24 mars 1999
Le bombardement de la Yougoslavie par l'OTAN
Le 24 mars 1999, les bombes se sont mises à pleuvoir sur
Belgrade. L'OTAN commençait son attaque criminelle contre la
Yougoslavie. Sous prétexte d'une intervention humanitaire, les
États-Unis et les grandes puissances de la Vieille Europe, en
particulier l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne,
secondés par le Canada et tous les pays membres de l'OTAN à ce
moment-là, ont déclenché une guerre aérienne et des destructions
massives et injustifiées dans ce pays.
Plus de 80 % des frappes de l'OTAN ont eu pour cible des civils, des quartiers résidentiels, des endroits de travail, des cliniques et des écoles. Plus de 50 000 sorties et le recours à l'uranium appauvri ont créé des problèmes de santé à long terme et contaminé l'environnement. Les frappes contre les usines de production chimique ont contaminé la population et l'environnement et les bombes à fragmentation et les mines ont continué de tuer et de mutiler les gens au-delà de la guerre. Même l'ambassade de la République populaire de Chine a été bombardée, et deux employés de l'ambassade y ont été tués.
La guerre d'agression contre la Yougoslavie a servi de précédent à la destruction du droit international. En déclenchant cette guerre, l'OTAN a violé sa propre charte fondatrice, l'Acte final d'Helsinki de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et la Charte des Nations unies. La souveraineté et l'intégrité territoriale de la Yougoslavie, garanties par la Charte des Nations unies, ont été ignorées et ouvertement attaquées dans le cas de ce pays membre fondateur des Nations unies.
La « contribution » du Canada à la perpétration de ces crimes de guerre dans l'ancienne Yougoslavie a été substantielle. En 1999, le Canada siégeait à la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies où aucun pays n'avait soumis de résolutions pour obtenir l'approbation des frappes contre la Yougoslavie. Il a grandement contribué aux prétextes fabriqués de crise humanitaire auxquels il a eu recours pour légitimer le contournement des institutions comme les Nations unies établies dans la période d'après-guerre. Le Canada lui-même a fourni 18 Hornets CF-18 et des équipes au sol pour les sorties. Des aéronefs canadiens ont réalisé 682 sorties au coût de 54,5 millions de dollars, ont largué au total 530 bombes dont 361 guidées par laser. Quelques semaines seulement avant la guerre, le Canada a acheté un approvisionnement d'urgence de 300 bombes de l'armée américaine. Des pilotes canadiens ont mené 10 % des frappes aériennes. Tel fut le rôle du Canada dans l'« intervention humanitaire » de l'OTAN.
À l'époque, le Canada défendait et faisait beaucoup de tapage au sujet de la « politique de sécurité humanitaire » du ministre des Affaires étrangères d'alors, Lloyd Axworthy, dont le contenu a été repris par l'OTAN pour ses interventions futures et est devenue sa « doctrine de la responsabilité de protéger ».
La guerre de l'OTAN contre la Yougoslavie a été le premier engagement militaire ouvert de l'organisation depuis sa formation, mais ce n'est pas tout. Elle a marqué un véritable tournant dans la perpétration de crimes contre l'humanité qui sont passés d'opérations secrètes à la violation ouverte de l'état de droit international[1]. Par exemple, c'est dans cette guerre qu'il y a eu la première tentative ouverte d'assassinat d'un chef d'État en Europe. Les frappes militaires des studios de radio et de télévision à Belgrade, renouvelées le 3 mai, Journée mondiale de la liberté de la presse, ont engendré la doctrine de l'OTAN selon laquelle tout journaliste, travailleur des médias ou organe de presse qui ne travaille pas pour l'OTAN est un ennemi propagandiste et une cible militaire. Depuis cette attaque contre la liberté d'expression, la liberté de la presse et le droit de conscience, le nombre de journalistes et de photographes de presse tués dans l'exercice de leur métier a augmenté de façon phénoménale.
Malgré tous les prétextes soulevés pour justifier la guerre et la destruction gratuite qu'elle a causée, l'OTAN a utilisé cette guerre pour proclamer son intention de mener des guerres mondiales de destruction et d'occupation et, ultérieurement, de changement de régime. Les agressions contre l'Irak et l'Afghanistan et la « guerre contre le terrorisme » lancée le 11 septembre montrent amplement ce qu'est l'« humanitarisme » de l'OTAN.
