Une évaluation des contributions américaines basée sur l'apologie nazie

Kris Osborn, président de Warrior Maven, le centre pour la modernisation militaire à Washington, qui anciennement a travaillé au Pentagone en tant qu'expert hautement qualifié au bureau du secrétaire adjoint des procurations de l'armée, des logistiques et de la technologie, et en tant que présentateur et spécialiste militaire à Fox News, MSNBC, The Military Channel et The History Channel, est très représentatif de la propagande de l'OTAN qui promeut d'armer l'Ukraine pour isoler et anéantir la Russie.

L'auteur écrit au sujet de nombreux bulletins d'information russes que « ce sont des critiques acerbes et ce qu'on pourrait qualifier de forme de propagande biaisée sur la question de l'arrivée prévue d'Abrams américains et de Leopard 2 allemands en Ukraine ».

« Évidemment, les chars d'assaut Leopard et Abrams sont de très puissants véhicules. Cependant, ces chars d'assaut sont sans utilité s'ils ne sont pas protégés par des avions de combat et par un puissant appui défensif et d'artillerie », a dit le vice-président de l'Académie russe des sciences des missiles et de l'artillerie Konstantin Sivkov au quotidien turc Aydinlik.

Bien que Kris Osborn invite ses lecteurs à un « certain scepticisme » face à ces critiques et commentaires, il reconnaît que « plusieurs des commentaires et des citations publiés par l'agence de nouvelles TASS en Russie et dans l'agence russe Sputnik soulèvent des questions importantes en rapport avec la guerre en Ukraine et certaines de ces dynamiques tactiques et de gestion des opérations.

« Dans les articles de TASS et de Sputnik, on soutient que les chars d'assaut américains Abrams connaîtront un problème de 'survie' contre la Russie en raison de l'absence actuellement d'armes antichar et d'avions de combat, d'un appui aérien rapproché et de formations interarmes. »

L'auteur rapporte que l'ancien inspecteur d'armes américain Scott Ritter a écrit dans Sputnik : « La décision de fournir des chars d'assaut lourds occidentaux à l'Ukraine est, littéralement, suicidaire, et ceux qui prétendent veiller aux meilleurs intérêts de l'Ukraine devraient en tenir compte avant qu'il ne soit trop tard ». En grande partie, écrit Ritter, « les armements lourds comme des chars d'assaut ont peut-être été rendus caducs avec l'arrivée d'armes antichar et d'autres technologies ».

L'auteur réplique en contestant ces critiques à l'aide d'arguments fallacieux, en citant, entre autres, des sources nazies de la Deuxième Guerre mondiale, qui prétendent que la Russie est trop faible pour atteindre ses objectifs en Ukraine ! Sa propagande belliciste empruntée de l'OTAN est telle qu'on pourrait croire que ce sont les nazis qui ont remporté la Deuxième Guerre mondiale.

Selon Kris Osborn, la Russie est en train de perdre en Ukraine parce que, entre autres, sa capacité de reconnaissance est « médiocre » et que, selon lui, cette médiocrité « pourrait être retracée à aussi loin que la Deuxième Guerre mondiale, selon un essai bien documenté du 2 février publié par le National Institute for Public Policy intitulé 'L'immuabilité des méthodes de combat russes', par James Lariviere ». Parlant tout bonnement de généraux « allemands » et non nazis, il écrit : « Cet article documente, catalogue et développe plusieurs observations faites par des généraux allemands pendant leur invasion de la Russie lors de la Deuxième Guerre mondiale, y compris qu'entre autres les Russes étaient pourris en matière de reconnaissance. Cela peut paraître étonnant, selon l'article, mais les faibles tactiques de reconnaissance des Russes n'ont peut-être pas beaucoup changé, et possiblement pas du tout, depuis l'époque de la Deuxième Guerre mondiale ».

Il poursuit : « Les généraux [allemands] ont noté que l'infanterie russe n'était pas très 'curieuse' et que, comme telle, la reconnaissance russe était extrêmement faible. Ils ont aussi noté que si les membres d'une force de reconnaissance se heurtaient à peu de résistance, ils s'enfonçaient [...] la tête baissée sans faire plus de reconnaissance. Cela semble avoir été confirmé par des vidéos moins récentes montrant des unités de reconnaissance russes être encerclées, anéanties et repoussées dans les premiers jours des conflits alors que d'importantes forces d'assaut semblaient ne pas voir les défenses ukrainiennes. »

Kris Osborne soutient que « la faible feuille de route de la Russie en ce qui concerne les formations interarmées pourrait expliquer pourquoi ils évaluent mal ou de façon partielle comment les Abrams et les Leopards seront déployés, puisque les critiques ne semblent pas reconnaître ou même comprendre comment l'Ukraine utilise ses formations interarmées. D'abord, sans doute contrairement aux forces russes, les Ukrainiens ont le Renseignement, surveillance et reconnaissance interarmée (JISR), ainsi que la surveillance par satellite et par drone appuyée par l'OTAN. Dans le cadre de cette approche JISR intégrée, les Ukrainiens utilisent aussi des drones plus petits, manuels, plus organiques tels que les Pumas fournis par les États-Unis. Ces petits drones sont manipulés de façon coordonnée avec les unités terrestres offensives, ce qui permet de faire une reconnaissance avancée essentielle et déterminer avec précision les cibles pour les forces offensives. Deuxièmement, les Ukrainiens continuent d'utiliser avec succès des radars de contrebatterie, de l'artillerie mobile 155mm et des roquettes terrestres et à grande portée telles que les HIMARS [Système de roquettes d'artillerie à grande distance] et les GMLRS [Système de roquettes à lancement multiples guidé] avec une grande efficacité, permettant aux nouveaux chars d'assaut de se relier rapidement à une formation interarmée plus large et mieux synchronisée.

