La nouvelle présidence va plonger l'Argentine dans la crise
14 septembre 2023, marche contre Milei
Avec une population de 45 773 884 habitants et un produit intérieur brut (PIB) de 449,70 milliards de dollars américains, l'Argentine est la troisième économie d'Amérique latine après le Brésil et le Mexique, suivie de la Colombie.
Selon les données de l'Institute of International Finance, sa dette publique a dépassé les 400 milliards de dollars au deuxième trimestre 2023, atteignant ainsi des sommets historiques. Le Fonds monétaire international (FMI) indique que le ratio dette totale/PIB devrait passer de 84,7 % en 2022 à 89,5 % en 2023. L'inflation est actuellement de 140 %.
L'Argentine a subi des crises économiques dévastatrices depuis
décembre 2001/janvier 2002 en raison de la « thérapie de
choc » qui lui a été imposée par le FMI au début des années
1990. Cette situation va certainement s'aggraver dans la période
à venir avec l'élection de Javier Milei à la présidence le 19
novembre. L'autorité électorale argentine a annoncé que Milei
avait obtenu 55,7 % des suffrages exprimés et le ministre
de l'Économie, Sergio Massa, 44,3 %. Milei s'est présenté
sur la base d'un programme visant à lutter contre la dette
élevée, l'inflation galopante et la pauvreté croissante en
réduisant les dépenses consacrées aux programmes sociaux et aux
services publics et en « confiant au secteur privé tout ce qui
peut l'être ». Dès qu'il a été déclaré président élu, il a dit
que son intention immédiate était d'éliminer le déficit aussi
rapidement que possible, afin que le pays soit en mesure de
rembourser son énorme dette envers le FMI, qui s'élève
actuellement à 45 milliards de dollars US plus les intérêts – le
plus grand renflouement d'un pays dans l'histoire du FMI.
L'endettement de 57 milliards de dollars américains auprès du
FMI, avec toutes les conditions onéreuses que cela implique, a
été l'un des derniers actes de l'ancien président Mauricio Macri
avant d'être battu en 2019, après un seul mandat, par le
président Alberto Fernández. Fernández lui-même a refusé de se
représenter pour un second mandat. Macri, un homme d'affaires
multimillionnaire qui a toujours des ambitions politiques, a
joué un rôle décisif dans l'élection de Milei en concluant un
accord avec lui pour qu'il remette les voix d'une coalition de
partis de « droite plus modérée » qu'il dirige à l'«
ultra-droite » Milei pour le second tour de l'élection
présidentielle, ce qui lui a permis de doubler les voix qu'il
avait obtenues au premier tour et de passer devant Massa.
Cependant, la coalition La Libertad Avanza (La liberté avance)
de Milei ne détient que 38 sièges sur 257 à la Chambre des
députés et 8 sur 72 au Sénat, sans compter qu'elle n'a aucun
poste de gouverneur de province ou de maire. Macri et la section
d'oligarques étrangers et locaux qu'il représente utiliseront
sans aucun doute cette situation à leur avantage pour exercer
une influence sur les plans de restructuration de l'État de
Milei, sur le lieu et la manière dont les réductions de dépenses
sont effectuées, et sur les bénéficiaires de ses programmes de
privatisation et de remboursement de la dette pour s'assurer
qu'ils sont favorisés par eux, et si ce n'est pas le cas, pour
essayer de bloquer leur mise en uvre.
Javier Milei, qui a été comparé à l'ancien président américain Donald Trump, se décrit comme un « anarcho-capitaliste ». Dans son discours de victoire, il a déclaré que « la reconstruction de l'Argentine commence aujourd'hui ». Il a ajouté : « La situation de l'Argentine est critique. Les changements dont notre pays a besoin sont radicaux. Il n'y a pas de place pour le gradualisme, pas de place pour les mesures tièdes. » Selon l'Associated Press, « une victoire de Milei entraînerait un brusque virage à droite du pays et l'accession à la présidence d'un nouveau législateur qui a fait ses débuts à la télévision en dénonçant ce qu'il appelle la 'caste politique' ».
L'intensification de l'offensive néolibérale antisociale va
maintenant rendre les riches encore plus riches et les pauvres
encore plus pauvres. Javier Milei a annoncé qu'il allait réduire
la taille du gouvernement, dollariser l'économie et éliminer la
Banque centrale en réduisant drastiquement les dépenses sociales
et en privatisant la société énergétique majoritairement détenue
par l'État, la société aérienne nationale et toutes les
entreprises publiques de médias afin de lutter contre
l'inflation galopante et l'endettement croissant qu'il impute
aux gouvernements successifs qui ont imprimé de l'argent sans
discernement afin de financer les dépenses publiques. Il a
également fait campagne sur la réduction des liens avec la
Russie, la Chine et le Brésil.
Comme partie de son programme antisocial, Milei adhère
également à plusieurs politiques sociales conservatrices,
notamment en s'opposant à l'éducation sexuelle dans les écoles
et à l'avortement, que le Congrès argentin a légalisé en
2020 », rapporte l'Associated Press. Milei a souvent été vu
en train de porter une tronçonneuse lors de rassemblements
électoraux et il affirme maintenant que son élection montre que
les Argentins l'ont élu pour mettre en oeuvre cette offensive
antisociale brutale, menaçant d'une action punitive rapide toute
personne qui tenterait de s'y opposer. Une autre chose que Milei
fait notoirement lors des rassemblements de campagne est
d'agiter un grand drapeau israélien. Il a déclaré qu'il
s'attendait à ce que les États-Unis et Israël soient les deux
alliés les plus proches de son gouvernement. Une semaine après
son élection, il s'est rendu à New York et a déclaré que son
deuxième voyage à l'étranger serait en Israël, où son intention
déclarée est de transférer l'ambassade d'Argentine de Tel Aviv à
Jérusalem.
Parmi les positions scandaleuses que le nouveau gouvernement devrait promouvoir, la colistière de Milei, Victoria Villaruel, a affirmé que le nombre de victimes de la sanglante dictature militaire argentine de 1976 à 1983 est bien inférieur à ce que les organisations de défense des droits humains affirment depuis longtemps.
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a félicité Javier Milei pour son élection en disant : « Nous nous réjouissons de poursuivre la coopération bilatérale sur la base de valeurs et d'intérêts communs. »
Cet article est paru dans
Volume 53 Numéro 11 - Novembre 2023
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