Le budget augmente le financement de la police pour s'ingérer dans les affaires du corps politique du Canada et les affaires intérieures d'autres pays

– Anna Di Carlo –

Le budget 2023 du gouvernement libéral indique notamment que le gouvernement prend « des mesures décisives pour défendre le Canada et ses institutions publiques contre les menaces et les ingérences étrangères ». Il annonce des plans pour dépenser 65 millions de dollars supplémentaires pour soi-disant « protéger la population canadienne et les diasporas contre l'ingérence étrangère, les menaces et les activités secrètes ».

La GRC recevra 48,9 millions de dollars sur trois ans « pour protéger les Canadiens contre le harcèlement et l'intimidation, augmenter sa capacité d'enquête et s'engager de manière plus proactive avec les communautés qui sont plus à risque d'être ciblées ». Il s'agit là d'une mesure étrange puisque, à l'heure actuelle, les reportages des médias indiquent que ce sont les préjugés de la police qui sont à l'origine du harcèlement des « diasporas ».

Un bureau national de lutte contre l'ingérence étrangère doit également être créé avec un financement de 3,1 millions de dollars par année et un fonds de démarrage sur cinq ans de 13,5 millions de dollars.

Selon le message véhiculé par le budget : « Les atouts du Canada, à titre d'économie de pointe et de démocratie ouverte et diversifiée, en font une cible pour les États hostiles qui cherchent à acquérir de l'information et de la technologie, du renseignement et de l'influence pour défendre leurs propres intérêts. Il peut s'agir d'acteurs étrangers qui cherchent à voler de l'information auprès d'entreprises canadiennes au bénéfice de leurs industries nationales, de mandataires hostiles qui intimident les diasporas au Canada en raison de leurs croyances et de leurs valeurs, ou d'agents du renseignement qui cherchent à infiltrer les institutions publiques et de recherche du Canada.

« Les dictatures, comme la Russie, la Chine et l'Iran, pensent qu'elles peuvent agir en toute impunité et s'ingérer dans les affaires des démocraties – et les démocraties doivent prendre les mesures nécessaires pour se défendre. Personne au Canada ne devrait jamais être menacé par des acteurs étrangers, et les entreprises et institutions publiques canadiennes doivent être exemptes d'ingérence étrangère. »

Il faut garder à l'esprit que, jusqu'à présent, toutes les allégations ont été faites par la police directement par les médias. Cela montre que les institutions démocratiques qui sont tant vantées ne fonctionnent pas parce que les forces de police existent en dehors d'elles. À qui rendent-elles des comptes ? Qui les autorise ?

Décrire le processus électoral et politique du Canada comme une « démocratie diversifiée » introduit un nouveau qualificatif qui reflète la conception coloniale britannique raciste ancrée dans la conscience de l'élite dirigeante canadienne. Ce n'est pas un hasard si elle coïncide avec la personnalité que le nouveau roi du Canada tente de se donner en affirmant qu'il épousera les valeurs de toutes les religions et de tous les peuples qui composent ses îles britanniques ainsi que son prétendu empire.

Parler des membres du corps politique du Canada, qu'ils soient nés citoyens ou naturalisés, comme des membres des diasporas et en faire un descripteur de la « démocratie », c'est mélanger et confondre les questions liées à l'héritage national d'un individu avec les questions relatives aux droits de citoyenneté et à la participation aux affaires électorales et politiques. Tous les citoyens, quelle que soit leur origine nationale, sont égaux au sein d'un corps politique digne de s'appeler démocratie. Ce n'est pas le cas au Canada où la Constitution a établi une structure qui consacre l'inégalité, basée sur l'existence d'une classe de gouvernants et d'une classe de gouvernés, où les gouvernants se voient accorder des pouvoirs et des privilèges et le peuple est privé de tout pouvoir de décision.


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Volume 53 Numéro 3 - Mars 2023

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