Gendarmerie royale du Canada, hors des terres des Wet'suwet'en!
Opposons-nous à la violence de l'État au service d'intérêts privés contre les Wet'suwet'en
Le poste de contrôle de Gidim'ten nous informe que le 29 mars au matin, « une force importante du Groupe d'intervention pour la sécurité de la collectivité et de l'industrie (GISCI) de la Gendarmerie royale du Canada a fait un raid sur le site d'un village Gidimt'en et a arrêté cinq défenseurs de la terre et de l'eau, pour la plupart des femmes autochtones, dont la fille du chef gidimt'en Woos ». Le raid s'accompagnait d'un mandat de perquisition pour vol de moins de 5 000 dollars, sans lien évident avec le village de Gidimt'en.
« Cette action de grande envergure menée du GISCI de la GRC a mobilisé plus d'une dizaine de véhicules de police et d'agents de toute la Colombie-Britannique. Ces arrestations interviennent quelques semaines seulement après que la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC (CCETP) a annoncé qu'elle avait ‘lancé une enquête systémique du Groupe d'intervention pour la sécurité de la collectivité et l'industrie (GISCI) de la Division « E » de la GRC'. » La vidéo du raid peut être visionnée ici.
LML dénonce ce nouveau raid contre les Wet'suwet'en et
le rôle infâme de l'État canadien qui utilise la violence
policière pour intimider et criminaliser les Wet'suwet'en pour
avoir exercé leur droit de dire Non ! au gazoduc que Coastal
GasLink leur impose. Le Canada a le devoir de respecter la
juridiction des Wet'suwet'en sur leurs propres territoires
traditionnels qui n'ont jamais été cédés. La façon dont le
Canada traite les Wet'suwet'en et la situation révoltante à
laquelle sont confrontés les peuples autochtones montre que ses
prétentions à défendre les droits humains et à réprimander
d'autres pays pour justifier son ingérence dans leurs affaires
sont une véritable imposture.
Les Wet'suwet'en expliquent : « Dans les jours qui ont précédé cette action policière, le GISCI de la GRC a patrouillé sur les zones de piégeage et d'utilisation culturelle des Wet'suwet'en, harcelant et intimidant les membres des Wet'suwet'en et perturbant les activités culturelles des Wet'suwet'en qui sont protégées par la Constitution. Les agents d'une société de sécurité privée engagée par le gazoduc Coastal GasLink, Forsythe, ont également intensifié leur harcèlement et leur surveillance de Wet'suwet'en au cours des derniers jours.
« L'unité du GISCI de la GRC et l'agence Forsythe sont toutes deux citées comme défenderesses dans une action en justice intentée par des Wet'suwet'en, qui allègue que la police et la sécurité privée ont lancé une campagne coordonnée de harcèlement et d'intimidation dans le but de forcer les Wet'suwet'en à abandonner leurs territoires non cédés. »
Sleydo', porte-parole du poste de contrôle de Gidimt'en, a déclaré : « Ce harcèlement et cette intimidation sont exactement le type de violence qui vise à nous chasser de nos terres. La menace constante de violence et de criminalisation pour le simple fait d'exister sur nos propres terres a dû être ce que nos ancêtres ont ressenti lorsque les agents indiens et la GRC nous ont chassés de nos maisons jusque dans les années 1950 dans notre région. Le projet colonial se poursuit aux mains des mercenaires privés de l'industrie, le GISCI. »
Les Wet'suwet'en soulignent que le raid et les arrestations ont lieu quelques jours avant que les délégués autochtones, dont les chefs héréditaires wet'suwet'en, ne se rendent à l'assemblée générale annuelle de la Banque royale du Canada, le 5 avril, pour s'opposer à l'expansion des projets de combustibles fossiles sans consentement sur leurs territoires.
Le chef héréditaire des Wet'suwet'en, Na'Moks, a déclaré : «
C'est du harcèlement et c'est exactement ce que la Banque royale
du Canada finance. À l'approche de son assemblée des
actionnaires qui se tient la semaine prochaine, la RBC continue
de financer le colonialisme d'entreprise et de chasser les
peuples autochtones de leurs terres sous la menace des armes,
tout cela pour un gazoduc de gaz de fracturation que nous
n'avons pas les moyens d'acheter aujourd'hui ou dans l'avenir.
Dans le contexte du vol de nos terres ancestrales, il est
scandaleux de prétendre que des scies et des vêtements ont été
volés. »
Mise à jour sur l'arrestation de défenseurs
de la terre de novembre 2021
Les défenseurs de la terre arrêtés en novembre 2021 continuent de se défendre devant les tribunaux. Le 28 février, le poste de contrôle de Gidim'ten a informé qu'« une dizaine de défenseurs des terres des Wet'suwet'en et de sympathisants ont demandé à la Cour suprême de la Colombie-Britannique de suspendre les accusations d'outrage criminel à la lumière des violations généralisées de la Charte découlant de l'inconduite de la police » .
« Alléguant un ‘abus de procédure', les requêtes soulignent le ‘recours disproportionné et excessif à la force' de la GRC contre des défenseurs pacifiques des terres lors d'une série de raid de police militarisée en novembre 2021. Les requêtes allèguent que les personnes arrêtées ont été privées de leur droit à la sécurité de leur personne, soumises à de fouilles et de saisies déraisonnables, ont été détenues et emprisonnées arbitrairement et qu'on leur a refusé une caution raisonnable sans motif valable, tout cela en violation de la Charte canadienne des droits et libertés.
« Les tactiques d'application de la loi du GISCI de la GRC ont porté atteinte aux droits individuels du requérant en vertu de la Charte, mais la mauvaise conduite de la police témoigne également d'un mépris systémique des droits et de la souveraineté des autochtones et de la Charte en général », peut-on lire dans les documents déposés auprès du tribunal.
« Les requêtes sont fondées sur le droit et la souveraineté des Wet'suwet'en et placent les arrestations dans un contexte plus large de relations entre les Wet'suwet'en et le Canada. Chaque arrestation a eu lieu sur les terres non cédées de la nation wet'suwet'en. Les défendeurs ont agi sous l'autorité légale des chefs héréditaires wet'suwet'en pour faire respecter les décisions prises collectivement par la nation dans sa salle de gouvernance (bahlats) pour protéger les terres et les eaux non cédées des Wet'suwet'en.
« Les Wet'suwet'en revendiquent le droit de vivre sur leurs territoires et de les protéger depuis des milliers d'années, principalement avec leur système de gouvernance de la salle des festivités mis en oeuvre collectivement par les clans et les groupes de maisons. L'impact de la manière dont la loi a été appliquée ne se limite pas aux personnes arrêtées, mais s'étend aux efforts de réconciliation entre les Wet'suwet'en et les gouvernements fédéral et provinciaux », poursuit le texte.
« Dans un protocole d'accord en 2020, les gouvernements du Canada et de la Colombie-Britannique ont reconnu le système héréditaire des Wet'suwet'en comme ‘un gouvernement légitime détenant un titre' sur 22 000 km2 de terres non cédées. Malgré cela, la GRC a entrepris à plusieurs reprises des invasions violentes et à grande échelle des territoires traditionnels des Wet'suwet'en et a mis en place une campagne soutenue de surveillance, d'intimidation et de harcèlement, qui fait actuellement l'objet d'une action en justice distincte de la part de Wet'suwet'en. »
Cet article est paru dans
Volume 53
Numéro 3 - Mars 2023
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