Les remarques principales du gouvernement russe sur les événements actuels

Le président russe Vladimir Poutine s'est adressé à la session plénière du Forum économique oriental le 7 septembre. Il a profité de l'occasion pour présenter le point de vue du gouvernement russe sur plusieurs questions importantes, notamment le forum de cette année et son thème, à la fois dans son discours et dans la période de questions et réponses qui a suivi.

Le président Vladimir Poutine a noté l'importance croissante de la région extrême-orientale de la fédération de Russie sur le plan international : « La Russie a vu le monde se diviser entre nations amies et nations hostiles. Il se trouve qu'il y a beaucoup plus de pays amis à l'Est, et l'Extrême-Orient a désormais un rôle plus important à jouer. Nous devrions probablement revoir son importance. L'Extrême-Orient est désormais une porte d'accès à la Russie pour tous les pays de l'Est. Aujourd'hui, nous allons examiner si la région est prête à faire face aux changements rapides qui sont en cours - conformément au titre de notre forum - sur la voie d'un monde multipolaire. » Il a longuement parlé des programmes et des mesures pratiques que le gouvernement russe met en oeuvre pour attirer des travailleurs de tous les secteurs dans sa région extrême-orientale et accélérer son développement social, économique et culturel.

Le président a estimé que si, l'année dernière, le monde était préoccupé par la pandémie de coronavirus et son rétablissement, cette situation « a fait place à de nouveaux défis, des défis d'ordre mondial qui menacent le monde dans son ensemble. Je fais référence à la frénésie occidentale de sanctions et aux tentatives ouvertes et agressives d'imposer le mode de comportement occidental à d'autres pays, d'éteindre leur souveraineté et de les plier à sa volonté. En fait, il n'y a rien d'inhabituel à cela : cette politique est menée par 'le collectif de l'Occident' depuis des décennies ».

Il a décrié l'arbitraire et la nature intéressée de « l'ordre international fondé sur des règles » promu par les États-Unis et d'autres pays, affirmant qu'ils cherchent « à préserver l'ordre mondial d'hier qui leur profite et à forcer tout le monde à vivre selon ces fameuses 'règles', qu'ils ont eux-mêmes concoctées. Ce sont également eux qui violent régulièrement ces règles, les modifiant selon leur ordre du jour en fonction de l'évolution de la situation à un moment donné. En même temps, d'autres pays ne se sont pas montrés coopératifs lorsqu'il s'agit de se soumettre à ce diktat et à cette règle arbitraire, ce qui a obligé les élites occidentales, pour dire les choses crûment, à perdre pied et à prendre des décisions irrationnelles et à courte vue en matière de sécurité, de politique et d'économie mondiales. Toutes ces décisions vont à l'encontre des intérêts des pays et de leurs populations, y compris, d'ailleurs, des populations de ces pays occidentaux. »

« La vision [de la Russie] d'un ordre multipolaire est celle d'un monde qui doit être plus juste, un monde qui ne devrait pas être basé sur le diktat d'un seul pays, qui s'imagine être le représentant de Dieu sur Terre, ou peut-être même plus haut, et construit toute sa politique sur sa prétendue exclusivité », a-t-il expliqué.

En ce qui concerne l'opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine, le président Vladimir Poutine l'a décrite comme une réponse du tac au tac au coup d'État soutenu par les États-Unis en Ukraine en 2014 et à d'autres activités hostiles dirigées contre la Russie depuis l'Ukraine depuis lors. « Je tiens à souligner une fois de plus que nous n'avons rien commencé en termes d'opérations militaires. Nous essayons seulement de mettre fin aux hostilités », a-t-il déclaré. Il a donné l'évaluation que le principal gain de la Russie de l'opération est « une souveraineté plus forte ».

« La Russie est un pays souverain et nous protégerons toujours nos intérêts nationaux tout en poursuivant une politique indépendante », a dit Vladimir Poutine. La Russie apprécie les mêmes qualités chez ses partenaires qui se sont montrés fiables et responsables au fil des années de coopération en matière de commerce, d'investissement et dans d'autres domaines, a-t-il ajouté, faisant notamment référence aux pays de la région Asie-Pacifique.

