La réunion des ministres de la Défense de l'OTAN les 14 et 15 février
Des appels à intensifier les exportations d'armes en Ukraine et les dépenses militaires
Une réunion des ministres de la Défense des 30 pays membres de l'OTAN a eu lieu à Bruxelles les 14 et 15 février. Les ministres de la Suède, de la Finlande et de l'Ukraine y ont aussi participé. La réunion a eu lieu peu de temps avant la conférence sur la sécurité à Munich qui est liée à l'OTAN. À l'ordre du jour des deux rencontres était la propagation d'une désinformation au sujet de la guerre par procuration des États-Unis/OTAN en Ukraine et la perspective d'une victoire sur le champ de bataille contre la Russie peu importe le prix à payer, plutôt que de chercher une fin négociée au conflit.
Les discours publiés du secrétaire général de l'OTAN, le général Jens Stoltenberg, et les rapports sur le site web de l'OTAN indiquent qu'un des principaux points à l'ordre du jour de la réunion était la nécessité pour les membres de l'alliance de « renforcer notre industrie de la défense » afin d'intensifier la production et de fournir les munitions requises en Ukraine et aussi pour qu'ils puissent reconstituer leurs propres stocks de munitions.
« Nous sommes clairement dans une course aux logistiques, a dit Stoltenberg lors d'une conférence de presse avant la réunion. Les capacités essentielles comme les munitions, le combustible et les pièces de rechange doivent arriver en Ukraine avant que la Russie saisisse l'initiative sur le champ de bataille. La célérité sauve des vies. »
Pour faire valoir une certaine urgence, il a dit que l'Ukraine utilisait les munitions à un rythme de beaucoup supérieur à ce que l'OTAN et ses industries d'armement connexes peuvent fournir, au moment où la Russie intensifie son offensive militaire. Le temps d'attente pour des munitions de gros calibre, a-t-il dit, est passé de 12 à 28 mois, et les commandes passées aujourd'hui ne seront livrées que dans un an et demi.
Les ministres devaient aussi commencer à discuter d'un nouvel engagement d'investissement à la défense – une référence au 2 % du produit intérieur brut (PIB) que les membres de l'OTAN doivent consacrer aux dépenses militaires. Compte-tenu que moins du tiers des pays membres ont atteint cette cible fixée en 2006, la pression s'intensifiera pour que tout le monde entre dans le rang. Les mesures à prendre seront vraisemblablement décidées lors du sommet de juillet à Vilnius, en Lituanie, où se réuniront les chefs d'État et de gouvernement de l'OTAN.
Si l'on prend l'exemple du Canada, selon un estimé du directeur parlementaire du budget tel que cité dans un article de la Presse canadienne, il faudrait injecter un 75 milliards de dollars supplémentaires au cours des cinq prochaines années au-delà des milliards déjà dépensés pour atteindre la cible de 2 % du PIB !
Un autre point à l'ordre du jour de la réunion de l'OTAN, selon les déclarations publiques, est la protection des infrastructures critiques, « en particulier l'infrastructure sous-marine, l'infrastructure en mer, car nous avons constaté que ces câbles et pipelines sous-marins sont vulnérables », a dit Stoltenberg. Ceux qui ont fait sauter l'oléoduc Nordstream qui relie la Russie à l'Allemagne en sont sûrement très conscients.
Lorsqu'un journaliste lui a demandé après la réunion pourquoi le public devrait croire que l'OTAN n'est pas en guerre contre la Russie, le secrétaire général a dit que ni l'OTAN ni ses alliés n'étaient impliqués dans ce conflit. Ce qu'ils font, a-t-il poursuivi, c'est de fournir de l'aide à l'Ukraine, qui se défend. La forme d'aide de l'OTAN a évolué et continuera d'évoluer, jusqu'à ce que l'Ukraine obtienne les armes dont elle a besoin pour reprendre ses territoires et remporter la guerre.
En lien avec la réunion ministérielle de l'OTAN, le Groupe consultatif sur la défense de l'Ukraine dirigé par les États-Unis a aussi tenu sa réunion mensuelle. Ce groupe est composé de 30 membres de l'OTAN et de 24 autres pays. Il prétend se pencher sur la coordination de l'apport d'aide militaire à l'Ukraine et des moyens pour l'expédier en Ukraine, ou d'abord en Pologne où les soldats ukrainiens reçoivent une formation sur le maniement de l'équipement reçu en don, comme les chars d'assaut Leopard.
Lors de sa réunion de janvier, le groupe de consultation a contribué à l'expédition d'armes offensives lourdes en Ukraine, en préparation pour l'offensive printanière. C'est vraisemblablement à cette réunion que la demande d'avions de combat aurait été discutée.
Lors d'une conférence de presse après la réunion, le secrétaire américain de la Défense Lloyd Austin a parlé des défis posés à l'OTAN en raison de la variété d'équipements et d'armes qui ont été donnés à l'Ukraine. Il est rapporté qu'une grande partie de l'équipement a besoin de réparations, de pièces de rechange et qu'ils ne seraient pas prêts au combat. « C'est une tâche monumentale que de rapiécer tous ces systèmes, de former les troupes en fonction de ces plateformes, d'avoir un plan d'entretien pour tous ces systèmes pour les intégrer dans les combats », a-t-il dit.
Le général Mark Milley, le président du Comité d'état-major interarmes de l'armée américaine, qui est aussi président du groupe de consultation, a tenté de dissimuler les problèmes que connaissent les États-Unis dans leur guerre par procuration, comme savoir d'où viendront les munitions et les pièces de rechange pour les chars d'assaut et d'autres équipements qui se font détruire. Il a dit que l'Ukraine était en train de gagner la guerre, que la Russie avait déjà perdu et payait un « prix énorme » en termes de pertes humaines.
Si toute cette bravade vise à contrer le mécontentement et la colère populaires grandissants face à la dévastation engendrée par l'acharnement des États-Unis/OTAN à ne chercher qu'une victoire militaire contre la Russie, aussi irréalisable soit-elle, et peu importe le prix que les peuples en Ukraine, dans d'autres pays de l'Europe et partout dans le monde devront payer, c'est un échec cuisant. En dépit de l'enthousiasme des gouvernements comme celui du Canada et ceux des puissances européennes à s'engager pleinement dans la guerre pour anéantir la Russie, l'édifice de l'OTAN est ébranlé et le sera davantage, en particulier en raison des sanctions économiques ciblant la Russie qui ont en fait un impact punitif sur les peuples d'Europe.
Quelque temps après ces réunions de l'OTAN, des dizaines de milliers de voix pour dire Non ! à la guerre par procuration des États-Unis/OTAN et exiger que leur pays sorte de l'OTAN et que l'OTAN soit démantelée ont résonné haut et fort aux manifestations en Allemagne et dans d'autres pays européens pendant la tenue de la Conférence de Munich sur la sécurité.
Cet article est paru dans
Volume 53 Numéro 1 - Février 2023
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