Les opérations des États-Unis dans l'Arctique canadien consolidées lors de la visite de Biden

Un des éléments de l'ordre du jour du gouvernement Trudeau depuis son élection est de permettre lentement aux États-Unis d'étendre leurs opérations dans l'Arctique canadien, au nom de la protection du Canada contre les menaces imaginaires de la Russie et de la Chine. Cela comprend surtout l'élargissement du rôle de NORAD dans l'Arctique, qui est sous commandement américain, comme s'il s'agissait d'une opération conjointe. Cet ordre du jour a encore progressé lors de la visite du président américain Joe Biden au Canada.

La déclaration conjointe de Biden et Trudeau, datée du 24 mars, indique que « notre plus grande priorité est de protéger nos citoyens et notre territoire souverain. Nous investirons dans la modernisation du Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD), et plus précisément :

« Dans le cadre d'un investissement de 6,96 milliards de dollars dans la modernisation du système de surveillance, acquérir et mettre en service deux systèmes de radar transhorizon (OTHR) de prochaine génération couvrant les voies d'approche arctiques et polaires. Le premier système sera déployé d'ici 2028 afin d'améliorer la capacité d'alerte rapide et la connaissance des voies d'approche nord-américaines.

« Des investissements de 7,3 milliards de dollars dans les zones d'opérations nordiques avancées afin de financer des aéronefs de 5e génération et des ressources de mobilité et de ravitaillement. Ces capacités devraient être en place avant l'arrivée des avions F-35, notamment l'amélioration des aérodromes pour accueillir le personnel des aéronefs, le carburant et les munitions, afin que le NORAD puisse dissuader les menaces émergentes contre notre espace aérien et maritime, s'en défendre et concurrencer la Chine et la Russie dans les prochaines années.

« Le premier ministre a confirmé que les fonds nécessaires à ces investissements proviendraient des investissements prévus du Canada dans l'infrastructure de la défense. Ces efforts déployés par le Canada et les États-Unis permettront de renforcer la capacité du NORAD à détecter les menaces plus tôt et avec une plus grande précision ainsi qu'à intervenir de manière efficace. Face aux menaces mondiales, les dirigeants ont convenu de l'importance d'investir dans des forces modernes, opérationnelles et aptes, conformément aux engagements pris envers l'OTAN en matière de défense lors du Sommet du Pays de Galles en 2014 et à leurs promesses d'investissement dans ce domaine. Ces investissements permettent de fournir de véritables contributions à l'OTAN, aux Nations unies et à d'autres missions internationales. »

Depuis la mi-2022, l'engagement du Canada dans la modernisation du NORAD a fait couler beaucoup d'encre. En juin 2022, la ministre de la Défense nationale, Anita Anand, a annoncé que ce projet impliquerait des dépenses de 4,9 milliards de dollars pour les six premières années, avec un nouveau financement entrant en jeu la septième année, s'élevant à 38,6 milliards de dollars sur vingt ans, pour des dépenses totales de près de 49 milliards de dollars pour le projet.

Le projet de modernisation vise principalement à renforcer les capacités de surveillance du NORAD, c'est-à-dire les capacités de surveillance des États-Unis dans l'ensemble de l'Arctique et dans l'Arctique canadien en particulier. Une grande partie de ce projet implique l'utilisation de nouvelles technologies télécommandées, dont certaines doivent encore être développées, impliquant des réseaux de capteurs, de drones et d'autres types de véhicules sans pilote, à la fois sur et sous l'eau dans l'Arctique canadien.

Un récent reportage de la chaîne CBC s'est penché sur la modernisation du NORAD dans le Nord canadien et sur les obstacles auxquels elle s'est heurtée. Le reportage citait le vice-amiral Bob Auchterlonie, responsable du Commandement des opérations interarmées du Canada, qui parlait du travail du Canada « en collaboration avec » la Cinquième flotte de la marine américaine pour le développement de systèmes de surveillance sous-marine, y compris des navires et des véhicules sous-marins sans pilote.

« Je dirais que la technologie a vraiment progressé au cours des dernières années. Nous travaillons avec nos alliés, ainsi qu'avec leurs propres scientifiques de la défense, pour mettre au point ces capacités de détection des adversaires dans nos eaux [...], à la fois en surface et sous la surface », a déclaré Bob Auchterlonie. La marine américaine prévoit de revitaliser sa cinquième flotte d'ici à 2045, avec une flotte de 373 navires avec équipage et 150 navires de patrouille sans équipage, soit un total de 523 navires. La marine a demandé au Congrès américain plus de 250 millions de dollars américains pour mettre au point des navires de surface et sous-marins sans pilote.

Cela montre que l'un des moyens par lesquels l'Arctique canadien passera sous le contrôle des États-Unis sera l'utilisation de navires et de drones télécommandés et sans pilote, ainsi que de réseaux de capteurs qui communiquent entre eux et avec le NORAD.

En d'autres termes, les nouvelles technologies en cours de développement visent à faciliter la prise de contrôle de l'Arctique canadien par les États-Unis et à le militariser sans qu'il soit nécessaire d'envoyer des « troupes sur le terrain ». C'est l'une des raisons pour lesquelles le premier ministre Trudeau continue de dire qu'il défend la souveraineté du Canada dans l'Arctique et le passage du Nord-Ouest. Il peut dire qu'il ne veut pas des États-Unis dans l'Arctique canadien tout en ouvrant la voie à un contrôle à distance par les États-Unis.


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Volume 53 Numéro 3 - Mars 2023

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