Le Canada est pressé de se soumettre à l'économie de guerre des États-Unis

– Pierre Chénier –


Piquetage devant l'ambassade des États-Unis à Ottawa pour dénoncer la visite du président de guerre Joe Biden au Canada, le 23 mars 2023

Lors de sa visite au Canada, le président des États-Unis Joe Biden a dit aux Canadiens qu'ils n'ont pas besoin d'industries de la transformation, ils n'ont à emballer les semiconducteurs et extraire les ressources qui abondent et les envoyer aux États-Unis. Certains semblent être d'accord et pensent que la soumission au diktat permettra de créer ce qu'ils appellent de « bons emplois syndiqués » et une « économie verte ».

Le gouvernement Trudeau et quelques autres sont d'accord avec ce que dit, fait et exige Joe Biden. Leur soumission tient à une compréhension qui va au-delà du commerce et de ce qu'ils appellent « de bons emplois syndiqués » et une « économie verte ». L'acceptation de la ligne de conduite dictée par les États-Unis signifie pour eux que le Canada est en sécurité et à l'aise au sein de l'alliance militaire agressive États-Unis/OTAN/NORAD et que la Chine et la Russie sont des ennemis.

Il était choquant, c'est le moins qu'on puisse dire, d'entendre les dirigeants des syndicats nationaux canadiens demander que le Canada soit « un partenaire des plans du président Biden » dans le cadre de la loi sur la réduction de l'inflation, qui attaque tout ce qui n'est pas États-Unis, que le Canada jure allégeance à l'administration Biden et qu'il soit « le colistier » des États-Unis dans leur « sacrée bonne course économique » et leurs guerres contre leurs concurrents.

Aucune alternative n'est même envisagée, et encore moins discutée parmi les travailleurs. Pas de discussion sur les conséquences des conditions auxquelles le gouvernement canadien consent dans sa soumission à l'administration Biden. Au contraire, les Canadiens doivent se mettre à genoux et se dire reconnaissants aux impérialistes américains d'avoir inclus le Canada dans leur chaîne d'approvisionnement. Ils doivent coopérer et ne pas faire de vagues. S'ils n'acceptent pas d'être des esclaves, ils seront responsables de la perte d'emplois au profit de leurs concurrents, non seulement en Russie et en Chine, mais aussi aux États-Unis mêmes[1].

Le mouvement ouvrier est confronté à la nécessité de répondre aux déclarations et aux engagements de certains dirigeants syndicaux. Il ne peut rester silencieux face à la complaisance du Canada à l'égard des États-Unis, de leur hystérie guerrière et de leurs tentatives de mettre l'ensemble des ressources naturelles et humaines du Canada à la disposition de leurs oligopoles et de leurs préparatifs de guerre. Les Canadiens veulent que le Canada soit une zone de paix et non un bloc militaire et économique sous la coupe des bâtisseurs d'empire américains.

La politique de l'apaisement envers les impérialistes américains n'a pas profité aux travailleurs canadiens ni à leurs communautés dans le passé, à tel point que le Canada est une fois de plus réduit au rôle de scieur de bois et porteur d'eau, un chantier où réaliser des profits exceptionnels pour les oligopoles.

Chaque jour, des exemples apparaissent de cartels américains qui utilisent leur pouvoir et leurs privilèges pour violer les droits des travailleurs et éliminer leurs syndicats. Ce qui se passe à Sel Windsor en Ontario et en Nouvelle-Écosse, où un holding californien est venu pour détruire les droits des travailleurs, les syndicats et le niveau de vie, n'est pas un cas isolé. Le mouvement ouvrier canadien a une longue expérience du comportement de voyous des entreprises américaines et cette expérience ne peut pas être balayée sous le tapis par des éloges à la gloire de Joe Biden.

De plus, les travailleurs canadiens et américains sont unis dans une même cause. Les travailleurs canadiens et américains veulent une nouvelle direction de l'économie pour résoudre leurs problèmes et humaniser les conditions sociales et naturelles.


