Quelques caractéristiques du système électoral cubain
Un des principaux traits distinctifs du système électoral cubain est le processus de sélection des candidats et l'importance qu'on y attache. Les candidats ne sont pas choisis par un parti politique, comme c'est le cas dans un grand nombre de pays qui prétendent être démocratiques, mais qui, à toutes fins pratiques, ont éliminé le moindre rôle réservé au peuple. Dans ces pays, les gens sont appelés à voter pour des candidats qu'ils n'ont pas sélectionnés et pourront peut-être participer à la distribution de matériel de campagne préparé par une firme de marketing pour « vendre » le candidat d'un des partis à des électeurs microciblés.
La sélection des candidats
À Cuba, les candidats sont sélectionnés en vertu d'un processus rigoureux et inclusif au niveau de la communauté. Des pré-candidats sont également proposés par leurs pairs lors des sessions plénières des organisations de masse et étudiantes, dont 90 % des Cubains sont membres : la Fédération des travailleurs cubains, la Fédération des femmes cubaines, les Fédérations des étudiants universitaires et des étudiants de niveau secondaire, l'Association nationale de petits agriculteurs et les Comités de quartiers à la défense de la révolution. Les membres de ces organisations ne sont pas obligés de proposer uniquement des personnes de leur organisation.
Les propositions reçues (lors de cette élection, elles étaient de plus de 19 000) sont ensuite communiquées aux commissions de mise en candidature, composées de représentants des organisations ci-haut mentionnées et dirigées par la Fédération des travailleurs cubains. Les commissions dans chaque municipalité analysent les biographies des candidats proposés et préparent leurs propres propositions sur la base des noms reçus et après les avoir examinées et en avoir délibéré, se retrouvent avec un nombre réduit de pré-candidats (un peu plus de 4 100 pour cette élection). Enfin, une liste de pré-candidats correspondant au nombre de députés à élire dans chaque circonscription électorale est présentée aux délégués de chacune des 169 assemblées municipales du pouvoir populaire pour examen et approbation (ou rejet) par un vote pour chacun des pré-candidats. De nouveaux pré-candidats sont proposés par les commissions pour remplacer ceux qui ne passent pas. À l'échelle nationale, quelque 12 000 délégués municipaux, tous récemment élus, confirment la nomination de 470 personnes pour occuper autant de sièges à l'Assemblée nationale. La loi électorale adoptée en 2019 prévoit un député par tranche de 30 000 habitants ou fraction supérieure à 15 000. Les personnes nommées sont censées, en tant que groupe, refléter le plus fidèlement possible la diversité actuelle de la société cubaine. Les électeurs ont la possibilité de voter pour tous les candidats inscrits sur le bulletin de vote de leur circonscription, pour certains d'entre eux ou pour un seul. Pour être élus, les candidats doivent obtenir plus de 50 % des voix exprimées par leurs électeurs lors d'un scrutin secret.
Expliquant comment se passe la sélection des candidats à Cuba, Consuelo Baeza Martin, présidente de la Commission nationale des candidatures, a dit que le fait que les commissions de candidatures sont composées d'organisations de masse qui font partie de la société civile cubaine vient renforcer une exigence fondamentale du système politique cubain : c'est le peuple qui propose et nomme librement et démocratiquement ses candidats plutôt que d'être la prérogative d'un parti politique. Cela fait en sorte que les candidats sont des gens ordinaires ayant fait preuve de qualités, de compétences et d'une éthique qui font d'eux des personnes prêtes à assumer les responsabilités de la fonction de député dans l'instance législative la plus élevée du pays. Ce processus évite de favoriser des gens mieux nantis économiquement ou qui sont liés à des intérêts privés qui agissent par l'intermédiaire de partis politiques et de gouvernements qu'ils forment dans des pays comme les États-Unis et le Canada, qui passent leur temps à critiquer le présumé manque de démocratie à Cuba.
Lors d'une des réunions avec des personnes de différents secteurs sociaux, appelée par les huit candidats à la députation pour la municipalité de Santa Clara, dont il faisait partie, le président Miguel Díaz-Canel a répondu aux allégations des détracteurs de Cuba, en affirmant qu'à Cuba, les députés sont soumis six fois à des processus de décision populaire. « Cela se passe-t-il aux États-Unis ou dans n'importe quel autre pays qui veut nous imposer sa démocratie ? », a-t-il demandé.
Pas de campagnes, de promesses électorales ni
de possibilité d'acheter des votes
Un autre trait distinctif du système cubain est qu'il n'y a pas de campagnes menées pour ou contre un candidat, ou de « promesses électorales » des candidats. Les autorités électorales doivent aussi veiller à ce qu'aucun bien ou ressource appartenant aux candidats, à leur famille proche ou à d'autres, qui pourrait compromettre leur impartialité ou donner lieu à des mésententes ou des conflits au sein des électeurs, n'est utilisé pendant les élections.
Les dispositions pour un vote informé
Après avoir été confirmés, les huit candidats de Villa Clara
discutent avec des représentants locaux d'organisations de
masse, le 6 février 2023.
Pour que les électeurs puissent voter d'une manière informée, ils reçoivent, bien avant le jour des élections, les informations suivantes accompagnées d'une photographie du candidat : son nom, sa date de naissance, son sexe, son statut marital, son niveau d'études ou d'éducation postsecondaire, ses compétences dans une profession ou un métier, son occupation actuelle, son lieu de domicile, les organisations dont il est membre, et une brève description de ses qualités personnelles et de sa capacité de démontrer en quoi il ou elle a les compétences voulues pour assumer les responsabilités de député. L'information est affichée de façon permanente dans les endroits publics ainsi qu'en ligne. Les candidats eux-mêmes rencontrent les travailleurs de différents secteurs, les étudiants et les autres membres de leurs circonscriptions, entendent leurs préoccupations et leurs attentes et discutent avec eux, mais pas en compétition les uns avec les autres pour les votes.
Une fois élus, les députés ne sont pas payés pour assumer leurs responsabilités, mais continuent de recevoir le salaire qu'ils ont normalement dans leur travail. Pour assumer leurs responsabilités, ils sont tenus de maintenir des liens serrés avec les citoyens, d'écouter leurs opinions, suggestions et préoccupations ainsi que de parfaire leurs connaissances dans divers domaines, d'être toujours bien informés des événements nationaux et internationaux et, surtout, de rendre des comptes périodiquement à leurs concitoyens. La même démarche est suivie par les personnes dans les plus hauts postes de direction, y compris le président, le vice-président et le premier ministre de la République. En vertu de la loi électorale cubaine, tous peuvent être révoqués avant la fin de leur mandat si les circonstances le justifient.
Les députés élisent les dirigeants de l'Assemblée nationale et de la République parmi leurs pairs
Un processus aussi rigoureux que la sélection de candidats au poste de député est prévu pour la nomination de candidats à la direction de l'Assemblée nationale et de la République – tous devant être élus par leurs pairs. Dans cette élection, du 3 au 9 avril, les membres de la Commission nationale des candidatures ont voyagé dans chaque coin de Cuba pour consulter les députés élus le 26 mars dans le but d'obtenir leurs propositions écrites de nomination de députés appelés à occuper la présidence et les autres postes de direction à l'Assemblée nationale, au Conseil d'État composé de 21 membres et pour la présidence et la vice-présidence de Cuba. Pour être élus à l'un de ces postes, les députés doivent obtenir plus de 50 % des voix de leurs pairs lors d'un vote à bulletin secret.
(Cubadebate. Photos : Cubadebate, Presidencia Cuba)
Cet article est paru dans
Volume 53 Numéro 4 - Avril 2023
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