Le premier ministre réprimandé lors de ses rencontres informelles avec le président de la Chine
Le président de la Chine, Xi Jinping,
reproche au premier ministre Justin Trudeau d'avoir
enfreint les normes diplomatiques en divulguant à la presse le
contenu de leur rencontre informelle du 15 novembre 2022.
L'élite dirigeante du Canada se plaît à appeler le Canada une « puissance moyenne » qui « joue dans la cour des grands ». Le gouvernement Trudeau nourrit plutôt des illusions de grandeur.
La diplomatie du premier ministre Justin Trudeau a essuyé un revers qui a attiré l'attention du monde entier lorsqu'il a été réprimandé par le président de la Chine Xi Jinping au G20 pour avoir divulgué aux médias le contenu d'une conversation privée entre les deux hommes. Xi Jinping a dit à Justin Trudeau dans un échange filmé que de telles violations des normes diplomatiques sont inacceptables et minent la confiance qui est la base d'une bonne communication. Xi Jinping a clairement dit à Justin Trudeau que son comportement peut avoir des conséquences imprévues.
Justin Trudeau avait entamé une rencontre informelle avec le président Xi Jinping en marge du sommet du G20 à Bali, en Indonésie, le 15 novembre. Une source gouvernementale canadienne a ensuite déclaré à l'Agence France Presse (AFP) que les sujets abordés par Justin Trudeau comprenaient le changement climatique, les tirs de missiles de la République populaire démocratique de Corée, les droits de la personne, les allégations du Canada selon lesquelles la Chine s'ingère dans ses élections et le conflit en Ukraine. Aucun communiqué de presse officiel sur la rencontre n'a été publié par les deux parties.
Le lendemain, alors que le G20 touchait à sa fin, le président Xi Jinping a pris à part le premier ministre Trudeau et lui a fait part de son mécontentement quant à la façon dont la rencontre avait été traitée par la partie canadienne. L'échange a été filmé par un cameraman du groupe de presse.
« Tout ce dont nous avons parlé a fuité dans les médias, et cela n'est pas approprié. [...] Et ce n'est pas comme ça que la conversation s'est déroulée », a dit Xi Jinping à Justin Trudeau par l'intermédiaire d'un interprète.
« Si vous êtes sincère, nous devrions avoir des conversations de manière respectueuse. Sinon, on ne peut pas prévoir les résultats », a ajouté Xi Jinping.
Justin Trudeau a alors déclaré que le Canada croit au « dialogue libre et ouvert et franc » et qu'il continuerait à chercher à travailler de manière constructive avec la Chine, mais qu'« il y aura des choses sur lesquelles nous ne serons pas d'accord, et nous devrons...[...] »
« Établissons d'abord les conditions », a répondu Xi Jinping, avant de serrer la main de Justin Trudeau et de prendre congé.
Le président Xi a tenu neuf réunions bilatérales officielles pendant le G20, dont aucune n'incluait le Canada.
Lors de la conférence de presse du 16 novembre, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la Chine, Mao Ning, a répondu à une question de l'AFP concernant la rencontre entre Xi Jinping et Justin Trudeau le 15 novembre. L'échange s'est déroulé comme suit :
AFP : Pouvez-vous confirmer si le président Xi Jinping a rencontré le premier ministre canadien Justin Trudeau hier ? Pouvez-vous nous donner des détails sur cette rencontre ?
Mao Ning : Je n'ai aucune nouvelle à annoncer pour le moment.
Plus tard, lors d'un point de presse, Justin Trudeau a parlé de son échange du 16 novembre avec Xi Jinping dans lequel il a insinué que la Chine est secrète et dictatoriale : « Le Canada fait confiance à ses citoyens pour ce qui est des conversations qu'il tient en leur nom en tant que gouvernement ». Il a ajouté que les conversations avec les dirigeants ne seraient pas toujours faciles, mais il a souligné que les « systèmes » dans les deux pays étaient différents et qu'en Chine « il n'y a pas toujours la même ouverture qu'un chef démocratique peut et doit avoir avec ses citoyens ».
Le journal indien Business Standard a indiqué que « la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, a également confirmé avoir discuté des mêmes sujets avec son homologue chinois, Wang Yi » au G20. Ni Affaires mondiales Canada ni le compte twitter de la ministre Joly n'ont daigné informer les Canadiens de ce qui s'est passé lors de cette réunion. Quelle qu'en soit la raison, ce manque de transparence semble être normal pour Mélanie Joly et son ministère. Une rencontre en juillet entre Mélanie Joly et WangYi, à la demande de Mélanie Joly, n'a pas non plus semblé mériter que les Canadiens en soient informés, alors que le ministère chinois des Affaires étrangères a publié les remarques faites par les deux parties peu après la rencontre.
Pour sa part, la prétention du premier ministre à l'autorité morale n'a fait que confirmer ses illusions de grandeur quant au rôle international du Canada. Le contraste était frappant avec la réponse mesurée du président Xi Jinping, dont l'autorité morale vient en grande partie du fait qu'il dirige un parti et un pays dont l'affirmation des droits humains a permis de sortir plus de 800 millions de personnes de la pauvreté.
Cet article est paru dans
Volume 52 Numéro 5 - Novembre 2022
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