La désinformation sur l'Ukraine
La conception du monde de la désinformation
Les accusations et contre-accusations sont devenues une des caractéristiques du conflit actuel en Ukraine. Il y a plusieurs éléments inquiétants, mais nul plus que le pouvoir de la désinformation d'attiser les passions, de désorienter et de confondre, voire de complètement accabler.
Alors que la plupart de ceux à qui ces reportages sont destinés ne sont pas en mesure de savoir de manière indépendante ce qui se passe en Ukraine, il est clair que les représentants des États-Unis et des pays de l'OTAN, leurs médias et leurs acolytes, et les représentants de l'Ukraine eux-mêmes, sont passés maîtres dans l'art de rendre la Russie responsable des atrocités. Les Russes sont accusés d'avoir commis des crimes de guerre qui ne semblent jamais faire l'objet d'enquêtes par des organismes impartiaux et selon des normes professionnelles. Nombre d'entre elles s'avèrent fausses, mais les responsables, leurs médias et leurs acolytes passent ensuite à la suivante. Ils parviennent à attiser les passions et à couvrir la vérité, à taire les crimes connus des forces qu'ils soutiennent ou à les blanchir, puis à déverser leur haine contre la Russie pour justifier encore plus de crimes qu'ils imputent ensuite aux Russes.
Plus les crimes imputés à la Russie sont exposés, plus les crimes imputés à la Russie deviennent extrêmes. C'est la conception du monde à la base de ces récits qui rend ce qui se passe acceptable ou inacceptable, mais ce n'est pas vraiment la question. Le fait est que cela sert à détourner l'attention de la nécessité de nous mobiliser pour mettre de l'avant notre propre demande que le Canada soit une zone de paix, que le Canada se retire de l'OTAN et que l'OTAN soit démantelée. Dans le cas de l'Ukraine, les forces des États-Unis/OTAN font tout pour prolonger la guerre et disent qu'il n'y a pas de possibilité de solution négociée, seulement une solution militaire. Ils déversent des armes en Ukraine, utilisant dans de nombreux cas le conflit comme une excuse pour se débarrasser de technologies obsolètes, puis ordonnent que des sommes énormes soient dépensées pour la production de nouvelles armes. Pendant ce temps, ils utilisent l'Ukraine pour tester la réponse des forces russes, des services de renseignement et autres, tout en se complaisant dans leur position de prolonger la guerre « jusqu'au dernier Ukrainien ».
La loi de prêt-bail adoptée par les États-Unis signifie que les peuples d'Europe paieront le coût de ces armes pendant des décennies, sans compter le coût de l'« accueil » de troupes et de bases étrangères sur leurs territoires et les conséquences des sanctions contre la Russie. Ils poursuivent l'expansion de l'OTAN dans une provocation pure et simple qui met encore plus en danger la sécurité de la Russie le long de sa plus longue frontière avec la Finlande. Le renversement de la politique étrangère de la Finlande, fondée sur la neutralité depuis la Deuxième Guerre mondiale, lorsque son territoire a été utilisé par les nazis allemands pour envahir l'Union soviétique, est un sujet de grave préoccupation pour les peuples d'Europe du Nord, de toute l'Europe et du monde entier.
Pour ceux qui suivent la situation de près, les crimes commis par les néonazis qui ont été intégrés dans les forces armées ukrainiennes ont été amplement exposés. Or, ils sont minimisés par la déclaration banale qu'en temps de guerre, les opérations psychologiques et les fausses nouvelles sont monnaie courante. Il n'est pas possible de savoir qui dit la vérité, nous dit-on, en citant un expert ancien ou moderne de la stratégie de guerre pour souligner leur point.
Néanmoins, ce que ces forces ne peuvent pas cacher, c'est la conception du monde qu'elles propagent, qui est raciste, obscurantiste, revancharde, belliqueuse, violemment anti-peuple et anti-Russie.
Les meilleurs exemples sont les actions et les déclarations de ceux qui constituent ce qu'on appelle les extrémistes de droite ou les éléments de droite en référence aux néonazis et aux descendants d'anciens collaborateurs nazis appelés combattants de la liberté. Ils sont imprégnés de haine et de bravade à l'idée de commettre des actes odieux contre les Russes, mais les responsables des États-Unis et de l'OTAN affirment que ces forces ne contrôlent pas la campagne militaire ukrainienne, laquelle est menée par une structure de commandement des États-Unis et de l'OTAN.
