Le président de guerre des États-Unis n'est pas le bienvenu au Canada

Proclamer de grands idéaux pour cacher que les États-Unis exigent que le Canada se soumette à leur ordre du jour de domination mondiale

- Barbara Biley -


Manifestation le premier jour de la visite de Biden à Ottawa le 23 mars 2023

La dignité des peuples du Canada et du Québec a été défendue par des actions à Ottawa et ailleurs au Canada contre la première visite officielle du président des États-Unis, Joe Biden, tenues au Canada les 23 et 24 mars.

Au cours de sa visite, Joe Biden et son entourage ont assisté à un dîner de gala et ont rencontré en privé la gouverneure générale du Canada, Mary Simon, ainsi que le premier ministre Justin Trudeau et les principaux ministres libéraux, et séparément le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre. Le 24 mars, Joe Biden a prononcé un discours à la Chambre des communes.

Le but de la visite et la question de savoir qui mène la danse sont devenus évidents dans le discours de Joe Biden au parlement et dans la déclaration conjointe publiée par Justin Trudeau et Joe Biden le 24 mars. Sous le mince voile de prétention qu'ils sont motivés par des idéaux élevés de protection des personnes et de l'environnement, il est clair que l'objectif est de poursuivre l'intégration du Canada dans l'économie de guerre américaine et la soumission du gouvernement canadien aux objectifs hégémoniques des États-Unis.

Citant John F. Kennedy lors de sa visite en 1961 au Canada, Joe Biden a déclaré : « nous avons en partage l'unité propre à des nations égales et indépendantes, colocataires du même continent, héritières d'un même patrimoine, et associées pleinement souveraines dans la poursuite du même but historique : celui de préserver notre liberté et celle de tous ceux qui la désirent.  » Il s'agit d'une fraude de l'histoire destinée à couvrir tous les crimes commis par les États-Unis, leurs alliés de l'OTAN et d'autres « coalitions » contre la lutte des peuples et des nations pour leur indépendance.

La « liberté » de « tous ceux qui la désirent » est assimilée à la soumission au diktat des États-Unis, faute de quoi ceux qui résistent en subiront les conséquences – coups d'État et actes de guerre des États-Unis, y compris les sanctions et les interventions militaires. La déclaration conjointe Trudeau-Biden émise à l'occasion confirme que Joe Biden est un président de guerre et que Justin Trudeau est un partisan du bellicisme américain qui ne représente pas les Canadiens et les Québécois et leur conscience antiguerre.

Par exemple, ils affirment que « Le Canada et les États-Unis restent également préoccupés par la détérioration de la situation en Haïti et sont déterminés à accroître le soutien de la communauté internationale au peuple d'Haïti, notamment en leur offrant une aide en matière de sécurité et une aide humanitaire et un meilleur soutien à la Police nationale d'Haïti et en veillant à ce que ceux qui compromettent la stabilité d'Haïti rendent compte de leurs actes. » L'histoire sordide de l'ingérence des États-Unis, du Canada, de la France et d'autres pays en Haïti est aussi bien connue que le refus du peuple haïtien de se plier à la domination étrangère. Une telle déclaration ne peut être considérée que comme un retour des criminels sur les lieux du crime pour « finir le travail ».

Derrière tous les discours de Joe Biden et Justin Trudeau sur le « partenariat » et le « partage », il y a la réalité brutale que la relation entre les deux pays n'est pas une relation d'égal à égal. Lorsque les États-Unis, avec la Loi sur la production de défense (Defense Production Act), fournissent des fonds aux entreprises canadiennes pour l'extraction et le traitement de minéraux critiques et pour l'emballage de semi-conducteurs et de cartes de circuits imprimés fabriqués aux États-Unis, c'est pour mettre l'économie canadienne au service de l'économie de guerre des États-Unis.

