Numéro 20
26 août 2022
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Avec beaucoup de tristesse, nous vous informons que notre camarade vétéran Gurmit Kaur (Nunner) est décédée paisiblement dans son sommeil dans la nuit du 21 août. Gurmit avait 94 ans. Communiste depuis son plus jeune âge, elle a vécu une longue vie révolutionnaire, prenant sa place d'abord aux premiers rangs des luttes de son peuple en Inde pour l'indépendance, la liberté et la démocratie, puis au Canada en défendant les droits des femmes et des minorités et les droits qui appartiennent à chacun du fait d'être humain. Ses dernières années ont malheureusement été marquées par la démence, mais nos souvenirs d'elle sont vifs et nous inspireront toujours à défendre la lutte pour les droits de toutes et tous, dans toutes les conditions et circonstances.
Partisane active de son jeune frère Hardial Bains, qui a fondé le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) en 1970, et fière membre du Parti elle-même depuis 1971, une contribution marquante de Gurmit a été de s'assurer du bon fonctionnement de l'organisation de son parti afin que les tâches qui lui étaient confiées puissent être accomplies avec honneur. Pour sa fidélité au principe de construction des organisations de base du Parti, Gurmit a eu l'honneur d'ouvrir le VIIe Congrès du PCC(M-L) en mars 1998.
Les archives du Parti relatent cet événement important comme suit :
« Le 28 mars 1998, le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) a ouvert son VIIe Congrès, sa plus haute instance décisionnelle, à l'auditorium du pavillon Marion à l'Université d'Ottawa. La première session des délégués s'est réunie à 10 heures et le Congrès a été déclaré ouvert par Gurmit Nunner qui a dit : "Camarades, il me fait grand plaisir d'accepter l'honneur que me fait le Parti en m'assignant cette tâche très importante. En tant que membre d'une famille communiste, en tant que militante depuis les années quarante dans l'organisation des femmes communistes en Inde, en tant que militante du PCC(M-L) depuis 1971, en tant que femme de minorité nationale au Canada, c'est avec beaucoup de fierté que je milite dans les rangs du Parti. Camarades, je déclare ouvert cet historique VIIe Congrès du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste)." »
Gurmit était la deuxième fille de Gurbaksh Singh, sarpanch de Mahilpur, district de Hoshiarpur, qui a joué un rôle important dans la lutte anticoloniale contre les Britanniques, emprisonné à plusieurs reprises et contraint de vivre dans la clandestinité. Gurmit a grandi en soutenant la lutte progressiste pour libérer l'Inde de la domination et du pouvoir britanniques. Elle et sa soeur aînée Ranjit ont été les premières femmes de Mahilpur à fréquenter le collège Khalsa, puis à travailler pour subvenir à leurs besoins et aider leurs frères et soeurs. Cela reflétait l'attitude progressiste de sa famille, qui souhaitait éduquer les femmes au-delà de leur rôle traditionnel d'épouse et de mère, et l'a toujours aidée à voler de ses propres ailes. Farouchement indépendante, elle a toujours travaillé pour gagner sa vie afin de subvenir aux besoins de sa famille et d'elle-même. Elle encourageait toutes les femmes à voler de leurs propres ailes et à ne courber l'échine devant personne.
Gurmit s'est jointe à l'organisation communiste des femmes en Inde
dans les années 1940 et est devenue active au Canada dans la lutte
contre les attaques racistes organisées par l'État et pour les droits de
toutes et tous, ainsi que contre l'injustice et pour la liberté en Inde
et en Asie du Sud.
Elle a été membre fondateur du Comité de défense indien et du Front du
peuple contre la violence raciste et fasciste, ainsi que de l'Union des
femmes démocratiques du Canada. Durant cette période, elle est
retournée en Inde, a pris part à la vie de l'Inde à ce moment-là et a
tenu une librairie à Jalandhar spécialisée dans la littérature
communiste et progressiste.
À son retour au Canada, Gurmit a été une fière membre de l'Association des groupes d'études progressistes indiens (AIPSG) et a été secrétaire de la section de Toronto de l'Indian Progessive Study Group (IPSG). C'était à un moment crucial, lorsque le gouvernement de Gandhi a envahi le Temple d'Or d'Amritsar et de nombreux autres gurdwaras, déclenché des massacres au Pendjab et adopté des lois dites « noires », plongeant son pays dans l'anarchie et la violence.
Puis Gurmit a été secrétaire du South Asian Research Institute (SARI) lors de sa fondation en 1992. Au cours de cette période, elle a participé aux travaux du Parti et de Hardial Bains sur la philosophie indienne qui abordait la nécessité pour les peuples du sous-continent indien de fonder leur lutte sur leur propre matière intellectuelle, et non sur celle du Raj britannique qui imposait des institutions, des valeurs et une vision qui empêchaient le peuple de se libérer.