Une délégation du Conseil syndicat de Windsor et district se joint à la ligne de piquetage des travailleurs de Sel Windsor le 11 avril 2023.

Note

1. Le 28 mars, un communiqué de presse du Bureau national du Canada du Syndicat des Métallos contenait des commentaires du directeur national :

« Avec sa Loi sur la réduction de l'inflation, le président Biden s'est engagé à consacrer des centaines de milliards de dollars à la lutte contre le changement climatique, à l'investissement dans les infrastructures et à la création explicite de bons emplois syndiqués. Il sait bien que les travailleurs canadiens, l'extraction et la transformation de nos ressources et les produits que nous fabriquons sont essentiels pour atteindre ses objectifs climatiques et économiques. Le premier ministre et les membres de son cabinet ont affirmé aux travailleurs qu'ils comprenaient cela aussi. Ce budget est l'occasion pour eux de tenir leurs promesses.
« Tout comme l'aluminium, l'acier, le ciment et le bois canadiens, des minéraux critiques, notamment le nickel, le charbon sidérurgique, le cobalt, le cuivre, le lithium, l'indium et le tellure, sont extraits et produits au Canada avec des impacts carbone nettement moins importants et par des travailleurs souvent soutenus par de bons emplois syndiqués.
« En plus de demander une amélioration de l'accès à l'assurance-emploi et des investissements pour développer les soins de santé, y compris les soins dentaires et l'assurance-médicaments, [le président du syndicat] a souligné que les investissements pour un plan d'emplois durables et l'engagement à mettre en valeur les produits à plus faible teneur en carbone du Canada sont essentiels si le gouvernement veut vraiment soutenir les travailleurs canadiens et obtenir davantage d'exemptions aux règles américaines 'Buy America'.
« De la promesse d'une loi anti-scabs à l'investissement dans ce qui a été appelé la 'transition juste', ce gouvernement a beaucoup parlé de soutenir les travailleurs canadiens, mais le président Biden nous a montré à quoi ressemble une action réelle.
« Pour s'assurer que les emplois syndiqués de haute qualité qui soutiennent les familles restent au Canada et que nos deux pays atteignent les objectifs d'une économie à faible émission de carbone, les travailleurs ont besoin que le gouvernement du Canada saisisse cette occasion pour mériter notre place en tant que partenaire dans les plans du président Biden. »
Le 27 mars, la présidente nationale d'Unifor, Lana Payne, a déclaré ce qui suit dans un discours prononcé devant les Travailleurs unis de l'automobile aux États-Unis :
« La semaine dernière, j'ai assisté à un dîner officiel pour accueillir votre président, Joe Biden, au Canada. Moi et quelques centaines d'autres Canadiens.
« Le président Biden n'a pas seulement apporté un message d'opportunités partagées et d'unité, il a aussi apporté un message de solidarité. Je ne pense pas que le mot 'syndicat' ait été mentionné autant de fois, d'une manière aussi positive, dans l'histoire de notre Chambre des communes. Cela m'a remplie de fierté....
« Je dirai que, de notre point de vue, ce que font les États-Unis – et l'administration Biden en particulier – en matière de politique économique et industrielle est tout à fait impressionnant. Je n'ai jamais vu un gouvernement, quel qu'il soit, faire preuve d'autant d'ambition pour rapatrier des produits manufacturés essentiels, investir dans les chaînes de valeur nationales et promouvoir les technologies propres.
« Si c'est la course pour l'économie que les États-Unis ont entamée, c'est une très bonne course. Et c'est une course que le Canada et les États-Unis, comme la plupart des choses, gagneront en tant que colistiers. Une course qui sera gagnée en garantissant de bons emplois, avec des conventions collectives, pour tous.
« Une course qui sera définie par ses politiques centrées sur les travailleurs en ce qui concerne les rabais accordés aux consommateurs de véhicules électriques. Nos membres ont été incroyablement soulagés de voir que la loi sur la réduction de l'inflation prévoyait une exception pour le Canada »


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Volume 53 Numéro 5 - Mai 2023

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