document, basé sur un article paru dans le journal Security International intitulé « A Model Humanitarian Intervention ? Reassessing NATO's Libya Campaign » (Une intervention humanitaire modèle ? Réévaluer la campagne de l'OTAN en Libye), clarifie ces questions dans l'optique de proposer une intervention militaire plus « efficace » qui « ne se retourne pas » contre ses initiateurs comme dans le cas de la Libye. Les objectifs de l'intervention de l'OTAN ont été effectivement atteints, notamment la destruction du projet libyen d'édification d'une nation indépendante et l'expansion de l'emprise de l'impérialisme américain sur le continent africain et sur le Moyen-Orient.
Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) a souligné lors du quatrième anniversaire de la guerre : « Cette propagande de guerre était si trompeuse qu'elle a transformé en leur contraire tous les termes et définitions hérités du XXe siècle. Ces termes sont devenus des armes aux mains des impérialistes pour lancer leurs agressions et fouler aux pieds le droit public. En cet anniversaire de l'agression de la Libye, il est plus urgent que jamais que les peuples élaborent leur propre pensée, analysent les conditions objectives et rejettent les termes démagogiques du passé et les définitions vagues et déformées qui peuvent servir la guerre impérialiste et le droit de monopole. Les définitions modernes des droits humains, de la démocratie, du socialisme, du syndicalisme et du développement économique ne peuvent être articulées que dans la lutte contre l'impérialisme à la défense des droits de tous, dans des actions avec analyse au service des intérêts du peuple contre le droit de monopole. Même la définition des intérêts du peuple et de la lutte pour défendre ces intérêts et du contrôle de sa destinée doit être la création du peuple lui-même et de ses organisations. »
La Libye avait autrefois le niveau de vie le plus élevé d'Afrique et un large éventail de programmes sociaux fournis gratuitement. L'anarchie, la violence et la crise massive des réfugiés qui ont accompagné la destruction de la Libye sont des tragédies. Le crime repose carrément aux pieds des impérialistes américains et des pays de l'OTAN, dont le Canada. Cette déstabilisation s'est étendue aux pays voisins de la Libye. Cela montre clairement que la frauduleuse doctrine de la sécurité humaine et de la responsabilité de protéger n'est qu'un exemple brutal de plus de la doctrine impérialiste irrationnelle et en faillite inventée pendant la guerre du Vietnam : « Nous avons dû détruire le village pour le sauver ».
En 2011, le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) a souligné la nécessité de dénoncer l'agression contre la Libye et a appelé les Canadiens à rejeter la manipulation de ces événements par les États-Unis, l'OTAN et d'autres qui n'ont pas à coeur les intérêts des peuples de leur pays et du monde. Le PCC(M-L) a appelé la classe ouvrière et les jeunes du Canada à diriger les mouvements antiguerre et pour la paix afin d'adopter des positions sans équivoque contre les préparatifs d'invasion de la Libye et de s'opposer à la tentative d'amener les Canadiens à se joindre à un groupe qui demande l'invocation de la doctrine impérialiste de la « responsabilité de protéger » sous prétexte d'« arrêter les tueries » en Libye. Le PCC(M-L) a appelé le peuple à prendre fermement position contre les allégations mensongères qui servent de prétexte pour envahir la Libye et réaliser les visées des États-Unis et des autres ennemis des peuples.
Le PCC(M-L) avait souligné à l'époque : « Peu importe les
nobles idéaux invoqués pour justifier ces activités, elles
demeurent des violations du droit international et un crime
contre la paix, le crime le plus grave de tous au plan
international. Ces lois qui appuient le droit international ont
été établies en réponse aux pertes terribles de la Deuxième
Guerre mondiale, dans le but de garantir qu'une telle guerre ne
se produira plus jamais. La gravité du crime qui a été commis
contre le peuple libyen démontre à quel point il est urgent que
les Canadiens travaillent à s'investir du pouvoir pour établir
un gouvernement antiguerre qui incarne l'aspiration des
Canadiens à faire du Canada une véritable force de paix dans le
monde. »
Manifestations partout au Canada contre le bombardement de la Libye par l'OTAN en 2011
Cet article est paru dans
Volume 53 Numéro 2 - Mars 2023
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