En tant que secrétaire de la section de Toronto de l'AIPSG, elle a prononcé le discours de bienvenue à la conférence « Regard sur la philosophie indienne » convoquée par l'AIPSG à Toronto les 9 et 10 novembre 1991. Lors de cette conférence, Hardial Bains a prononcé un important discours-programme intitulé « Déesse de la lumière ». Dans son allocution de bienvenue, Gurmit a expliqué avec éloquence l'importance de cet ouvrage et illustré le rôle qu'elle a joué pour le faire connaître aux autres. Se référant à une conférence précédente sur la philosophie indienne, elle a dit :
« ...Lorsque j'ai décidé d'assister à la conférence qui s'est tenue à Montréal les 21 et 22 juillet, je pensais qu'il ne s'agirait que d'une discussion sur certaines notions abstraites issues d'idées anciennes. Mais j'ai été surprise, comme d'autres, de voir que nous traitions des problèmes réels de la philosophie indienne à ce moment-là. Quels devraient être les problèmes de la philosophie indienne à l'heure actuelle ? Ou, pour dire les choses plus correctement, qu'est-ce que la philosophie indienne ? C'était une énigme pour moi de savoir comment on pouvait dire qu'il n'y a pas de philosophie indienne, et la conférence a créé un sentiment de certitude qu'il y a une philosophie indienne. Tout de suite après la conférence, nous avons espéré qu'une telle conférence se tienne à Toronto également. Les choses se sont enchaînées. Nous y voilà. Nous avons pensé que ce serait un grand honneur pour nous d'accueillir une telle conférence. Je veux juste vous dire que nous sommes très heureux et honorés d'accueillir cette conférence et nous sommes certains qu'elle fera un autre grand pas en avant dans l'affirmation de la philosophie indienne. »
Et c'est ce qui s'est passé.
Par la suite, Gurmit a également rejoint le travail du Comité international pour la libération des prisonniers politiques et a activement milité pour la libération, entre autres, de son frère, le juge Ajit Singh, lorsqu'il a été emprisonné sur la base d'accusations fabriquées en vertu des lois noires imposées par le gouvernement indien pour réduire les Pendjabis au silence et commettre des crimes contre eux. En février 1993, Gurmit a écrit une lettre au rédacteur en chef du journal Yeh Din/These Days qui se lit comme suit :
« J'ajoute ma voix à ceux qui soutiennent l'appel lancé à New Delhi le 22 février 1993 "aux personnes de conscience au Parlement".
« Je dénonce fermement le Congrès (I) et le BJP qui criminalisent la politique de l'Inde. Ils pensent qu'ils peuvent détourner l'attention du peuple mais je pense que les choses vont changer. Je soutiens pleinement le renouveau démocratique de l'Inde afin que ce bain de sang cesse et que les coupables soient jugés et punis, y compris les coupables de 1984, quelle que soit leur affiliation ou leur autorité politique.
« L'appel soulève à juste titre les différentes questions qui sont en jeu, notamment celle des droits et des devoirs des citoyens. Il me semble que l'État a tous les droits et aucun devoir et que le peuple a tous les devoirs et aucun droit. Les droits du peuple doivent être consacrés par l'État. L'État indien utilise les mêmes tactiques que le gouvernement britannique avant 1947. Rien n'a changé. Des divisions sont créées au sein du peuple. Mais maintenant, les gens ont toutes sortes d'expériences et ils sont unis. En ce qui concerne le Pendjab, il n'y a pas un seul cas où un hindou a tué un sikh ou vice versa. Il semble que la situation soit la même partout ailleurs. Les gens veulent du roti et du kapda (nourriture, logement et vêtements). Ils veulent jouir d'une vie paisible. Mais le gouvernement, au lieu de s'occuper des vrais problèmes, distribue des cartouches sous prétexte de résoudre les problèmes de loi et d'ordre. Les partis politiques, en particulier le Congrès (I) et le BJP, détournent l'attention de ces problèmes.
« Je félicite ceux qui ont fait entendre leur voix pour résoudre les problèmes du peuple. Je me joins à eux et je vais populariser l'appel auprès des autres.
« Je remercie Yeh Din d'avoir publié ce journal qui répond aux besoins du peuple. Je lui souhaite beaucoup de succès. »
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Au cours de ces années cruciales où le repli de la révolution s'est installé avec son offensive antisociale et la restructuration de l'État pour servir des intérêts privés étroits et où la classe dirigeante a commencé à mettre tout le monde en position de se débrouiller tout seul, Gurmit a également été très active dans le lancement du travail pour le renouveau du processus politique. Elle a milité contre l'adoption de changements rétrogrades à la Constitution au moment du référendum sur l'Accord de Charlottetown et elle a été un membre fondateur du Parti canadien pour le renouveau établi pour faire avancer le travail pour investir le peuple du pouvoir de décider.
