Une crise du logement insoutenable exacerbée par les diversions, l'inaction et la corruption des gouvernements
Depuis la reprise des travaux de l'Assemblée nationale en janvier, il n'y a pas un jour où la crise actuelle du logement n'est pas abordée. Tous les jours, des députés rapportent des situations difficiles relatives au logement que confrontent leurs électeurs. Les indignations devant cette situation foisonnent. Il faut réglementer le secteur immobilier privé, disent certains; il faut contrôler la hausse des loyers, disent d'autres, etc. Le gouvernement caquiste est dénoncé pour le fait qu'il n'a pas tenu ses promesses.
Pour y répondre, le gouvernement avoue que la situation n'est pas facile, fournit des chiffres pour prouver qu'il a fait des avances, énumère les mesures aléatoires qui existent ou annonce qu'il faut faire plus et présente de nouvelles mesures.
Ces débats ont abouti le 8 février à l'adoption à l'unanimité, après 2 heures de discussion, de la motion suivante demandant au gouvernement la mise en place d'un plan d'action en matière d'habitation.
« Que l'Assemblée nationale constate que la situation du logement et de l'accès à la propriété s'est détériorée au cours des cinq dernières années;
« Qu'elle prenne acte que les Québécoises et les Québécois qui sont locataires sont confrontés à de multiples facteurs qui mettent une pression importante sur le coût des loyers, notamment :
« le manque de logements, tel qu'exprimé par la baisse généralisée des taux d'inoccupation des logements locatifs au Québec en 2022;
« la hausse du coût de la vie;
« la diminution de l'abordabilité des logements partout au Québec;
« le manque de logements adaptés aux besoins des familles;
« Qu'elle constate aussi le manque de logements sociaux au Québec destinés aux personnes à plus faible revenu et la désuétude grandissante d'une partie de ce parc immobilier;
« Qu'elle prenne acte que l'accès à la propriété pour une génération de Québécoises et de Québécois est présentement compromis par la hausse du coût des propriétés, la baisse des mises en chantier, la hausse des coûts de construction, la pénurie de main-d'oeuvre dans le secteur de la construction et la hausse des taux d'intérêt;
« Qu'elle reconnaisse que les multiples processus des différents paliers gouvernementaux, incluant les organismes en habitation, sont trop longs et complexes et qu'une simplification des programmes s'impose;
« Qu'enfin, elle exige du gouvernement du Québec d'assumer cette mission de l'État par la mise sur pied d'un plan d'action en matière d'habitation afin d'agir à la fois sur la disponibilité des logements sociaux, l'abordabilité du parc locatif et l'accès à la propriété. »
On pourrait dire que personne ne peut être contre la vertu. Mais une telle motion est une farce de mauvais goût. Elle fait partie du sombre modus operandi qui fait que de telles motions sont présentées. La question ici n'est pas de prendre acte, de constater ou de reconnaître d'autant plus que la motion précise que cela fait 5 ans que la situation se détériore ! Des actions immédiates sont possibles.
En situation d'urgence, soit immédiatement, le gouvernement doit louer des hôtels pour toutes les personnes qui cherchent du logement; le gouvernement doit payer le montant de loyer qui dépasse le 30 % que les familles, travailleurs ou étudiants doivent payer pour se loger; il doit débuter immédiatement la construction de logements sociaux nécessaires au Québec pour garantir un toit à tous. Toutes sortes d'autres mesures peuvent être prises immédiatement si la préoccupation est de répondre aux besoins du peuple du Québec et que personne ne soit laissé à son propre sort. Toutes sortes d'actions sont possibles lorsque l'objectif est de garantir le droit à un logement – décent, bien chauffé, salubre, abordable pour tous les revenus – afin que tous puissent vivre leur humanité, en toute sécurité d'esprit.
Cet article est paru dans
Volume 53 Numéro 10 - Octobre 2023
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