L'envoi d'armes à l'Ukraine
Les contributions du Canada
Depuis que la Russie a lancé son opération militaire spéciale le 24 février 2022 afin de préserver la sécurité de la Russie face à l'expansion agressive de l'OTAN vers l'est en dénazifiant et en démilitarisant l'Ukraine, le Canada a contribué de diverses manières à cette guerre par procuration des États-Unis/OTAN dont l'objectif est d'isoler et d'écraser la Russie.
- Le Canada s'est engagé à accueillir un « nombre illimité » de réfugiés ukrainiens et leurs familles. Jusqu'à présent, il a accepté plus de 160 000 Ukrainiens et les membres de leur famille immédiate dans le cadre du programme d'autorisation de voyage d'urgence Canada-Ukraine (AVUCU) mis en place le 17 mars 2022. Le Cabinet du premier ministre indique qu'en date du 16 février, près de 560 000 demandes de voyage au Canada en vertu de ces mesures ont été approuvées. Ce programme, qui vise à accélérer la délivrance de visas d'entrée et à fournir aux réfugiés des services supérieurs à ceux dont bénéficient les autres réfugiés ou travailleurs migrants dans ce pays, permet aux Ukrainiens de rester au Canada jusqu'à trois ans avec des visas accélérés. Les informations sur le sort des personnes qui sont arrivées au Canada sont rares, mais les rapports indiquent qu'il est question de prolonger le programme.
- Le 24 février, le cabinet du premier ministre a indiqué que le Canada avait fourni plus de 5 milliards de dollars sous forme d'aide financière, militaire, humanitaire et en matière d'immigration à l'Ukraine, dont plus d'un milliard de dollars en soutien militaire. Pendant ce temps il applique des sanctions économiques contre des entreprises et des particuliers russes au cours de la seule année écoulée. Le Canada interdit l'importation et l'exportation de certains biens en provenance et à destination de la Russie et s'est joint aux autres pays de l'OTAN pour imposer un plafond sur le prix du baril de pétrole vendu par la Russie. Le 26 janvier, le ministère de la Défense nationale a informé que l'aide totale engagée en faveur de l'Ukraine depuis le début de 2022 s'élève à plus de 5 milliards de dollars.
- L'aide militaire que le Canada a fourni à l'Ukraine inclut ce qu'il appelle une coopération en matière de renseignement et de cybersécurité et la formation de « plus de 35 000 membres des Forces armées ukrainiennes ». Parmi les personnes formées figurent des combattants néonazis, ce que les gouvernements canadien et ukrainien nient, et pour dissimuler ces derniers, il les a intégrés parmi les troupes des forces armées ukrainiennes.
- D'autre aide militaire provenant du Canada inclut l'engagement d'envoyer quatre autres chars d'assaut Leopard 2 « prêts au combat » parmi les 112 chars de son inventaire, ce qui porte le nombre de chars promis à huit. Cet engagement a été fait par la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly lors d'un rapide voyage symbolique à Kiev à la veille du premier anniversaire de la guerre, où elle s'est engagée à verser 21 millions de dollars « pour lutter contre la violence sexuelle et aider aux efforts de déminage », indiquent les médias.
- D'autres aides du Canada font partie de la campagne de désinformation visant à dissimuler que le conflit en Ukraine est une guerre par procuration des États-Unis/OTAN, à dissimuler les crimes des néonazis ukrainiens et à diaboliser la Russie. Cela comprend « 13 millions de dollars pour les efforts de responsabilisation, notamment pour lutter contre la violence sexuelle liée aux conflits, plus 12 millions de dollars pour contrer les menaces chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires ». Le Canada a également annoncé le 24 février qu'il s'est joint au Groupe consultatif sur les atrocités criminelles, qui comprend pour l'Ukraine les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Union européenne, afin de soutenir « directement les efforts des unités des crimes de guerre du Bureau du procureur général de l'Ukraine pour consigner, préserver et analyser les preuves de crimes de guerre et autres atrocités commises en Ukraine, afin de s'assurer que les responsables sont tenus responsables ».
