Le dogme gouvernemental d'un «plan fiscal responsable»

– K.C. Adams –

La ministre des Finances, Chrystia Freeland, affirme que son Énoncé économique est un « plan fiscal responsable qui met l'accent sur l'abordabilité et le logement ». C'est une déclaration cynique, en effet, étant donné que son Énoncé économique de l'automne n'augmente pas directement les investissements dans les programmes sociaux. En ce qui concerne le logement, elle accorde des prêts à des promoteurs privés pour la construction d'environ 30 000 unités de logement à partir de 2025. La Société canadienne d'hypothèques et de logement affirme qu'il faudra construire 5,8 millions de logements supplémentaires d'ici 2030 pour atteindre son estimation de l'abordabilité et atténuer la crise du logement, alors que les projections actuelles sont loin d'atteindre les 3 millions d'unités.

Avant la publication de l'Énoncé, Chrystia Freeland a déclaré aux journalistes : « Il faut nous assurer que nos investissements procurent aux Canadiens ce dont ils ont besoin, mais il faut aussi le faire dans un cadre responsable d'un point de vue fiscal. Nous ne serons pas capables de tout faire. »

« Nous ne serons pas capables de tout faire » est un euphémisme. Le gouvernement est prisonnier du dogme impérialiste de la « responsabilité fiscale et de la recherche d'un juste équilibre ». Des milliards de recettes gouvernementales peuvent être trouvés pour l'achat de F-35 américains, le service de la dette publique et les cadeaux aux entreprises mondiales comme Stellantis. Les subventions aux riches sont devenues de rigueur pour tout investissement privé important, comme les milliards pour les usines de batteries en Ontario, au Québec et en Colombie-Britannique. Ces investissements ne sont jamais remis en question comme étant financièrement et socialement irresponsables et au service des intérêts privés des riches du monde. Ce n'est que lorsqu'on aborde les problèmes économiques et sociaux auxquels les travailleurs canadiens sont confrontés que la question de la responsabilité fiscale et de la recherche d'un équilibre se pose.

Les priorités et l'objectif des gouvernements à tous les niveaux sont de servir les riches et non les travailleurs. Les riches et leurs pairs contrôlent les gouvernements des partis cartellisés partout au pays. Ils ont inventé un dogme pour expliquer pourquoi ils ne peuvent pas arrêter de payer les riches et augmenter les investissements dans les programmes sociaux.

Certains parmi les médias de masse monopolisés sont obligés d'admettre que les conditions sociales de la population se détériorent. Le Toronto Sun écrit : « Des millions de Canadiens sont pris au milieu d'une crise d'abordabilité que même le gouvernement Trudeau admet être sérieuse. Les gens perdent leur maison à cause des taux d'intérêt hypothécaires élevés ou paient des loyers exorbitants à cause d'une pénurie nationale de logements, tandis que l'inflation gruge les budgets des ménages pour les nécessités comme la nourriture et le logement. Selon Banques alimentaires Canada, l'utilisation des banques alimentaires, avec près de deux millions de visites en mars de cette année, a atteint son niveau le plus élevé depuis qu'on a commencé à tenir des registres en 1989. »

Les données préliminaires de Statistique Canada montrent que l'économie s'est contractée au troisième trimestre de cette année, la deuxième contraction consécutive. Le nombre de sans-abri au Canada a doublé par rapport à l'année dernière et l'insécurité alimentaire a monté en flèche. C'est la dure réalité à laquelle les Canadiens sont confrontés et aucun dogme ne peut la faire disparaître. Les Canadiens ont besoin d'une augmentation des investissements dans les programmes sociaux et d'une nouvelle direction de l'économie, qui ne soit plus au service des riches et de leurs entreprises mondiales, mais au service du peuple et de ses entreprises publiques, afin que les travailleurs puissent bâtir une économie indépendante en dehors et au-delà des tentacules des parasites mondiaux et de leurs guerres, de leur exploitation, de leurs paiements d'intérêts volés et de leurs crises économiques récurrentes.

Bien sûr, Chrystia Freeland ne veut rien entendre et balaie du revers de la main les problèmes et la possibilité d'une nouvelle direction et d'un objectif prosocial pour l'économie. Reprenant le dogme impérialiste, elle déclare : « C'est un équilibre difficile à trouver... d'une part, soutenir les Canadiens comme nous devons le faire et, d'autre part, être responsable sur le plan financier. Mais c'est un équilibre que nous sommes déterminés à atteindre. Nous ne serons pas capables de tout faire. »

Autrement dit, le statu quo qui consiste à payer les riches et les parasites mondiaux est maintenu et l'Énoncé économique du gouvernement assure le maintien de cette direction. L'élite dirigeante exige le maintien du statu quo et laisse entendre que le seul problème à l'heure actuelle est que la marque libérale est fatiguée, a perdu de son attrait, et qu'elle a besoin d'être remplacée. Amenez les conservateurs, crie-elle, pour venir à la rescousse du vieux dogme impérialiste en lui donnant un nouveau visage. Cela souligne la nécessité d'un renouveau politique démocratique pour écarter des positions et de privilège ces escrocs des partis cartellisés.

Un spectacle parlementaire pour annoncer qu'il n'y a pas
grand-chose qu'on puisse faire

Lorsque le parti cartellisé libéral au pouvoir et son partenaire néodémocrate ont abordé l'Énoncé économique de l'automne, ils ont donné un spectacle parlementaire pitoyable dans une tentative ratée de faire bonne figure alors qu'ils avaient déjà déclaré que rien ne serait fait pour résoudre les problèmes économiques et sociaux croissants du pays. L'Énoncé économique n'annonçait rien de plus qu'un peu d'argent pour des prêts aux entreprises de construction à partir de 2025 alors que des millions de nouveaux logements sont nécessaires immédiatement.

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a reconnu nerveusement que l'Énoncé économique n'avait rien accompli au sujet de la crise de la « capacité de payer » à laquelle est confrontée la population, y compris aucun mouvement sur l'objectif de sa politique d'assurance-médicaments, mais il s'est engagé à maintenir le soutien de son parti cartellisé au gouvernement libéral pour qu'il reste au pouvoir jusqu'à l'automne 2025.

Les Canadiens sont coincés dans un système politique anti-démocratique qui les prive des outils nécessaires pour mobiliser du peuple pour faire avancer le pays avec une nouvelle direction prosociale.


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Volume 53 Numéro 11 - Novembre 2023

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