La politique étrangère du Canada – politique de lâcheté

Le Canada refuse de condamner le plan d'un «nouveau Moyen-Orient» d'Israël dans lequel la Palestine est carrément effacée

– Margaret Villamizar et Hilary LeBlanc –


Ottawa, 29 octobre 2023

Alors que les peuples du monde entier, y compris les Canadiens et les Québécois, dénoncent le crime de génocide qu'Israël commet contre le peuple palestinien tant éprouvé, le Canada officiel s'expose comme un défenseur totalement malhonnête des droits humains, de la paix et de toute autre revendication qu'il fait au nom d'un soi-disant ordre international fondé sur des règles. Les tentatives du Canada de créer une équivalence morale entre la résistance palestinienne et ce que fait Israël n'ont d'autre but que de rendre acceptable ce que fait Israël. Plus récemment, le Canada n'a soulevé aucune objection au discours provocateur du premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, lors du débat général de la 78e session de l'Assemblée générale des Nations unies le 22 septembre.

Netanyahou a présenté sa vision d'un « nouveau Moyen-Orient » en brandissant deux cartes. La première montrait ce qui, selon lui, était Israël en 1948. La deuxième représentait ce qu'il appelle « le nouveau Moyen-Orient ». Il était impossible de ne pas remarquer que les cartes se distinguaient par le fait les deux montraient Israël couvrant l'ensemble de la superficie géographique de la Palestine historique, sans la Palestine. Aucune démarcation n'indiquait l'existence d'un territoire palestinien, que ce soit en 1948, lors de la création d'Israël avec le partage de la Palestine en deux États distincts, arabe et « juif », ou dans sa vision d'un nouveau Moyen-Orient.

Sur la première carte de Netanyahou, qui portait pour titre « Israël en 1948 », seul Israël était identifié, c'est-à-dire qu'aucun des pays qui l'entourent n'était identifié. Il a expliqué qu'à l'époque de sa création, Israël était « un pays minuscule, isolé, entouré par un monde arabe hostile ». Il a ensuite brandi une deuxième carte qui, selon lui, représentait « le nouveau Moyen-Orient », sur laquelle figuraient six autres pays avec lesquels, selon lui, Israël a déjà fait la paix : l'Égypte, la Jordanie, les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Soudan et le Maroc – ces quatre derniers pays ayant récemment signé les accords d'Abraham en 2020, ce qui a été fait avec l'aide des États-Unis. Il a ensuite déclaré qu'il ne reste plus qu'à conclure un accord de paix avec l'Arabie saoudite pour mettre en place « le nouveau Moyen-Orient » qu'il envisage.


Carte de 1948

Le Moyen-Orient actuel de Benjamin Netanyahou

Carte avec une ligne rouge indiquant les routes commerciales vers l'Europe

Bien entendu, toute cette coopération est maintenant réduite à néant, car les peuples de tous ces pays manifestent en masse contre les crimes qu'Israël commet aujourd'hui. Le discours de Netanyahou confirme néanmoins ce que les États-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne et d'autres pays qui soutiennent Israël dans sa tentative de tuer tous les Palestiniens et de les priver de leur patrie une fois pour toutes défendent au Moyen-Orient. Il a déclaré de manière provocatrice que ce « nouvel » alignement de pays dont Israël est la plaque tournante non seulement apporterait la prospérité, mais augmenterait également les perspectives de paix entre Israël et les Palestiniens. Avec le pire cynisme, il a déclaré que lorsque les Palestiniens « verront que la plus grande partie du monde arabe s'est réconcilié avec l'État juif, alors ils finiront, eux aussi, par abandonner ce fantasme de la destruction d'Israël et ils pourront s'engager sur la voie d'une paix pérenne, authentique, avec Israël ».

L'implication tacite mais très claire était que la « paix » avec les Palestiniens signifie leur acceptation de l'extinction permanente de leurs droits souverains en tant que peuple et la saisie et l'occupation par Israël de tout le territoire qui leur reste. Bien entendu, ce que Benjamin Netanyahou a décrit comme le « nouvel alignement de pays avec Israël comme plaque tournante » est le commerce, la sécurité, la communication et les corridors énergétiques que les États-Unis font tout leur possible pour développer dans cette région stratégique du monde. Ils le font sur la base de leur propre quête d'hégémonie contre les nouvelles alliances établies par la majorité des pays du monde qui rejettent les desseins hégémoniques destructeurs des États-Unis.

Le Canada n'a soulevé aucune objection à cette « vision pour un nouveau Moyen-Orient », clairement conçue pour créer un rempart contre les droits des peuples de toute la région, les Palestiniens en premier lieu, afin de protéger les intérêts impérialistes américains. Aujourd'hui, moins d'un mois après que Benjamin Netanyahou a prononcé ce discours, le monde entier peut voir qu'Israël est engagé dans une campagne de génocide visant à vider la partie nord de la bande de Gaza, à transformer sa population en réfugiés une fois de plus, puis à annexer cette terre également à leur plan pour un Grand Israël. Israël est en train de faire avec toute la bande de Gaza ce qu'il a fait avec la Cisjordanie. Israël est défendu pleinement par les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, la France, l'Allemagne et d'autres anciennes puissances coloniales qui se sont partagées les terres arabes après la Première Guerre mondiale et ont créé des frontières en découpant des territoires et en plaçant certaines tribus au pouvoir pour satisfaire leurs propres intérêts prédateurs.