Les contributions du Canada sont problématiques de A à Z. Son traitement préférentiel des réfugiés ukrainiens reflète l'eurocentrisme et le racisme officiels les plus flagrants, puisque les réfugiés, les travailleurs migrants et les travailleurs invités d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine et des Caraïbes, ainsi que les soi-disant travailleurs sans papiers sont traités comme s'ils étaient des déchets sur un tas d'ordures, sans statut ni protection d'aucune sorte.
Le don de huit chars d'assaut Leopard 2, soi-disant prêts au combat, est utilisé pour donner l'impression que le Canada est un acteur important et qu'il est toujours prêt à intervenir pour soutenir l'hystérie de guerre selon laquelle l'Ukraine peut vaincre la Russie sur le champ de bataille, malgré toutes les preuves du contraire. Les chars sont assortis de nombreuses limitations et restrictions, qui ne sont pas mentionnées dans l'annonce officielle faite par la ministre de la Défense Anita Anand le 26 janvier. Ces réserves jettent un doute sérieux sur les intentions du Canada et des autres membres de l'OTAN.
Le stock de chars Leopard 2 du Canada a été acheté aux Pays-Bas
il y a 15 ans. Outre le fait qu'il s'agit d'une dépense massive
d'équipement militaire au sujet de laquelle on ne les a pas
consultés, les Canadiens s'opposent en général à de telles
dépenses, sauf si elles sont destinées à la défense du Canada.
Cet achat était présenté comme étant lié aux alliances
militaires agressives que sont l'OTAN et le NORAD, mais on ne
peut pas dire que c'est pour la défense du Canada. Selon les
experts en la matière, l'armée canadienne a l'habitude d'acheter
des équipements militaires d'occasion qui s'avèrent très
défectueux ou qui nécessitent un entretien important.
Les chars Leopard 2 du Canada
« Sur papier du moins, le Canada dispose de 112 chars Leopard 2, dont 82 sont des chars de combat. Les 30 autres sont des véhicules blindés du génie du champ de bataille dotés de chenilles destinées à ériger ou à démolir des obstacles, et à effectuer d'autres tâches », indique un article paru le 26 janvier dans le Globe and Mail. Citant divers professeurs et anciens commandants militaires canadiens qui donnent leur évaluation du nombre et de la qualité des chars dont dispose le Canada, l'article offre une certaine perspective :
« Le général à la retraite Andrew Leslie, ancien commandant de l'armée canadienne, a dit avoir entendu dire que seulement une vingtaine de chars d'assaut canadiens sont en état de marche, les autres étant entreposés ou attendant que des pièces de rechange soient réparées.
« Le général à la retraite Rick Hillier, ancien chef d'état-major de la défense canadienne, a déclaré que l'engagement d'Ottawa de jeudi [26 janvier] concernant les chars d'assaut était trop faible. M. Hillier, aujourd'hui conseiller auprès du groupe de défense du Congrès mondial des Ukrainiens, a déclaré que le Canada devrait préparer davantage de ses chars pour Kiev. [...]
« Stephen Biddle, un expert en politique de défense [américaine], a déclaré que les nouveaux chars [des États-Unis, de l'Allemagne, de la Pologne, de la Bulgarie, de la République tchèque et d'autres pays] aideront certainement l'Ukraine [et sont] importants, mais certainement pas transformateurs [...] 'En marge des combats, cela aidera. Mais cela ne fera probablement pas, en soi, la différence entre une offensive éclair qui reprend tout le terrain détenu par les Russes et une impasse. Il est peu probable que ce soit la solution miracle qui change la situation militaire lorsqu'elle arrive. »
« Steve Saideman, politologue à l'université Carleton d'Ottawa
et directeur du Réseau canadien de défense et de sécurité, a
déclaré qu'il pense qu'Ottawa a décidé d'envoyer quatre chars
'parce que cela aurait le moins d'impact' sur les Forces armées
canadiennes ». Le premier ministre a annoncé l'envoi de quatre
autres Leopard 2 le 24 février.