Gurmit a été active dans la lutte pour la justice en faveur des femmes et des minorités victimes de discrimination. Le 25 septembre 1993, l'AIPSG, en collaboration avec le Front du peuple et son affilié, le Comité de défense indien, a tenu une conférence contre le racisme et la ghettoïsation à l'Université d'Ottawa, au cours de laquelle Gurmit a pris la parole. Elle a également contribué au succès du Forum public sur les droits des minorités qui s'est tenu à Toronto en mars-avril 1995 sous le thème « Un pas audacieux à la défense des droits de toutes et tous». Cette conférence a rassemblé des centaines de participants du Canada et de l'étranger pour donner aux droits des définitions modernes qui répondent aux exigences de l'époque. En sa qualité de secrétaire de l'Institut de recherche de l'Asie du Sud, Gurmit a abordé l'objectif de la conférence, qui affirmait également les droits des femmes, en déclarant :
« La question de l'affirmation des femmes est la plus cruciale en cette période où les femmes doivent se pencher sur l'époque et voir ce qui s'est passé avec le mouvement des femmes et ce qu'il a réalisé. Ont-elles cherché à obtenir l'égalité avec les hommes, dans lequel cas elles ne pourront jamais s'affirmer, ou cherchent-elles à transformer la société qui est la source de leurs problèmes en affirmant leurs droits en vertu de leur qualité d'être humain et de femme.
« J'appelle toutes les femmes à participer aux événements organisés en ce moment, quelle que soit leur idéologie, en particulier au Forum public sur les droits des minorités et aux sessions du Séminaire international où l'on discute du communisme et des droits humains. Participez au Forum sur l'affirmation des femmes afin de célébrer ce que les femmes qui nous sont associées ont réalisé au cours des deux dernières années et de définir notre programme pour l'avenir. »
En août 2000, Gurmit s'est de nouveau jointe au travail d'élaboration de la nécessité pour les Indiens de s'armer de leur propre matière intellectuelle lorsqu'elle a aidé à organiser la première Conférence pendjabi mondiale à Prince George, en Colombie-Britannique. En tant que secrétaire du South Asia Research Institute (SARI), elle a abordé le sujet « Le droit à notre langue : Quelques aspects de la façon dont le problème se pose ». Elle a introduit le sujet comme suit :
« Je suis honorée d'être parmi vous aujourd'hui et de vous dire quelques mots sur la question très complexe de la lutte pour notre langue. Le matériel que je vais présenter aujourd'hui est tiré d'une recherche menée par le SARI, dont je vais d'abord dire quelques mots.
« Le SARI a été fondé en 1992 par un groupe de professionnels et d'intellectuels d'Asie du Sud et d'ailleurs qui connaissent bien l'Asie du Sud. L'objectif de SARI est d'apporter une contribution sérieuse au renforcement de l'unité politique des pays et des peuples d'Asie du Sud à la lumière de la nature extrêmement difficile et dangereuse de notre époque. À cette fin, le SARI se consacre au développement d'une philosophie qui vise à améliorer le bien-être politique, social, culturel et économique des pays et des peuples de la région de l'Asie du Sud. Elle s'engage dans la recherche de tous les aspects des questions qui concernent nos peuples – philosophiques, politiques, économiques et sociales – et partage ensuite cette recherche avec ses membres et toute autre personne intéressée à en bénéficier. Nous vous invitons tous à contribuer à notre base de données de recherche et à utiliser nos services de recherche et de bibliothèque. »
Ce ne sont là que quelques exemples de la manière dont Gurmit a toujours été aux côtés du Parti, qui a fourni un leadership aux femmes et aux minorités nationales dans le cadre de la lutte pour les droits de toutes et tous. Elle a participé de tout coeur au travail visant à présenter des définitions modernes conformes aux exigences de l'époque, toujours fidèle à la cause de la classe ouvrière et du peuple canadiens et de leur Parti, le PCC(M-L), ainsi qu'aux peuples de sa patrie et du monde entier.
Lorsque Gurmit a préparé une réunion en juillet 1992 avec des
journalistes et des amis indiens, Hardial Bains a déclaré : « Une fois
de plus, je voudrais exprimer ma plus profonde gratitude à ma soeur
Gurmit et à l'IPSG Toronto qui a organisé cette réunion. Je garde
toujours des sentiments
profonds et très forts pour eux et pour vous tous. Ces sentiments ne
disparaîtront jamais car, si ces sentiments disparaissent, le coeur
disparaîtra. Ce n'est pas possible, car mon coeur et ces sentiments ne
font qu'un. Dans notre culture, on dit que l'on ne remercie pas ses
propres frères et
soeurs, alors je ne vais pas les remercier. Nous ne faisons qu'un. »
Gurmit avec son frère Hardial lors du VIe Congrès du PCC(M-L) en 1993
Gurmit a été précédée dans la mort par ses frères Hardial et Ajit et sa soeur Ranjit. Nous adressons nos plus sincères condoléances à ses camarades du Parti avec lesquels elle partageait bonheurs et malheurs, à ses enfants, ses frères Harmohinder et Yashdip et sa soeur Gurdev, ainsi qu'à ses nombreux neveux et nièces avec lesquels elle partageait sa vie avec enthousiasme de bien des manières, et dont ils se souviendront toujours avec affection.
Avec une profonde tristesse,
Comité central
Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste)
Le 26 août 2022
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