C'est une stratégie contre laquelle se soulève la résistance du peuple palestinien et des peuples exclus et inclus dans le « nouveau » Moyen-Orient délirant de Benjamin Netanyahou. Le génie de l'histoire verra à ce que le sort des grandes illusions sionistes sera décidé non pas par la puissance meurtrière d'Israël, soutenue par les forces spéciales américaines et maintenant également par les forces spéciales canadiennes, mais par la résistance palestinienne et les peuples du monde qui exigent justice pour la cause palestinienne. Peu importent ceux qui cherchent à concilier avec les crimes d'Israël au nom de grands idéaux, blâmer les Palestiniens ne marchera pas.

Extrait du discours du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou à l'Assemblée générale des Nations unies de 2023

Voici un extrait du discours prononcé par le premier ministre israélien lors de l'Assemblée générale des Nations unies le 22 septembre 2023 dans lequel il parle de ses projets pour un « nouveau Moyen-Orient »

[...]

Il n'y a aucun doute, les Accords d'Abraham ont fait se lever une nouvelle aube de paix.

Mais je pense que nous sommes à l'orée d'une avancée qui sera encore plus spectaculaire : un accord de paix historique avec l'Arabie saoudite.

Une paix de ce type fera beaucoup pour mettre un terme au conflit entre les pays arabes et les Israéliens. Elle encouragera d'autres États arabes à normaliser leurs relations avec Israël. Elle renforcera aussi les perspectives de paix avec les Palestiniens. Elle encouragera une réconciliation encore plus grande entre le judaïsme et l'islam, entre Jérusalem et la Mecque, entre les descendants d'Isaac et les descendants d'Ismaël.

Ces changements seront autant de bénédictions extraordinaires.

Il y a deux semaines, nous avons assisté à une autre bénédiction – qui est déjà en vue pour nous. Lors de la conférence du G20, le président Biden, le premier ministre Modi et des dirigeants européens et arabes ont annoncé un projet visionnaire de couloir qui s'étendra de la péninsule arabe à Israël. Il connectera l'Inde à l'Europe par des liens maritimes, des liaisons ferroviaires, des oléoducs, des câbles optiques.

Ce corridor fera disparaître les goulots d'étranglement et diminuera de manière considérable les coûts des produits, des communications et de l'énergie pour plus de deux milliards de personnes.

Et c'est un changement historique pour mon pays ! Vous voyez, la terre d'Israël est située à un carrefour entre l'Afrique, l'Asie et l'Europe. Et, pendant des siècles, mon pays a été envahi de manière répétée par des empires qui le traversaient dans le cadre de leurs campagnes de pillages et de conquêtes, des campagnes qu'ils livraient ailleurs. Mais aujourd'hui, alors que nous abattons les murs de l'hostilité, Israël peut devenir un pont de paix et de prospérité entre ces continents.

La paix entre Israël et l'Arabie saoudite va véritablement créer un nouveau Moyen-Orient.

Alors comprenez bien l'ampleur de la transformation que nous cherchons à faire avancer. Laissez-moi vous montrer une carte du Moyen-Orient en 1948, l'année de l'établissement d'Israël.

Voilà Israël en 1948. C'était un pays minuscule, isolé, entouré par un monde arabe hostile.

Au cours des premières 70 années de notre existence, nous avons fait la paix avec l'Égypte et la Jordanie. Puis, en 2020, nous avons signé les Accords d'Abraham, des traités de paix avec quatre autres États arabes.

Et regardez ce qui se passera quand nous aurons conclu la paix entre Israël et l'Arabie saoudite.

C'est le Moyen-Orient tout entier qui changera. Nous abattrons les murs de l'hostilité. Nous permettrons à la paix d'être possible dans cette région toute entière.

Mais il y aura aussi autre chose.

Il y a quelques années, je me suis tenu ici, à cette tribune, avec un marqueur rouge pour souligner une malédiction, une grande malédiction, la malédiction que serait un Iran nucléaire. Mais aujourd'hui, j'amène ce marqueur pour souligner, cette fois, une formidable bénédiction. La bénédiction d'un nouveau Moyen-Orient entre Israël, l'Arabie saoudite et nos autres voisins.

Nous ne ferons pas que faire disparaître les barrières entre Israël et nos voisins. Nous construirons ensemble un nouveau corridor de paix et de prospérité, qui connectera l'Asie à l'Europe en passant par les EAU, l'Arabie saoudite, la Jordanie et Israël.

[...]

Pour visionner une vidéo de l'intégralité du discours, cliquez ici.


Cet article est paru dans
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Volume 53 Numéro 10 - Octobre 2023

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