« Il ne faut pas non plus négliger les performances et la technologie de l'Abrams lui-même. Si l'Ukraine reçoit naturellement des variantes d'exportation dépourvues de certaines technologies sensibles propres aux États-Unis, l'Abrams apporte ce que beaucoup considèrent comme le meilleur char au monde. La fidélité, la portée et la résolution de ses viseurs thermiques, par exemple, ont été prouvées lors de la guerre du Golfe et de l'opération Iraqi Freedom, car ils ont permis de trouver, de cibler et de détruire des formations et des véhicules ennemis, tels que les T-72 irakiens, à des distances indétectables et sûres. [Aucune mention non plus des résultats de la guerre du Golfe et de l'opération Iraqi Freedom – deux guerres de destruction qui ne constituent en aucun cas des victoires américaines ou des succès de politique étrangère – note de la rédaction].

« L'Abrams fonctionne aujourd'hui comme un véhicule presque entièrement nouveau par rapport à ses débuts dans les années 1980, grâce à des années de mises à niveau qui ont changé le paradigme, notamment l'amélioration des composants et des configurations du blindage, de l'informatique et de l'électronique, des capteurs et du ciblage, de la conduite du tir et, bien sûr, des munitions tirées par son canon à âme lisse de 120 mm. En substance, contrairement à l'affirmation russe que les Abrams et Léopards ukrainiens seront extrêmement vulnérables, les chars seront très probablement déployés par l'Ukraine dans le contexte d'un cadre de manoeuvre d'armes combinées, ce qui signifie qu'ils opéreront avec un JISR, un soutien d'infanterie démontée, des roquettes et de l'artillerie et un fort contingent de soutien logistique et de maintenance.

« Les chars ukrainiens opéreront probablement en coordination avec des drones à moyenne altitude et lancés à la main, de l'artillerie, de la surveillance aérienne, des roquettes et d'autres véhicules blindés de soutien tels que des véhicules d'infanterie Bradley et des plateformes logistiques telles que des camions tactiques, des MRAP [véhicules protégés contre les mines et les embuscades] et des Humvees. »

L'auteur poursuit sa tentative d'étayer une perspective dans laquelle l'Ukraine peut vaincre la Russie sur le champ de bataille en répétant que le Pentagone a le contrôle total des opérations en Ukraine.

« Plus précisément, le Pentagone a envoyé ces derniers mois des camions tactiques et d'autres équipements logistiques essentiels capables de fournir la structure de soutien logistique pour les Abrams qui arrivent, ce qui signifie qu'ils peuvent transporter des articles essentiels tels que des munitions, du carburant et des équipements de maintenance clés.

« Les critiques russes, qui citent également les défis logistiques bien connus associés aux chars Abrams, n'ont peut-être pas pris pleinement conscience de l'histoire récente au cours de laquelle le Pentagone a envoyé un nombre important de camions tactiques, de véhicules à roues et de fournitures critiques. Les véhicules tactiques peuvent, entre autres, garantir que les fournitures nécessaires, le personnel d'entretien et les articles critiques tels que la nourriture, le carburant et les munitions sont transportés vers l'avant pour soutenir les unités mécanisées. »

L'auteur omet de préciser que, de plus en plus, les États-Unis participent directement à la guerre par procuration, ce qui en fait une partie à la guerre soumise aux règles de la guerre. Il poursuit :

« Les critiques russes soulèvent un point qui semble assez significatif, et qui est simplement une question de chiffres. Les rapports indiquent clairement que le Pentagone envoie 31 chars Abrams et que l'Allemagne envoie 14 Léopards. Il s'agit d'un nombre qui pourrait clairement permettre aux forces ukrainiennes qui contre-attaquent de percer un périmètre russe, de se rapprocher du contact et de récupérer le territoire dans une certaine mesure. Une défense à plus grande échelle contre des milliers de chars russes et une capacité à pénétrer et à tenir les plus larges bandes de terrain critique nécessaires pour soutenir une victoire pourraient nécessiter plus de blindages lourds et des manoeuvres en zone étendue avec un plus grand nombre de chars.

« L'évaluation militaire 2022 de Global Firepower indique que la Russie possède jusqu'à 12 000 chars. Le Pentagone semble le reconnaître, ce qui explique probablement pourquoi les responsables militaires américains affirment que le département de la Défense utilisera son nouveau véhicule de passation de marchés axé sur l'Ukraine, permettant à l'industrie américaine de concevoir et de fabriquer des armes et des plates-formes spécifiquement pour l'Ukraine. Les Abrams, selon le Pentagone, en feront partie. La question est de savoir si un plus grand nombre d'Abrams peut arriver assez rapidement. Combien l'Allemagne en enverra-t-elle finalement ? »

L'auteur dénonce ensuite « l'incapacité de la Russie à obtenir la supériorité aérienne malgré des centaines d'avions de chasse supplémentaires ». Il est certain que l'argument des critiques russes selon lequel l'absence de supériorité aérienne rend les forces terrestres et les chars plus vulnérables semble exact, mais cette vulnérabilité est atténuée par le fait qu'« aucune des deux parties » n'a la supériorité aérienne et que les chars ukrainiens fonctionneront presque certainement avec des systèmes de surveillance, de l'artillerie, des défenses aériennes et peut-être même un soutien aérien plus proche sous la forme d'hélicoptères.


Cet article est paru dans
Logo
Volume 53 Numéro 1 - Février 2023

Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2023/Articles/LS530112.HTM


    

Site web :  www.pccml.ca   Courriel :  redaction@pccml.ca