L'Énoncé économique de l'automne du gouvernement fédéral
Ni responsable sur le plan fiscal, ni responsable sur le plan social
Le 21 novembre, la ministre des Finances Chrystia Freeland, qui
est également vice-première ministre, a présenté l'Énoncé
économique de l'automne du gouvernement du Canada. Elle et le
premier ministre Justin Trudeau ont dit que c'était un plan de
dépenses « responsable sur le plan fiscal ». La semaine
précédente, Justin Trudeau avait insisté sur l'importance de
faire preuve de rigueur budgétaire. « Nous continuons à investir
dans les Canadiens tout en restant responsables sur le plan
budgétaire, avait-il dit. Et c'est ce que je suis impatient de
partager la semaine prochaine avec la mise à jour économique de
l'automne, une démonstration que nous savons comment continuer à
être responsables sur le plan budgétaire tout en faisant les
investissements qui vont faire croître l'économie et
soutiendront les Canadiens. »
Quels sont ces investissements qui vont faire croître l'économie, selon le gouvernement ? Deux des secteurs de dépenses les plus importants du budget fédéral, et qui augmentent le plus rapidement, sont les dépenses consacrées aux forces armées et celles consacrées au service de la dette publique. Dans les deux cas, il s'agit de dépenses démesurées qui sont socialement irresponsables et qui pèsent lourdement sur l'économie. Elles ne font pas croître l'économie.
L'achat de 88 avions de chasse F-35 Lockheed Martin fabriqués aux États-Unis coûtera à lui seul 74 milliards de dollars aux Canadiens au cours des quatre prochaines années, ce qui portera les dépenses militaires annuelles à plus de 30 milliards de dollars. Les paiements annuels d'intérêts sur la dette publique dépassent les 50 milliards de dollars et sont en voie d'atteindre les 60 milliards de dollars à mesure que les prêteurs internationaux augmentent les taux d'intérêt. Environ 40 % de la dette publique est détenue à l'étranger, ce qui signifie que les paiements au titre du service de cette portion quittent directement le pays et constituent une perte nette. Ce qu'il advient des 60 % restants est généralement un mystère et est considéré comme une propriété privée qui échappe à l'examen du gouvernement ou du public.
Ces deux dépenses publiques les plus importantes ne peuvent pas être considérées comme responsables sur le plan budgétaire, et encore moins sur le plan social. Couper les liens du Canada avec l'économie de guerre des États-Unis augmenterait immédiatement les possibilités de dépenses gouvernementales dans les programmes sociaux et dans l'économie productive en général. L'instauration d'un moratoire sur le service de la dette publique du Canada et l'arrêt de tous les emprunts futurs auprès de prêteurs privés permettraient de disposer d'une autre énorme quantité d'argent qui pourrait être dépensée d'une manière socialement responsable.
L'Énoncé économique du 21 novembre n'est ni fiscalement responsable ni socialement responsable. Prétendre le contraire, c'est vouloir cacher les objectifs antisociaux inacceptables du gouvernement en faveur d'intérêts privés étroits.
Cet article est paru dans
Volume 53 Numéro 11 - Novembre 2023
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