La fourniture de véhicules blindés légers par le Canada
En novembre 2022, le Canada s'est engagé à fournir 39 véhicules blindés légers (VBL) à l'Ukraine, la ministre Anand affirmant que le Canada est un « chef de file » dans la fourniture de tels équipements à l'Ukraine. Scott Taylor, qui écrit dans Esprit de Corps, met cette contribution en perspective :
« Le fait que le Canada ait eu ces 39 VBL flambant neufs à donner directement de l'usine GDLS [General Dynamics Land Systems-Canada] trouve son origine dans une prise de bec diplomatique de 2018 entre le Canada et l'Arabie saoudite. [...]
« En août 2018, les Saoudiens venaient de passer une commande faramineuse de 15 milliards de dollars pour plus de VBL auprès de GDLS-Canada lorsque la ministre des Affaires mondiales Chrystia Freeland a publiquement dénoncé le royaume saoudien pour des violations des droits de l'homme. En retour, les Saoudiens ont expulsé l'ambassadeur du Canada à Riyad et annulé tous les nouveaux accords commerciaux. »
Il poursuit en expliquant que « les ventes militaires passent par la Corporation commerciale canadienne (CCC), qui joue le rôle d'intermédiaire » et que c'est le gouvernement canadien qui, en fin de compte, devait payer General Dynamics-USA. Sur cette base, « le gouvernement canadien s'est empressé de devancer ses propres plans d'achat de nouveaux VBL, a doublé le bon de commande et a accordé à GDLS-Canada un prêt initial de 600 millions de dollars sans intérêt ».
L'accord total est de 3 milliards de dollars pour 360 nouveaux VBL pour l'armée canadienne. Les 39 expédiés en Ukraine n'étaient disponibles que « parce que le conflit saoudien a forcé le gouvernement libéral à renflouer GDLS-Canada et sa société mère aux États-Unis ».
En janvier, lors d'un voyage en Ukraine, la ministre Anita Anand a annoncé que 200 autres véhicules blindés seraient fournis à l'Ukraine par la société Roshel de Mississauga, au coût de 90 millions de dollars.
Plus tard ce même mois, le ministère de la Défense nationale (MDN) a déclaré : « Depuis février 2022, le Canada a engagé plus d'un milliard de dollars en dons d'aide militaire à l'Ukraine. Cela comprend plus de 200 véhicules blindés de transport de troupes Senator, un système national de missiles surface air perfectionné (NASAMS) accompagné de munitions, 39 véhicules blindés de soutien au combat, des armes antichars, des armes légères, des obusiers M777 et les munitions connexes, des caméras de drone à haute résolution, et plus encore. »
Le MDN a ajouté : « Le 10 janvier, la ministre de la Défense nationale a annoncé que le Canada achète un système national avancé de missiles surface-air (NASAMS) et des munitions connexes aux États-Unis pour en faire don à l'Ukraine. D'une grande priorité, il s'agit du premier don de la part du Canada d'un système de défense aérienne à l'Ukraine. » Selon le MDN, « cela aidera les efforts de l'Ukraine à protéger les centres urbains, les infrastructures civiles essentielles et les sites militaires ».
« Depuis la fin de mars 2022, les FAC appuient la livraison d'aide militaire à l'Ukraine en Europe en provenance du Canada ainsi que de la part de ses alliés et partenaires, ayant transporté à ce jour plus de six millions de livres de dons militaires », précise le MDN.
Dans l'ensemble, on peut constater que les contributions militaires visant à soutenir la guerre par procuration des États-Unis/OTAN en Ukraine vont de pair avec l'utilisation de fonds publics pour soutenir les fabricants d'armes américains et ne sont pas efficaces dans le contexte de la guerre par procuration des États-Unis/OTAN en Ukraine.
Cet article est paru dans
Volume 53 Numéro 1 - Février 2023
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