Il a dit que « l'écrasante majorité des pays de la région Asie-Pacifique juge inacceptable la logique destructrice des sanctions et que les relations commerciales [au sein de la région] sont fondées sur l'avantage réciproque », ce qui constitue « l'énorme avantage concurrentiel de la région et la clé de son développement dynamique à long terme ».

Concernant les sanctions visant la Russie dans le cadre du conflit en Ukraine, le président Poutine a dit : « La Russie fait face à l'agression économique, financière et technologique de l'Occident. »

De manière générale, « la situation la plus difficile [dans l'économie du pays] a été dépassée. La situation se normalise », bien que certains problèmes subsistent « dans plusieurs industries et régions, dans des entreprises individuelles du pays, en particulier celles qui étaient liées aux approvisionnements provenant de l'Europe ou qui lui fournissaient leurs produits ».

En ce qui concerne les restrictions de visa à l'encontre des citoyens russes, dans le cadre des sanctions contre la Russie suite à son opération militaire spéciale en Ukraine, le président Poutine a affirmé que la Russie ne devrait pas répondre de la même manière. Ainsi, la Russie ne coupera pas les contacts avec les pays occidentaux, y compris dans les domaines de la culture, de l'éducation et du sport. « Ceux qui le font [ainsi] ne nous isolent pas, ils s'isolent eux-mêmes », a déclaré Vladimir Poutine.

Sur la question du plafonnement européen des prix des importations de gaz russe, le président Poutine a également dénoncé une autre décision à courte vue. La Russie n'a aucun problème avec l'exportation de ses ressources énergétiques, car le gaz livré depuis la Russie par des gazoducs « est plusieurs fois plus compétitif que le gaz naturel liquéfié transporté par voie maritime », a-t-il dit.

En ce qui concerne le soutien de l'UE et de certains autres pays européens aux sanctions contre la Russie, le président Poutine a souligné que « l'Europe est sur le point de jeter dans la fournaise des sanctions les résultats qu'elle a obtenus dans le développement de sa capacité manufacturière, de la qualité de vie de sa population et de la stabilité socioéconomique, en épuisant son potentiel, comme le veut Washington, au nom de la fameuse unité euro-atlantique. En fait, cela revient à faire des sacrifices au nom de la préservation de la domination des États-Unis dans les affaires mondiales. »

Concernant l'accord conclu avec la Turquie en juillet pour faciliter les exportations de céréales de Russie et d'Ukraine, le président Poutine a expliqué :

« Officiellement, les sanctions sur nos engrais et nos denrées alimentaires ont été levées, mais en réalité certaines restrictions subsistent. Il s'agit d'une situation compliquée et insidieuse. Il semble qu'il n'y ait pas de sanctions directes affectant nos produits, et pourtant il existe des restrictions concernant la logistique, l'affrètement de navires, les transferts d'argent et les assurances. Nombre de ces restrictions persistent, même s'il faut reconnaître les efforts du secrétaire général des Nations unies et des Nations unies en général : en ce qui concerne l'affrètement de navires, de nombreuses restrictions sont levées malgré les sanctions imposées aux ports d'où nous expédions des marchandises. Néanmoins, ce secteur est libéré des restrictions et les navires peuvent déjà faire escale dans nos ports. La situation s'améliore donc.

« Il existe encore certaines restrictions qui nous empêchent de faire en sorte que les intérêts de tous les consommateurs sur les marchés alimentaires mondiaux soient servis. Par conséquent, les prix sur les marchés mondiaux augmentent. Mais nous espérons que les restrictions restantes seront levées. »

Il a poursuivi en disant que les restrictions touchant ces exportations de céréales signifient que les pays africains que la Russie avait promis d'approvisionner en céréales ont également été trompés par ces arrangements.

(Traduction des citations par LML. Avec des informations de TASS et du Bureau du président de la Russie.)


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Volume 52 Numéro 5 - Novembre 2022

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