Anniversaires d'agression et de guerre des
États-Unis/OTAN en mars
16 mars 1993
Les crimes du Canada en Somalie il y a trente ans – en mémoire de Shidane Arone
Le 16 mars 2023 est le 30e anniversaire de l'assassinat de Shidane Arone, un jeune Somalien âgé de 16 ans, par des soldats canadiens, membres du Régiment aéroporté, corrompu par des éléments racistes connus. Ce dernier avait été envoyé en Somalie dans le cadre d'une « mission humanitaire ». Il s'est avéré par la suite que c'est George H.W. Bush qui avait « invité » le premier ministre de l'époque, Brian Mulroney, à se joindre à la « mission de secours » dirigée par les États-Unis. Les responsables politiques et militaires de l'époque ont par la suite révélé que la véritable motivation du Canada était de pouvoir jouer un rôle de premier plan dans une mission importante, afin que le Canada puisse faire oublier le rôle mineur joué par l'armée canadienne dans la guerre du Golfe.
D'horribles « photos trophées » montraient des soldats canadiens avec Shidane, qui avait été soumis à la torture et à de multiples indignités, suivies d'autres vidéos similaires montrant des soldats du Régiment aéroporté participant à des rites d'initiation troublants et à caractère raciste. Ces actes criminels et inhumains et la manière dont ils ont été traités par les autorités canadiennes ont révélé de manière éclatante la vision raciste officielle qui sous-tend toutes les pratiques du Canada et de ses institutions. C'était il y a 30 ans et, à ce jour, le Canada refuse toujours de procéder à la modernisation et au renouvellement nécessaires sur tous les fronts, ce qui exigerait entre autres l'abandon des structures de l'État colonial imposées par une loi du Parlement impérial britannique en 1867.
Une commission a été créée pour enquêter sur les « incidents » en Somalie, comme on a appelé les atrocités. Les observateurs de l'époque ont noté que l'objectif réel de l'enquête était d'établir la « quasi-impossibilité de trouver des réponses absolues » aux crimes horribles. L'État canadien a tout fait pour enterrer la vérité sur ce qui s'est passé en Somalie et sur le racisme qui imprègne les forces armées. La commission elle-même a déclaré dans son rapport de 2 000 pages que le statu quo n'était pas suffisant et que des changements radicaux étaient nécessaires « pour regagner la confiance perdue dans les Forces armées canadiennes et pour restaurer l'honneur du rôle traditionnel du Canada en tant que gardien de la paix internationale ».
En fait, le premier ministre Jean Chrétien a mis fin aux audiences à la fin de l'année 1996, avant que l'enquête ne puisse achever ses travaux, prétextant que les Canadiens s'étaient « désintéressés de l'affaire somalienne ». Les commissaires n'avaient pas encore eu l'occasion d'entendre des témoins critiques ou d'examiner certaines des questions les plus fondamentales concernant les événements allégués. Ils n'ont même pas eu le temps d'examiner l'affaire qui avait alerté et indigné l'ensemble des Canadiens en premier lieu, à savoir la torture et le meurtre de Shidane Arone.
En cette anniversaire, nous rendons hommage à la mémoire de Shidane Arone et de toutes les victimes d'atrocités commises par les forces armées canadiennes. Sur le monument en l'honneur des Casques bleus canadiens à Ottawa, à côté de l'ambassade américaine et devant le Musée des Beaux-Arts, des militants antiguerre ont peint le nom de Shidane. Après plusieurs années, les responsables de la propriété de la Commission de la capitale nationale se sont décidés à l'effacer. Ce nom, Shidane Arone, devrait y être gravé de façon permanente.
(Archives LML)
Cet article est paru dans
Volume 53
Numéro 2 - Mars 2023
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