L'urgente nécessité de défendre les droits des migrants et des réfugiés

Manifestation à Montréal contre la décision du Canada et des États-Unis de bloquer davantage la « migration irrégulière »


Le 29 mars, une manifestation a eu lieu à Montréal devant le bureau de circonscription du premier ministre Justin Trudeau, contre la fermeture du poste frontalier du chemin Roxham entre le Québec et l'État de New York. Outre Solidarité sans frontières, qui a organisé l'action, des représentants d'organisations communautaires et autres représentant des étudiants préoccupés par l'environnement naturel et social, des femmes, des personnes travaillant dans le secteur de la santé et d'autres encore ont pris la parole.

La fermeture du chemin Roxham est une conséquence directe de la visite du président américain Joe Biden au Canada. Le 24 mars, le Canada et les États-Unis ont « annoncé un Protocole additionnel qui élargit l'Entente sur les tiers pays sûrs (ETPS) et s'applique à toute la frontière terrestre, y compris aux cours d'eau intérieurs ». En vertu de cette entente, le Canada et les États-Unis se sont mutuellement déclarés sûrs pour les réfugiés et empêchent ceux qui demandent l'asile à la frontière canado-américaine de le faire.

Bien que l'accord ait été préparé il y a un an, les demandeurs d'asile eux-mêmes n'ont été prévenus que quelques heures à l'avance par le gouvernement fédéral avant qu'il ne ferme la frontière lorsque l'élargissement de l'ETPS est entré en vigueur le 25 mars à minuit.

Par le biais de l'ETPS, en vigueur depuis 2004, le Canada renvoie les réfugiés aux États-Unis où ils risquent une détention arbitraire, un renvoi accéléré pour que leur cas soit entendu, et des poursuites au criminel pour avoir traversé la frontière américaine. Il s'agit d'une violation des engagements internationaux du Canada à l'égard des demandeurs d'asile.

Les participants au rassemblement du 29 mars ont appelé à la fin de l'ETPS. Ils ont souligné la cruauté et l'hypocrisie du gouvernement libéral de Trudeau qui, tout en parlant de préparer un programme massif de régularisation pour les personnes sans statut, travaille en secret avec les États-Unis depuis un an pour fermer le passage frontalier irrégulier, ajoutant qu'il ne fallait plus se faire d'illusions quant à l'aide que le gouvernement fédéral pourrait apporter à ceux qui voyagent à travers les Amériques en quête de sécurité.

Ils ont également condamné le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) qui, au début de la pandémie, parlait de ceux qui étaient passés par le chemin Roxham comme des travailleurs essentiels et des anges gardiens et qui, aujourd'hui, avec toute sa rhétorique, traite ceux qui entrent de façon irrégulière comme une menace pour la soi-disant cohésion nationale du Québec, etc.

Les demandeurs d'asile eux-mêmes, ont-ils dit, y compris des familles entières avec de jeunes enfants, qui ont souvent voyagé à travers de nombreux pays, affrontant toutes sortes de périls et de traumatismes jusqu'à ce qu'ils arrivent au chemin Roxham, où des installations fédérales avaient été mises en place pour assurer leur sécurité lors de la traversée, n'ont reçu qu'un préavis de quelques heures avant que la frontière ne soit fermée hermétiquement sous leur nez au petit matin du 25 mars.

S'ils sont pris, les demandeurs d'asile doivent désormais prouver qu'ils se trouvent au Canada depuis 14 jours, sauf pour quelques exceptions telles que les enfants non accompagnés et les personnes dont des membres de la famille vivent au Canada, sous peine d'être renvoyés aux États-Unis.

Les intervenants ont également évoqué la mort de Fritznel Richard, un ressortissant haïtien qui, faute de permis de travail, avait tenté de rentrer aux États-Unis, et celle de Jose Leos Cervantes, un ressortissant mexicain qui luttait pour faire vivre sa famille à Toronto et qui est décédé près de la frontière américaine.

Dans leur annonce d'élargissement de l'ETPS, les gouvernements des deux pays affirment notamment qu'ils veulent « favoriser un processus sécuritaire, juste et ordonné en matière de migration, d'asile et de sécurité à la frontière. Cette démarche s'assortit d'un engagement à s'attaquer aux causes profondes des migrations irrégulières et des déplacements forcés tout en respectant les droits de ceux qui fuient la persécution ». Les États-Unis et le Canada prennent-ils des mesures pour mettre fin à leurs interventions étrangères, y compris les guerres et les agressions, qui sont la cause première du déplacement de millions de personnes dans le monde ? En fait, la visite de Joe Biden au Canada a été l'occasion pour les deux pays de planifier de nouvelles infamies contre Haïti et son peuple, ce qui ne fera qu'exacerber les crises auxquelles ils sont confrontés.

L'unité d'action de tous les groupes qui travaillent à la défense des droits de tous, ont déclaré les orateurs, doit être renforcée et l'ensemble de la classe ouvrière doit être appelée à s'approprier la lutte pour la défense des droits de tous, en tant qu'êtres humains à part entière, avec tous les droits que cela implique.

La nécessité urgente de s'opposer à la criminalisation des migrations et de disposer de moyens sécuritaires pour migrer d'un pays à l'autre est soulignée par la mort d'au moins huit personnes de deux familles le 30 mars, alors qu'elles tentaient d'effectuer une « traversée irrégulière » du Canada vers les États-Unis, en passant par le fleuve Saint-Laurent et le territoire mohawk d'Akwesasne.

Une campagne de pétition est en cours pour mettre fin à l'ETPS. Pour lire ou signer la pérition, voir Migrant Rights Network. Le Marxiste-Léniniste appelle tout le monde à utiliser la pétition et d'autres moyens pour mettre fin à l'ETPS et à toutes les violations des droits des immigrants et des réfugiés commises par le Canada, qui causent tant d'injustices et de tragédies.

(Photos: LML, Solidarité sans frontière)


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Volume 53 Numéro 3 - Mars 2023

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