Les projets d'un « grand Moyen-Orient », l'ingérence au Soudan, au Tibet et au Caucase, les campagnes contre le Zimbabwe, Cuba, la Somalie et le Liban, la destruction ultérieure de la Libye, l'agression contre la Syrie et les menaces de guerre constantes contre l'Iran et la République populaire démocratique de Corée ainsi que les actes d'agression et de sanctions contre le Venezuela, ainsi que l'ingénierie des coups d'État contre Haïti, la Bolivie, le Honduras, le Pérou, entre autres, et la guerre par procuration menée par les États-Unis contre la Russie en utilisant l'Ukraine, montrent que le « nouvel ordre mondial » des impérialistes, fondé sur la réalisation de leur objectif de domination par la force, a laissé derrière lui un océan de dévastation et de misère humaine. La voie tracée par l'OTAN en Yougoslavie est en violation de la Charte de l'ONU et de l'état de droit international qui repose sur le renoncement au recours à la violence pour résoudre les conflits entre nations.
Parmi les bombardements aveugles de cibles civiles par l'OTAN
figuraient le ministère de l'Intérieur de Serbie (à gauche) et
la radiotélévision serbe.
Les bombardements criminels de l'OTAN de la Yougoslavie, tout comme l'invasion américaine de l'Irak, la destruction de la Libye, les assassinats de leurs dirigeants et les changements de régime, n'ont pas réussi à unir la bureaucratie américaine. Les luttes entre factions se sont multipliées et les États-Unis sont au bord d'une guerre civile ouverte à l'intérieur du pays, tandis qu'ils intensifient leur bellicisme et les préparatifs d'une guerre à grande échelle à l'étranger. Ce que l'on appelle les institutions démocratiques libérales ne fonctionnent plus pour régler les différends au sein de la classe dirigeante. Plus les dirigeants gouvernent par décret, plus ils prétendent défendre la démocratie, les droits humains et ce qu'ils appellent un ordre fondé sur des règles.
Le Canada a succombé complètement aux exigences des États-Unis d'intégrer l'économie et les ressources canadiennes à la production de guerre des États-Unis et de consacrer de plus en plus de ressources à l'OTAN, à la militarisation de la culture et de la vie et à la criminalisation de l'opposition à cette politique, tant au Canada qu'à l'étranger. Les États-Unis n'acceptent aucune négociation, même au sein du bloc de l'OTAN. Ils organisent des exercices de guerre imposants dans la région Asie-Pacifique et ailleurs pour s'assurer que les forces armées de chaque pays sont intégrées sous le commandement des États-Unis. comme c'est le cas pour le Canada, la Pologne et les forces spéciales italiennes parmi tant d'autres. Ils exigent que les pays paient les coûts du maintien des bases et des forces américaines sur leurs territoires et qu'on laisse ces forces agir en toute impunité en vertu de soi-disant accords sur le statut des forces signés avec des pays comme la Corée du sud et le Japon. Tout cela est fait au nom de la paix, de la liberté et de la démocratie et montre aux peuples les dangers qui les guettent et la nécessité non seulement de sortir leur pays de l'OTAN et de démanteler l'OTAN, mais aussi de lutter pour faire de tous les pays des zones de paix.
Clairement, la tragédie déclenchée par les frappes brutales et
criminelles de la Yougoslavie en 1999 au nom de la « sécurité
humaine » et autres prétextes « humanitaires » n'était
que le début de ce que les États-Unis et leur alliance
belliciste de l'OTAN ont commis depuis. Il faut tout mettre en
oeuvre pour briser les tentatives des impérialistes, de leurs
porte-parole et de leurs agences dans chaque pays de désorienter
l'unité du peuple contre les guerres de destruction et les
changements de régime. Toute personne éprise de paix est appelée
à s'unir dans l'action pour établir des gouvernements antiguerre
qui ne permettent pas de tels crimes contre l'humanité. Tous les
moyens officiels, ouverts ou secrets utilisés pour désorienter
le mouvement pour la paix et répandre la désinformation pour
tenter d'empêcher les gens de déployer la force de leur nombre
et de leur organisation doivent être contrecarrés.
Note
1. Dans son livre « The Globalization of NATO » (Clarity Press, 2012), Madhi Darius Mazemroaya souligne l'importance de la guerre en Yougoslavie pour l'OTAN.
Cet article est paru dans
Volume 53 Numéro 2 - Mars 2023
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