La monarchie et le « pouvoir de convaincre »
Charles III et le redémarrage du « pouvoir de convaincre » de la Grande-Bretagne
Derry, Irlande du Nord
Dans un article paru en mai dans PoliticsHome sur sa visite en Inde avec le groupe parlementaire multipartite sur l'Inde (commerce et investissement), la baronne Sandip Verma déclare qu'on lui a « rappelé régulièrement au cours de la visite la valeur et l'importance de l'engagement en personne ». Après avoir déclaré qu'à chaque occasion, on leur a rappelé que « la Grande-Bretagne restait un partenaire et un ami important pour l'Inde », elle ajoute cette mise en garde : « Cependant, il a été noté que notre pouvoir de convaincre, qui faisait autrefois l'envie du monde, a besoin a besoin d'un redémarrage en réponse à la dynamique mondiale changeante des nations émergentes telles que l'Inde »[1].
La baronne Verma se penche sur le couronnement du roi Charles III, et explique que « ce fut une excellente occasion de présenter le meilleur de ce que nous avons à offrir au monde, tout en constatant combien il reste de joyaux à découvrir ». Elle tire la conclusion suivante : « Notre nouveau monarque nous offre l'occasion d'établir des liens plus solides et plus étendus en allant à la rencontre des autres par l'intermédiaire d'institutions uniques comme le Commonwealth, mettant en lumière pour aux générations actuelles et futures la force la puissance des valeurs et des causes communes. » Elle termine en « portant un toast à un avenir plus radieux et plus fort pour la Grande-Bretagne et sa place dans le monde et au rôle que nous devons jouer dans cet avenir ».
Dans ces efforts pour définir le rôle constitutionnel du roi
Charles en tant que souverain et sa fonction symbolique en tant
que représentant de l'État, Charles III est, bon gré, mal gré,
appelé à jouer un rôle dans les affaires politiques mondiales,
un rôle qui est loin d'être symbolique ou neutre. Il est perçu
comme outrepassant son rôle soi-disant symbolique.
L'expression « pouvoir de convaincre » évoque consciemment une influence inoffensive et anodine pour mieux dissimuler des intentions politiques plus sinistres et dangereuses. Mais le « pouvoir de convaincre » de la Grande-Bretagne est tout sauf anodin, puisqu'il implique le recours à la police politique et à des opérations subversives comme les « révolutions de couleurs ». Il est déployé pour tenter de provoquer des changements de régime partout où les États-Unis, la Grande-Bretagne et leurs alliés décident que c'est ce qu'il faut faire pour défendre leurs « valeurs civilisées » et leurs « valeurs et causes communes » qui font, vraisemblablement, la fierté de la baronne.
Certains prétendent que, loin d'être au-dessus de la politique, le monarque doit sauter dans la mêlée et agir davantage comme le font les chefs d'État des États-Unis, de la France et d'autres pays, qui sont les principaux porte-parole de l'industrie de guerre dans leurs propres pays et de l'alliance États-Unis/OTAN, dont ils sont membres. Charles lui-même agit comme s'il faisait partie d'une faction axée sur ses propres intérêts particuliers, qui sont considérables, dans le but d'augmenter son pouvoir et son influence. Avec le règne de Charles III, toutes les illusions sur le caractère symbolique du rôle du monarque constitutionnel s'effondreront.
S'il est vrai que dans la monarchie constitutionnelle
britannique il existe une convention voulant que le souverain
maintienne une neutralité politique stricte, ce n'est qu'une
fiction de la personne fictive de l'État qui est contredite par
la réalité actuelle de l'exercice factionnel du « pouvoir de
convaincre », qui va de pair avec le « pouvoir de
contrainte » de la puissance et de l'agression militaire.
En effet, le roi Charles III a sauté dans la mêlée, promouvant
ce genre de « pouvoir de convaincre », qui, au XXIe siècle
seulement, a mené la Grande-Bretagne à commettre de nombreux
crimes contre l'humanité. C'est l'héritage d'une «
tradition » de la monarchie sous laquelle la
Grande-Bretagne a déployé sa puissance coloniale et impérialiste
pour préserver son empire criminel, comme en témoigne, entre
autres, son rôle perfide en Inde, son « joyau de la
couronne », dont le peuple lui-même cherche, de par ses
luttes, à se défaire.
La monarchie est à tous égards un obstacle au progrès de la société. Pour réaliser une démocratie moderne, le peuple doit s'investir du pouvoir et remplacer le « pouvoir de convaincre » et le « pouvoir de contraindre » par sa propre autorité décisionnelle.
Note
1. La baronne Sandip K. Verma est une députée conservatrice nommée (paire) de la Chambre des Lords, la chambre haute du Parlement britannique, et ancienne ministre du Développement international. Elle est née à Amritsar, au Pendjab.
(Workers' Weekly. Traduit de l'anglais par LML)
Cet article est paru dans
Volume 53 Numéro 6 - Juin 2023
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