Les difficultés des projets d'« énergie verte »
Nouvelle subvention massive pour la construction d'une usine de batteries de Volkswagen à St. Thomas, en Ontario
Le 21 avril, le gouvernement fédéral a annoncé qu'il accordait à Volkswagen un investissement initial de 700 millions de dollars et des subventions à la production allant jusqu'à 13,2 milliards de dollars sur 10 ans en fonction des volumes de production, pour construire sa première « giga-usine » de batteries pour véhicules électriques en Amérique du Nord, à Saint-Thomas, en Ontario. Une fois construite, l'usine aura la taille de 391 terrains de football, ce qui en ferait la plus grande usine du Canada, et son coût de construction s'élèverait à 7 milliards de dollars. Selon les rapports de presse, Volkswagen et le gouvernement affirment que l'usine emploiera « jusqu'à 3 000 personnes ». Le gouvernement de l'Ontario s'est également engagé à verser 500 millions de dollars en incitatifs directs à l'entreprise, en plus des fonds destinés à soutenir l'infrastructure locale.
Frank Blome, PDG de PowerCo, la division du groupe VW chargée
des batteries et de la production, a déclaré que l'usine
disposera de six lignes de production et fabriquera suffisamment
de batteries pour un million de voitures par an. VW prévoit de
fabriquer 25 nouveaux modèles de véhicules électriques au cours
des prochaines décennies, et la plupart de leurs batteries
proviendront de St. Thomas.
Des représentants du Canada ont confirmé que les termes de l'accord correspondent à ce que VW aurait reçu en subventions du gouvernement américain s'il avait choisi les États-Unis pour cette usine. Cela montre comment les gouvernements soutiennent les grands monopoles de l'automobile avec des stratagèmes pour payer les riches. Electrek rapporte que l'accord est également proportionnel à l'Inflation Reduction Act (loi sur la réduction de l'inflation) aux États-Unis : « Si les subventions américaines disparaissent, il en va de même pour celles de Volkswagen au Canada. Si elles sont réduites, celles du Canada le seront aussi », explique Eletrek. Le gouvernement de l'Ontario informe explicitement que les incitations sont censées correspondre à la législation américaine, soit 35 dollars US par kWh de stockage d'énergie produit. Le Canada fournira ses incitations « pour ce qui est produit et vendu et les réduira progressivement de 25 points de pourcentage chaque année à partir de 2030 (après 2032, le crédit serait éliminé) ».
Les travailleurs de l'Alliance de la fonction publique du Canada ont tenu un rassemblement à l'extérieur de l'édifice où le premier ministre Trudeau a fait cette annonce, à St. Thomas. Leur situation tourne en dérision les prétentions du Canada de Trudeau. « Le Canada a l'avantage grâce aux travailleurs eux-mêmes, des gens qui savent comment fournir exactement ce que le monde veut », a dit le premier ministre lors de l'annonce à St. Thomas. Les travailleurs du service public savent également comment répondre aux attentes du monde, mais ils ne sont pas considérés comme dignes des milliards que le gouvernement remet à la supranationale allemande Volkswagen. « C'est plus qu'une giga-usine. Il faut comprendre que l'avenir sera solide et porteur pour les gens d'ici et de tout le pays », a-t-il ajouté.
« Cet accord concerne les travailleurs, a poursuivi le premier ministre. Il rapportera 200 milliards de dollars à l'économie canadienne au cours de la décennie à venir. Un environnement plus propre, une main-d'oeuvre plus forte, en meilleure santé, des partenariats avec les peuples autochtones, voilà comment nous construisons une économie forte pour l'avenir. » Il a affirmé que le projet créerait jusqu'à 30 000 emplois indirects ou en dérivé.
Le ministre ontarien du Développement économique, de la Création d'emplois et du Commerce, Vic Fedeli, a déclaré :
« Il s'agit de l'investissement le plus important de l'histoire de la province dans le secteur de l'automobile. Il s'agit d'un redressement complet du secteur automobile en trois ans. Nous sommes de retour. L'Ontario est de retour. »
Andreas Schotter, professeur de stratégie internationale à la Ivey School of Business de l'Université Western et ancien contrôleur des ventes et du marketing pour l'Amérique du Nord chez Volkswagen, a déclaré :
« La loi [américaine] sur la réduction de l'inflation a vraiment fait ressortir la nécessité d'ouvrir davantage les poches pour attirer les investissements dans les technologies vertes et les usines de batteries. Sinon, l'usine aurait été implantée aux États-Unis ou au Mexique, mais probablement aux États-Unis. »
Selon lui, « nous devons attirer l'industrie ». « Volkswagen est un acteur mondial. Attirer cette usine ici, d'un point de vue canadien, est logique. Le prix à payer ? Vous payez le prix et vous l'obtenez. »
La présidente nationale d'Unifor, Lana Payne, a déclaré :
« L'ampleur de la transition vers la production de véhicules électriques ne saurait être surestimée, avec une concurrence féroce dans le monde entier pour les usines et les emplois à long terme qui en découlent . Le récent investissement du gouvernement fédéral montre que le Canada est prêt à déployer de l'argent et une vision dans une stratégie industrielle audacieuse. Le fait de s'être assuré la construction de l'usine de batteries de VW est une victoire historique, mais il est essentiel que les travailleuses et travailleurs obtiennent leur part de cet investissement avec des emplois syndiqués bien rémunérés. »
Unifor préconise depuis longtemps que les investissements gouvernementaux soient conditionnés à une production continue, « mais les obligations de la société ne doivent pas s'arrêter là, a-t-elle ajouté. VW est un nouvel ajout à l'empreinte automobile canadienne et nous attendons de la société qu'elle respecte totalement nos normes de travail et le droit de ses travailleuses et travailleurs de se syndiquer.. »
Cet article est paru dans
Volume 53 Numéro 4 - Avril 2023
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