L'anarchie érigée en autorité

Accumulation accélérée de richesse sociale dans un très petit nombre de mains

L'organisation de la société civile Oxfam signale qu'au cours des deux dernières années, une infime minorité d'oligarques a « accaparé près des deux tiers de toutes les nouvelles richesses créées dans le monde ». Selon l'étude, la « fortune collective des ultra-riches augmente de 2,7 milliards par jour », alors que les travailleurs souffrent de la baisse des salaires, de l'insécurité, des guerres et des attaques contre les programmes sociaux dont ils dépendent.

Les travailleurs ont produit 42 000 milliards de dollars de richesses sociales nouvelles depuis 2020, dont 26 000 milliards, soit 63 %, ont été expropriés par les ultra-riches qui contrôlent les économies du monde entier. Les 16 000 milliards de dollars restants, soit 38 %, ont été répartis entre les producteurs réels, principalement pour leurs besoins quotidiens. « Pour chaque dollar de nouvelle richesse mondiale gagné par une personne faisant partie des 90 % les plus pauvres, un milliardaire a gagné 1,7 million de dollars », explique Oxfam.

Certains milliardaires qui contrôlent la production et la distribution des denrées alimentaires et de l'énergie ont vu leur fortune grimper en flèche en 2022 avec l'augmentation rapide des prix des produits sociaux dans ces secteurs. Quatre-vingt-quinze entreprises alimentaires et énergétiques privées, sont les opérations sont concentrées principalement aux États-Unis et en Europe, ont plus que doublé le montant qu'elles ont exproprié de la production mondiale à titre de profit privé. Les conséquences de cette concentration de richesses entre les mains de quelques-uns ont été immédiates : 1,7 milliard de travailleurs ont dû faire face à une inflation des prix supérieure aux salaires qu'ils reçoivent de la vente de leur capacité de travail aux très riches qui possèdent et contrôlent l'économie et qui profitent de ce vol de la valeur sociale. Tragiquement, en raison de cette inégalité flagrante, plus de 820 millions de personnes, soit environ une personne sur dix dans le monde, souffrent de la faim, selon Oxfam.

« Alors que les populations font tous les jours des sacrifices sur des produits de base comme les denrées alimentaires, les ultra-riches s'enrichissent à un rythme qui dépasse leurs rêves les plus fous. Cette nouvelle décennie, qui a débuté il y a seulement deux ans, promet d'être la plus avantageuse à ce jour pour les milliardaires, de nouvelles années folles placées sous le signe de la prospérité pour les plus riches du monde », affirme Gabriela Bucher, directrice générale d'Oxfam International. Les mythes de l'économie de ruissellement et de la marée montante qui soulève tous les navires sont réduits à néant par la réalité à laquelle les peuples sont confrontés. La marée, qui a été plutôt un tsunami d'énormes richesses sociales se déversant dans les poches des oligarques pendant l'offensive antisociale, n'a fait que « soulever les superyachts », a conclu Gabriela Bucher.

Ce rapport confirme une fois de plus que la minorité qui contrôle l'économie et la politique dans le monde entier accapare quotidiennement des quantités toujours plus importantes de la richesse sociale produite par les travailleurs. La possession par quelques-uns de la richesse sociale, des investissements et des moyens de production et leur contrôle des gouvernements conduisent à une plus grande accumulation pour la minorité riche tandis que les travailleurs souffrent d'une insécurité croissante et d'un niveau de vie plus bas, et que les problèmes sociaux s'aggravent.

Comment pourrait-il en être autrement tant qu'une minorité de riches contrôle l'économie et la politique, s'approprie la valeur ajoutée produite par les travailleurs et refuse de reconnaître ou d'accepter que, dans le monde moderne, les peuples eux-mêmes doivent avoir le contrôle de toutes les affaires qui affectent leur vie ? Il n'y a rien de nouveau là-dedans. Le défi que doit relever la classe ouvrière est de résoudre le problème de s'investir du pouvoir de décider afin de ne pas être réduite à une force qui se contente de décrire à quel point la minorité riche est corrompue, dégénérée et superflue, ou, ce qui est tout aussi grave, voire pire, d'exiger que cette force superflue résolve le problème créé par le système dont elle profite.

La richesse sociale accumulée par les riches permet aux expropriateurs d'utiliser le pouvoir et le contrôle qu'elle leur confère pour défendre le statu quo qui les favorise et interdire le passage à l'étape suivante du développement humain. Les travailleurs eux-mêmes ont la responsabilité sociale de prendre le contrôle des affaires politiques, des forces productives et de la richesse sociale qu'ils produisent et de l'utiliser pour humaniser l'environnement social et naturel.

L'économie impérialiste où les ultra-riches imposent leur volonté aux travailleurs est transitoire. Il est nécessaire d'avancer vers une nouvelle direction et une nouvelle étape sous le contrôle des travailleurs. Pour cela, les travailleurs doivent établir leur propre point de vue en permanence et sur toutes les questions qui les préoccupent, sur la base de leur politique indépendante. Ils peuvent combattre le programme antisocial en avançant un programme prosocial qui établit les réclamations qu'ils sont en droit de faire à la société. Il s'agit des réclamations qu'ils sont en droit de formuler en vertu des rapports qu'ils établissent dans la société et de la nécessité de créer une société qui garantit les droits de tous les êtres humains. Les actions indépendantes avec analyse font naître la nouvelle qualité : des travailleurs qui parlent en leur nom et se représentent eux-mêmes. C'est essentiel pour conjurer les dangers qui nous guettent à cause de la rivalité inter-impérialiste et de la voie guerrière de l'alliance États-Unis/OTAN, dont le Canada fait partie.


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Volume 53 Numéro 5 - Mai 2023

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