Discussion concernant l'Organisation de coopération de Shanghai et la multipolarité

Voici des extraits d'un article de Pepe Escobar concernant les discussions sur l'Organisation de coopération de Shanghai qui ont eu lieu lors du Forum économique oriental (FÉO) de cette année. L'Organisation de coopération de Shanghai est un organisme eurasien qui traite des questions relatives aux préoccupations politiques, économiques et sécuritaires mutuelles de ses pays membres.

Escobar écrit :

« Ayant lieu seulement deux semaines avant un autre rassemblement annuel essentiel – le sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Samarkand – il n'est pas étonnant que certaines des principales discussions du FÉO tournent autour de l'interpolation économique croissante entre l'OCS et l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN).

[...]

« On peut dire que la discussion principale de ce mardi [6 septembre] au forum était centrée sur le rôle de l'OCS.

« Outre les membres à part entière actuels – la Russie, la Chine, l'Inde, le Pakistan, quatre pays d'Asie centrale (le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kirghizstan) et la récente adhésion de l'Iran - pas moins de 11 autres pays souhaitent adhérer à l'Organisation, de l'Afghanistan, pays observateur, à la Turquie, partenaire au dialogue.

« Grigory Logvinov, le secrétaire général adjoint de l'OCS, a souligné que le potentiel économique, politique et scientifique des acteurs constituant le 'centre de gravité ' de l'Asie – plus d'un quart du PIB mondial, 50 % de la population mondiale – n'a pas encore été pleinement exploité.

« Kirill Barsky, de l'Institut d'État des relations internationales de Moscou, a expliqué comment l'OCS est en fait le modèle de multipolarité, selon sa charte, par rapport à la toile de fond des ' processus destructeurs ' lancés par l'Occident.

« Et cela conduit à l'ordre du jour économique vers le progrès de l'intégration eurasienne, avec l'Union économique eurasiatique (UEEA) dirigée par la Russie qui agit comme le partenaire le plus important de l'OCS.

« Kirill Barsky identifie l'OCS comme 'la structure eurasienne centrale qui forme l'ordre du jour de la Grande Eurasie au sein d'un réseau d'organisations en partenariat '. C'est là qu'intervient l'importance de la coopération avec l'ASEAN.

« Kirill Barsky ne pouvait pas ne pas évoquer Mackinder, Spykman et Brzezinski, qui considéraient l'Eurasie 'comme un objet sur lequel les États occidentaux devaient agir selon leurs souhaits, confiné à l'intérieur du continent, loin des rives des océans, afin que le monde occidental puisse dominer dans une confrontation globale sur terre et sur mer. L'OCS telle qu'elle s'est développée peut triompher de ces concepts négatifs. '

« Et là, on touche à une notion largement partagée de Téhéran à Vladivostok :

« L'Eurasie non plus comme 'un objet de colonisation par 'l'Europe civilisée' mais à nouveau comme un agent de la politique mondiale.'

« Sun Zuangnzhi, de l'Académie chinoise des sciences sociales (CASS), a expliqué l'intérêt de la Chine pour l'OCS. Il s'est concentré sur les réalisations : au cours des 21 années qui se sont écoulées depuis sa fondation, un mécanisme visant à établir la sécurité entre la Chine, la Russie et les États d'Asie centrale a évolué vers des 'mécanismes de coopération à plusieurs niveaux et multisectoriels'.

« Au lieu de 'se transformer en un instrument politique', l'OCS devrait capitaliser sur son rôle de forum de dialogue pour les États ayant une histoire difficile de conflits – 'les interactions sont parfois difficiles' – et se concentrer sur la coopération économique 'sur la santé, l'énergie, la sécurité alimentaire, la réduction de la pauvreté. '

« Rashid Alimov, un ancien secrétaire général de l'OCS [...] a souligné les 'grandes attentes' des nations d'Asie centrale, le noyau de l'organisation. L'idée de départ demeure – fondée sur l'indivisibilité de la sécurité à un niveau transrégional en Eurasie.

[...]

« L'Asie centrale n'ayant pas de débouché sur la mer, il est inévitable, comme l'a souligné Alimov, que la politique étrangère de l'Ouzbékistan privilégie la participation à l'accélération du commerce intra-OCS. Si la Russie et la Chine sont les principaux investisseurs, 'l'Iran joue désormais un rôle important. Plus de 1 200 entreprises iraniennes travaillent en Asie centrale '

[...]

« Sergey Storchak, de la banque russe VEB, a expliqué le fonctionnement du 'consortium interbancaire de l'OCS'. Les partenaires ont utilisé 'une ligne de crédit de la Banque de Chine' et veulent signer un accord avec l'Ouzbékistan. Le consortium interbancaire de l'OCS sera dirigé à tour de rôle par les Indiens – et ils veulent améliorer leur intervention. Lors du prochain sommet de Samarcande, Storchak s'attend à une feuille de route pour la transition vers l'utilisation des monnaies nationales dans le commerce régional.

« Kumar Rajan, de l'École d'études internationales de l'Université Jawaharlal Nehru, a présenté la position indienne. Il est allé droit au but : 'L'Inde veut un XXIe siècle asiatique. Une coopération étroite entre l'Inde et la Chine est nécessaire. Elles peuvent faire en sorte que le siècle asiatique se réalise.'

« Kumar Rajan a fait remarquer que l'Inde ne considère pas l'OCS comme une alliance, mais la considère engagée dans le développement et la stabilité politique de l'Eurasie.

« Il a souligné le point crucial de la connectivité, à savoir que l'Inde 'travaille avec la Russie et l'Asie centrale avec l'INSTC' – le corridor international de transport Nord-Sud – et l'une de ses principales plaques tournantes, le port de Chabahar en Iran : 'L'Inde n'a pas de connectivité physique directe avec l'Asie centrale. L'INSTC bénéficie de la participation d'une compagnie maritime iranienne de 300 navires, qui assure la liaison avec Mumbai. Le président Vladimir Poutine, lors de la [récente] réunion de la Caspienne, a fait directement référence à l'INSTC'.

« De manière cruciale, l'Inde soutient non seulement le concept russe de partenariat de la Grande Eurasie, mais s'est engagée dans la mise en place d'un accord de libre-échange avec l'UEEA [...].

« Dans toutes les interventions nuancées ci-dessus, certains thèmes sont constants. Après le désastre de l'Afghanistan et la fin de l'occupation américaine dans ce pays, on ne saurait trop insister sur le rôle stabilisateur de l'OCS. Une feuille de route ambitieuse pour la coopération est indispensable – elle sera probablement approuvée lors du sommet de Samarkand. Tous les acteurs passeront progressivement au commerce en monnaies bilatérales. Et la création de corridors de transit conduit à l'intégration progressive des systèmes de transit nationaux. »

(Traduction des citations par LML)


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Volume 52 Numéro 5 - Novembre 2022

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