La communauté salvadorienne au Québec se réunit pour discuter de l'avenir de sa patrie
Le 18 novembre, plus de 50 membres de la communauté salvadorienne de Montréal se sont réunis pour rencontrer Werner Marroquin, le candidat à la vice-présidence du Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN) en vue des élections présidentielles qui auront lieu au Salvador en février 2024. La rencontre, qui a eu lieu au Patro Villeray, a été diffusée en direct sur Facebook pour rejoindre les Salvadoriens vivant au Québec, au Canada et ailleurs dans le monde.
Werner Marroquin |
L'objectif de la visite du candidat à la vice-présidence était d'informer la communauté du bilan que fait le FMLN de sa défaite électorale de 2019 et du programme qu'il s'est donné pour unifier le peuple salvadorien autour de ses aspirations à construire un avenir prometteur.
La population du Salvador est de 6,3 millions d'habitants,
tandis que 3 millions de Salvadoriens vivent à l'extérieur du
pays. Plus de 50 000 d'entre eux vivent au Canada, la plupart en
Ontario, avec des communautés importantes au Québec, en
Colombie-Britannique et en Alberta.
Les Salvadoriens vivant à l'étranger sont principalement des
réfugiés politiques, des sans-papiers et des migrants
économiques qui ont fui le pays avec leur famille en raison des
conditions liées à la guerre civile. Ces communautés à
l'étranger envoient des fonds qui permettent à leurs
compatriotes de faire face aux graves difficultés économiques du
Salvador. Les citoyens salvadoriens vivant à l'étranger peuvent
voter aux élections au Salvador via Internet grâce aux mesures
introduites par le FMLN lorsqu'il était au pouvoir.
« Il est important de reconnaître que l'histoire que nous
racontons [sur la situation actuelle du Salvador] n'a pas
commencé hier ou il y a trois ans », a expliqué Werner
Marroquin, « même si c'est ce que dit le parti au pouvoir ». Il
a ajouté que les Salvadoriens doivent aborder la situation du
Salvador comme s'il s'agissait d'une histoire qu'ils racontent
eux-mêmes, sur la base de leur propre expérience, qui « comprend
de grands moments de tragédie [qui] les ont forcés à quitter le
pays ». Dans les années 1980, des centaines de milliers de
Salvadoriens ont été expulsés de leur patrie, « et c'est cette
histoire qui nous rassemble aujourd'hui », a-t-il dit. Cette
histoire était la sienne, car lui et sa famille ont dû fuir le
pays sans papiers pour aller vivre à l'étranger.
L'orateur a décrit la situation du peuple salvadorien depuis l'élection du président Nayib Bukele en 2019. Une lutte importante est menée contre le gouvernement Bukele qui a déclaré l'état d'urgence le 27 mars 2022, qui devait à l'origine durer un mois, mais qui a été prolongé tous les mois jusqu'à aujourd'hui. L'objectif prétendu de l'état d'urgence est de débarrasser le pays des gangs. Sous l'état d'urgence, 72 000 personnes ont été arrêtées, torturées et tuées. Des dizaines de milliers de Salvadoriens ont été emprisonnés, notamment dans la méga-prison inaugurée en février 2023, la plus grande prison des Amériques, capable d'accueillir 40 000 prisonniers et située tout près du centre de confinement antiterroriste du Salvador. À cela s'ajoute une nouvelle loi, adoptée en août, qui permet de juger jusqu'à 900 accusés au cours d'un même procès pénal.
Werner Marroquin a évoqué la gouvernance néolibérale et l'impunité du gouvernement Bukele : les promesses non tenues, l'appauvrissement de la population qui peine à se nourrir, les persécutions et les disparitions, la révocation des juges de la Cour suprême vus comme étant hostiles au président, le budget qui doit être tenu secret pour les sept prochaines années, etc. Bukele s'est également autorisé à se représenter à la présidence du pays en février 2024, alors que la Constitution l'interdit. D'ici à l'élection, le système et les règles électorales pourraient encore être modifiés, a expliqué le candidat du FMLN. Pour le FMLN, « nous disons que les forces réactionnaires ne parviendront pas à nous arrêter ou à nous anéantir parce que nous sommes un parti lié au peuple par l'histoire et par notre programme pour le droit à l'autodétermination et à l'indépendance ».
Les participants à la réunion ont beaucoup apprécié les
remarques du représentant du FMLN et l'événement, qui leur ont
permis de voir comment agir dans l'intérêt de leur patrie et de
son peuple.
Cet article est paru dans
Volume 53 Numéro 11 - Novembre 2023
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