Le Groupe de travail sur la transformation de l'énergie doté d'un mandat d'un an, annoncé dans la déclaration conjointe, doit permettre aux États-Unis d'accéder aux minéraux critiques du Canada et d'intégrer les systèmes énergétiques au nom de la sécurité énergétique collective. La poursuite de la militarisation de l'Arctique par l'expansion du NORAD vise, comme l'indique la déclaration conjointe, à garantir que « le NORAD puisse dissuader les menaces émergentes contre notre espace aérien et maritime, s'en défendre et concurrencer la Chine et la Russie dans les prochaines années ».

La déclaration conjointe reflète à la fois les exigences des États-Unis envers le Canada et l'acquiescement et la complaisance du gouvernement Trudeau envers les objectifs hégémoniques des États-Unis, ainsi que sa volonté de se conformer et de piétiner les droits des Canadiens et des peuples autochtones d'avoir leur mot à dire sur la direction de l'économie et de la politique étrangère du Canada. Les décisions énoncées dans la déclaration conjointe du premier ministre Trudeau et du président Biden ont été prises bien avant la visite, dans le dos des Canadiens et sans discussion au parlement. En fait, il a été révélé que la décision d'étendre l'Entente sur les tiers pays sûrs pour permettre aux autorités des deux pays d'appréhender et de renvoyer les demandeurs d'asile aux postes frontières officiels et non officiels avait été prise il y a près d'un an.

La déclaration conjointe énumère sept domaines dans lesquels les États-Unis et le Canada collaboreront :

- catalyser l'énergie propre et créer de bons emplois;
- améliorer la résilience de la chaîne d'approvisionnement en minéraux critiques;
- protéger nos eaux communes et l'Arctique;
- favoriser la diversité et l'inclusion;
- renforcer les alliances mondiales;
- investir dans notre défense et notre sécurité collectives et
- gérer la migration en collaboration.

La visite de Joe Biden a été utilisée pour intensifier les propos bellicistes contre la Russie et « les difficultés que représente depuis longtemps la République populaire de Chine pour l'ordre international », alors même que les navires de guerre canadiens s'apprêtaient à se déployer dans l'Indo-Pacifique pour appliquer les sanctions illégales contre la République populaire démocratique de Corée et intervenir dans la région.

La demande des États-Unis d'intégrer le Canada dans l'économie des États-Unis et de créer une économie nord-américaine intégrée fait suite au sommet des « trois amis », le président des États-Unis, Joe Biden, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau et le président du Mexique, Andrés Manuel Lopez Obrador, qui s'est tenu au Mexique en janvier. Le ministre des Relations extérieures du Mexique, Marcelo Ebrard, a déclaré que la commission commerciale mixte composée de 12 personnes « aura toute notre confiance pour motiver, persuader et convaincre les hommes d'affaires, les travailleurs et les fonctionnaires des trois gouvernements de l'importance [...] d'unir leurs forces en Amérique du Nord et, en allant de l'avant, de rechercher l'union de l'ensemble du continent américain ».

La complaisance des politiciens des partis cartellisés et de certains dirigeants syndicaux pour le soutien autoproclamé du président de guerre Joe Biden aux travailleurs et aux bons emplois syndicaux est honteuse. Il s'agit d'une fraude qui se manifeste par la criminalisation par son gouvernement de la lutte des travailleurs du rail pour des conditions de travail sécuritaires et des luttes militantes des travailleurs américains pour leurs droits. Les travailleurs canadiens n'ont rien à gagner à suivre la voie tracée par Joe Biden vers une « économie verte » fondée sur l'exploitation des ressources et de la main-d'oeuvre canadiennes pour servir les buts impérialistes des États-Unis.

Ce que les États-Unis exigent du Canada n'est rien de moins qu'une intégration totale à l'économie des États-Unis, en tant que fournisseur de ce qui est nécessaire à leur machine de guerre et un participant volontaire à l'objectif américain d'hégémonie mondiale, ciblant la Russie et la Chine et tout pays qui refuse de se soumettre. La déclaration conjointe est une déclaration qui va à l'encontre des intérêts des peuples des deux pays et du monde.


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Volume 53 Numéro 3 - Mars 2023

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