Quant aux allégations de crimes commis par les Russes, la Russie elle-même a demandé à l'ONU de mener des missions d'enquête indépendantes sur les massacres, les frappes militaires contre les civils et les sabotages auxquels les forces russes se seraient livrées. Elle a également demandé une réponse sérieuse à ses allégations qu'il y a en Ukraine des laboratoires destinés à la guerre biologique. C'est en effet ce qu'il convient de faire. Malgré les arguments sérieux présentés dans le récent article détaillé de Seymour Hersh sur le sabotage du gazoduc NordStream 2, aucune mesure n'est prise pour corroborer ou réfuter ses allégations, et la diffamation que c'est la Russie qui aurait elle-même saboté le gazoduc se poursuit.
Au-delà de cela, il n'est pas nécessaire de commenter la conception du monde que la Russie épouse, car c'est elle qui continue d'exiger un règlement négocié depuis 2014, demande à laquelle il faut également répondre. En outre, personne ne peut sérieusement soutenir que sa demande d'une reconnaissance internationale de ses préoccupations légitimes en matière de sécurité et de l'institution de garanties contre une expansion de l'OTAN n'est pas juste, ou que la population du Donbass ne mérite pas d'être protégée contre les crimes commis contre elle par les formations néonazies.
À gauche : manifestation à Ottawa en 2014 pour exiger que
le gouvernement canadien
cesse de soutenir et de financer les néonazis en Ukraine; à
droite : message de 2020 sur les médias sociaux du Donbass,
Ukraine.
Le problème n'est pas qu'en temps de guerre, les « deux camps » commettent des crimes pour atteindre leurs objectifs. Le problème n'est pas que, pour s'opposer à ces crimes, il faille se ranger du côté d'une Ukraine juste et s'opposer à une Russie diabolique ou, inversement, se ranger du côté d'une Russie juste et s'opposer à une Ukraine diabolique. Les crimes de guerre ne peuvent être excusés en disant que c'est « des choses qui arrivent » en temps de guerre. Tous les responsables doivent être traduits en justice, mais c'est précisément ce que les forces des États-Unis/OTAN ne permettront pas. Elles ont été prises en flagrant délit à commettre des crimes et à dire des mensonges depuis si longtemps et il ne faut pas l'oublier quand on veut se faire une idée de ce qui se passe en Ukraine aujourd'hui.
C'est une méthode nazie éprouvée que de commettre les massacres les plus odieux, comme le massacre d'officiers polonais dans la forêt de Katyn, pour ensuite l'imputer aux Russes. Et il existe de nombreux autres crimes de ce type commis avant, pendant et après la Deuxième Guerre mondiale que la machine de propagande nazie et l'empire des journaux Hearst aux États-Unis ont imputés aux communistes afin de brouiller les cartes.
La litanie de mensonges, d'histoires et d'opérations sous faux drapeaux que les États-Unis ont perpétrés pendant la guerre de Corée, la guerre du Vietnam, les coups d'État orchestrés par les États-Unis et les opérations terroristes menées tout au long des années 1950, 1960, 1970 et 1980. Jusqu'à aujourd'hui, cela en dit long sur la cause que défendent les États-Unis, l'OTAN et ses pays membres.
Le problème est que « l'Occident collectif », comme on appelle désormais souvent l'offensive des États-Unis et de l'OTAN, utilise l'Ukraine comme une base avancée pour isoler, humilier et écraser la Russie et, selon toute vraisemblance, étendre leur hégémonie non seulement sur l'Europe mais aussi sur l'Asie-Pacifique afin d'isoler la Chine. Il est également évident qu'ils utilisent l'Ukraine comme un dépotoir pour les armes américaines obsolètes qu'ils ont vendues aux membres de l'OTAN et qui ont atterri dans les mains des néonazis que les forces des États-Unis et de l'OTAN ont laissé envahir l'Ukraine. Plus important encore, toutes les mesures prises par les États-Unis et les pays de l'OTAN, y compris le Canada, qui bloquent un règlement négocié et prolongent la guerre, devraient elles-mêmes être considérées comme des crimes de guerre.
Cet article est paru dans
Volume 53 Numéro 1 - Février 2023
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