Amérique latine et Caraïbes

Le nouveau partenariat de Biden pour la prospérité économique: un autre sommet pour déstabiliser les Amériques

Le 3 novembre, le président américain Joe Biden a accueilli à Washington le sommet dit « inaugural » du « Partenariat des Amériques pour la prospérité économique » (PAPE) convoqué par les États-Unis. Biden prétend que l'objectif du sommet est d'« harnacher l'incroyable potentiel économique des Amériques et de faire de l'hémisphère occidental la région la plus compétitive au monde sur le plan économique ». Plus spécifiquement, il s'agit de « renforcer les liens économiques afin de relever les défis que sont la migration, la guerre Israël-Palestine et l'accroissement du commerce entre les États-Unis et le reste des Amériques ».

Alejandra Garcia et Bill Hackwell ont publié un article intitulé « APEP Summit Highlights President Biden's Double Standards » (Le sommet du PAPE met en relief la politique des deux poids, deux mesures du président Biden ». Ils écrivent :

« Ces concepts peuvent sembler nobles et inoffensifs, mais loin d'atteindre les objectifs visés, la réunion a exposé la politique des deux poids, deux mesures du président Biden alors que de nouvelles sanctions unilatérales se corsent contre des pays ciblés sur le continent, qu'il y a une explosion de la migration mal gérée par son administration et qu'il appuie une guerre de carnage au Moyen-Orient, et y participe. »

Les auteurs citent Joe Biden qui a dit au début de l'événement : « Nous nous engageons à travailler ensemble pour gérer les niveaux historiques de migration qui ont des répercussions sur tous nos pays ». Ils appellent cela « une piètre tentative de réanimer la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA) avec un groupe choisi de 12 pays qui ont déjà ou veulent avoir une entente de commerce libre et équitable avec les États-Unis, dont le Mexique, le Pérou, le Chili, la Colombie, le Canada, la République dominicaine, le Panama, la Barbade, l'Uruguay et l'Équateur. N'oublions pas que la ZLÉA avait bel et bien été négociée le 5 novembre 2005 à Mar del Plata au Sommet des présidents, époque à laquelle des milliers de personnes, dirigées par Hugo Chavez, avaient manifesté leur opposition, renvoyant Biden à la maison les mains vides. »

La question telle qu'elle se présente, selon les auteurs, « est comment contenir une crise de migration sur le continent si tous les pays des Amériques ne sont pas présents ? La secrétaire des Affaires étrangères [du Mexique] Alicia Barcena Ibarra, a souligné l'importance d'inclure tous les pays de l'Amérique latine et des Caraïbes dans ce forum.

« Biden a été critiqué pour la débâcle de la crise frontalière. Au cours de sa campagne électorale, il avait promis de rendre les processus de migration aux États-Unis plus humains afin d'empêcher les entrées illégales, mais il a fait exactement le contraire.

« Selon David J. Bier, le directeur adjoint des études sur l'immigration à l'Institut Cato, le président a à peine modifié l'interdiction d'asile du président Trump. Contrairement au libellé clair de la loi sur l'asile, les immigrants sont présumés inéligibles pour l'asile s'ils traversent la frontière illégalement.

« Biden a aussi transformé le plan « Restez au Mexique » de Trump en « Déportez-les au Mexique ». À l'époque de Trump, certains demandeurs d'asile devaient attendre dans les villes les plus dangereuses du Mexique avant d'avoir droit à un procès au nord de la frontière. Sous Biden, plusieurs demandeurs d'asile sont déportés au Mexique en permanence sans aucune chance d'obtenir asile, même ceux qui ne sont pas mexicains. Il a aussi doublé le nombre d'immigrants détenus dans les centres de détention du Service de l'immigration et des contrôles douaniers en attendant d'être expulsés et il a négocié des ententes pour renouveler des déportations au Venezuela, à Cuba et en Haïti. Maintenant il continue même d'ériger le mur de Trump. »

Soulignant que les seuls engagements respectés par Biden sont ceux qu'il a fait aux fabricants d'armes, les auteurs disent : « Biden a aussi commencé la réunion avec un message d'espoir en dépit des difficultés posées par la guerre appuyée par les États-Unis à Gaza. Mais comment peut-il évoquer un tel espoir alors que les États-Unis ont été les premiers à exprimer leur appui indéfectible à Israël malgré les massacres qui s'annonçaient suite aux actions palestiniennes du 7 octobre et qu'ils expédient régulièrement des cargaisons de munitions vers Israël, que celui-ci l'ait demandé ou pas. »

Les auteurs concluent :

« La réalité est que le PAPE est en fait une maigre riposte à la perte constante de l'hégémonie des États-Unis dans l'hémisphère face à l'influence économique grandissante de la Chine, et aussi face à l'Union européenne et sa plus récente offensive, le soi-disant ‘Global Gateway', en vertu duquel ils cherchent à sécuriser les ressources naturelles dans leur propre région, selon Manuel Perez Rocha, chercheur à l'Institut d'études politiques.

« C'est le premier sommet en son genre, mais de tels paradoxes ne sont pas nouveaux. Il est peu probable que Washington sera réceptif aux demandes de ses voisins qui veulent des ententes réciproques et le respect, ou que ce nouveau sommet mette le continent sur la voie d'un avenir plus équitable, avec une migration sécuritaire et ordonnée et un réel libre échange entre pays avoisinants. Le PAPE semble bien être un autre projet bidon conçu par un Washington confus et dangereux et où il laisse transparaître un désespoir certain. »


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Volume 53 Numéro 11 - Novembre 2023

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